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Hommage

Le dernier des géants

Il appartenait à la race des mécènes éclairés, ceux qui donneraient leur dernière chemise pour faire avancer les choses.

Quand je pense à l'homme qui vient de nous quitter, le premier mot qui me vient en tête est celui de grandeur. Il était grand. Par la taille et par la conduite. Jamais petit, jamais bas, jamais méprisant envers les petits. Il avait le regard haut, de celui qui ne voit chez les êtres humains que le meilleur des côtés, quitte à se tromper, quitte à perdre, quitte à être trahi, il n'en avait cure. Ce qui lui importait, c'était de faire du bien. Qu'on le lui rende en ingratitude, ne l'étonnait guère, il savait que l'être humain ne se délivre de la bonté qu'on lui fait qu'en la payant en ingratitude malodorante et trébuchante. Il appartenait à la race des mécènes éclairés, ceux qui donneraient leur dernière chemise pour faire avancer les choses. Il était de la famille des éclairés et des éclaireurs, des bienfaiteurs et des précurseurs. Le MCA, vainqueur de la coupe d'Afrique 1976 en témoigne pour l'Histoire. Témoigne que Drif a mis sa fortune, son temps et sa santé au service du Mouloudia et s'il pouvait mettre autre chose, il l'aurait fait avec plaisir. Si Abdelkader ne savait pas se donner à moitié. Avec lui, c'était tout ou rien. Mais on ne voyait jamais le rien avec lui, car il n'aimait pas voir le vide chez les autres, on voyait toujours le tout, car il aimait remplir ce vide pour que les autres soient pleins, soient entiers, soient comme lui: debout et fiers, comme devrait être tout Algérien qui se respecte, selon lui. Il mettait l'Algérien très haut, sur le toit du monde. À son image. Je me souviens de lui dans l'épreuve où il gardait la tête haute malgré des vents défavorables, je l'ai vu le nez haut dans l'adversité, entouré d'adversaires qui ne lui arrivaient pas à la cheville. Je l'ai vu sourire là où d'autres auraient pleuré. Haut, il ne mettait jamais les gens bas, dos au mur. Il leur laissait toujours une échappatoire. Il était de la race des seigneurs et non des saigneurs. Le seul qu'il avait saigné, c'était lui-même, pour que vive le MCA et l'Algérie qu'il mettait au-dessus de tout. Au-dessus même de lui-même. Tel était Si Abdelkader dont il m'est difficile de parler au passé tant il était la vie même, si chaleureux et si accueillant. Avec son départ, part avec lui une partie de notre mémoire du foot, part avec lui le plus grand dirigeant de notre football, grand par ce qu'il a donné, par ce qu'il a montré, grand parce qu'il a su faire de sa vie un exemple de ce que doit être un grand dirigeant ou tout simplement un grand homme au service de sa communauté.

De Quoi j'me Mêle

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