Liban
Aoun nomme Nawef Salam Premier ministre

À peine arrivé au palais de Baabada, le nouveau président libanais, Joseph Aoun s’est aussitôt attelé à des consultations parlementaires tous azimuts afin de désigner un Premier ministre chargé de constituer l’équipe gouvernementale dont a besoin le pays pour faire face aux multiples défis sociaux, économiques et sécuritaires. L’élection surprise de Aoun, après le retrait de la candidature de Sleiman Frangié, a mis fin à une vacance qui durait depuis fin octobre 2022, date d’expiration du mandat de son prédécesseur qui a laissé place à un Liban divisé et en proie à une crise majeure. L’agression sioniste a accentué les multiples difficultés auxquelles le peuple libanais est confronté, malgré les louables efforts d’un gouvernement intérimaire dirigé par Nagib Mikati, Premier ministre sortant, et en charge des affaires courantes. Les dissensions politiques et les problèmes économiques sont devenus tels que le Liban s’est retrouvé en situation de blocage. Constitutionnellement, le partage des rôles entre les principales communautés religieuses libanaises fait que le président de la République doit être un chrétien maronite, le Premier ministre un musulman sunnite et le président du Parlement un musulman chiite. Et c’est en fonction des dispositions constitutionnelles que le nouveau président Joseph Aoun doit s’enquérir auprès de l’ensemble des formations parlementaires et des élus indépendants pour déterminer quel candidat obtient le plus de voix dans ces consultations pour occuper la fonction de Premier ministre et constituer son équipe gouvernementale. Jusqu’à hier matin, on trouvait parmi les noms les plus retenus celui de Nagib Mikati et de Nawaf Salam, diplomate et président de la Cour Internationale de Justice (CIJ), basée à La Haye (Pays-Bas). Au terme de la première série de consultations, Nawaf Salam a obtenu 12 voix favorables contre 7 pour Mikati, deux députés n’ayant opté ni pour l’un ni pour l’autre. Le troisième candidat Fouad Makhzami, membre du parti de Hariri et farouche opposant au Hezbollah et Amal, s’était déjà désisté au profit de Nawaf Salam. Mais les consultations ne font que commencer et le président élu va les poursuivre jusqu’à terme. Des sources proches du Hezbollah et d’ Amal que dirige l’incontournable président du Parlement Nabih Bery, indiquent que les deux mouvements soutiennent Nagib Mikati dont le choix « fait partie de l’accord conclu avec l’émissaire saoudien (...)pour porter Joseph Aoun à la présidence », le 9 janvier dernier. On sait que la candidature de Aoun a bénéficié de l’appui des États-Unis et de l’Arabie saoudite, un poids lourd régional, mais Nagib Mikati dément fermement l’existence d’un tel deal entre le tandem Hezbollah-Amal et Riyadh. Ceux qui s’opposent à son choix arguent du fait qu’il appartient à un système politique affaibli et responsable de la situation dans laquelle se trouve le pays. Ils ont ainsi peser en faveur de Nawaf Salam, obtenant du riche homme d’affaires Fouad Makhzoumi, proche des États du CCG, qu’il se retire au profit de leur candidat. C’est ainsi que le quotidien Al-Akhbar, proche du Hezbollah, a considéré hier qu’une victoire de Nawaf Salam serait un «coup d’État complet des États-Unis». Mais quel qu’il soit, le futur Premier ministre aura de lourdes tâches à accomplir pour rebâtir une économie sinistrée et redonner au Liban la place qui fut la sienne pendant de nombreuses décennies.