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Nouveau putsch au Burkina Faso

Damiba appelle à «la raison»

Plusieurs centaines de personnes avaient manifesté à Ouagadougou pour réclamer le départ du lieutenant-colonel Damiba, mais aussi la fin de la présence militaire française au Sahel, et une coopération militaire avec la Russie.

Le président de la transition au Burkina Faso, Paul-Henri Sandaogo Damiba, démis de ses fonctions par un groupe de militaires lors d'une annonce télévisée, vendredi soir, n'a pas abdiqué, appelant les putschistes à «revenir à la raison» samedi, après une nouvelle journée de tensions à Ouagadougou. Dans un texte publié sur Facebook, le lieutenant-colonel a appelé les putschistes «à revenir à la raison pour éviter une guerre fratricide dont le Burkina Faso n'a pas besoin dans ce contexte». «Je démens formellement m'être réfugié dans la base française de Kamboinsin. Ce n'est qu'une intoxication pour manipuler l'opinion», a-t-il ajouté, sans toutefois préciser où il se trouve. Plus tôt dans la journée, les putschistes s'étaient exprimés à la télévision nationale, affirmant que Damiba «planifiait une contre-offensive» depuis une «base française» près de Ouagadougou. Paris avait rapidement démenti. La tension restait vive, hier, au Burkina Faso où des manifestants hostiles ont été dispersés au gaz lacrymogène depuis l'intérieur de l'ambassade de France à Ouagadougou. Quelques dizaines de manifestants soutenant le putschiste Ibrahim Traoré, se sont rassemblés devant l'ambassade, mettant le feu à des barrières de protection et jetant des pierres à l'intérieur du bâtiment, sur le toit duquel étaient positionnés des soldats français, quand les gaz ont été tirés.
À Paris, le ministère français des Affaires étrangères avait condamné «les violences contre notre ambassade avec la plus grande fermeté», ajoutant que «la sécurité de (ses) compatriotes» était sa «priorité». Ces attaques «sont le fait de manifestants hostiles, manipulés par une campagne de désinformation à notre encontre», a déclaré la porte-parole Anne-Claire Legendre, en «appelant les parties prenantes à assurer la sécurité» des bâtiments diplomatiques. Des informations faisant état sur les réseaux sociaux d'une protection accordée par la France au lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, chef de la junte destitué vendredi, ont participé à exciter la colère des manifestants pro-Traoré. Ces informations ont été formellement démenties tant par Paris que par le lieutenant-colonel Damiba lui-même. Quelques heures avant l'annonce de la destitution de Damiba vendredi soir, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté à Ouagadougou pour réclamer son départ, mais aussi la fin de la présence militaire française au Sahel, et une coopération militaire avec la Russie. L'influence de Moscou ne cesse de croître dans plusieurs pays d'Afrique francophone ces dernières années, particulièrement au Mali et en Centrafrique.
Les frontières restent pour l'instant fermées. Le communiqué a annoncé également la convocation, hier, «des secrétaires généraux des départements ministériels chargés de l'expédition des affaires courantes». Tout en remerciant la population «pour son comportement citoyen, dans son élan de soutien au changement qualitatif engagé», le captaine Traoré «appelle à se départir des actes de pillage et de vandalisme». Le colonel Damiba était arrivé au pouvoir en janvier par un coup d'Etat ayant renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d'inefficacité dans la lutte contre les violences terroristes. Mais ces derniers mois, des attaques frappant des dizaines de civils et de soldats se sont multipliées dans le Nord et l'Est du Burkina Faso, où des villes sont désormais soumises à un blocus des terroristes. Depuis 2015, les attaques régulières de mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI) ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes. Dans leur déclaration samedi, signée du capitaine Ibrahim Traoré, les putschistes ont mentionné leur «ferme volonté d'aller vers d'autres partenaires prêts à aider dans la lutte contre le terrorisme». Le capitaine Traoré était jusqu'à présent le chef de corps du Régiment d'artillerie de Kaya, dans le nord du pays, particulièrement touché par les attaques terroristes. Selon plusieurs sources sécuritaires, ce coup de force révèle de profonds désaccords au sein de l'armée, l'unité d'élite des «Cobras» déployée dans la lutte antiterroriste ayant reproché notamment à Damiba de ne pas mobiliser toutes les forces sur le terrain.
La communauté internationale a condamné ce nouveau coup de force. Samedi, le secrétaire général des Nations unies Antonio Gutteres a «fermement» condamné «toute tentative de prise de pouvoir par la force des armes». L'Union africaine (UA) a dénoncé un «changement anticonstitutionnel de gouvernement» et l'Union européenne (UE) a estimé que le coup de force mettait «en danger les efforts engagés depuis plusieurs mois» pour la transition. La Cédéao a réclamé un respect du calendrier de fin de la transition pour assurer le retour des civils au pouvoir. Avec les deux putschs au Mali en août 2020 et mai 2021 et celui en Guinée en septembre 2021, c'est le cinquième coup d'Etat en Afrique de l'Ouest depuis 2020.

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