L’ire de l’avocat
Les incidents durant les audiences dans les différentes juridictions sont légion, surtout lorsque les causes sont extrajudiciaires. Et l'incident est mieux perçu par les avocats constamment aux aguets, quand il s'agit en premier lieu de la liberté des gens. La semaine dernière, le conseil a vu rouge, lorsque, voyant les intérêts de son client en jeu, bafoués par un magistrat, s'exclama, violet de colère: «En effet, le représentant du ministère public, au lieu de suivre les explications du défenseur, s'amusait ‘'bêtement'' avec son mobile, ce qui n'échappa point au conseil, qui enfourcha son étalon noir, et fonça droit sur l'auteur de cet inacceptable raté. L'élégant conseil passa sa grosse main sur sa barbe bien tracée, avant de répliquer comme jamais il ne l'avait fait depuis qu'il porte la robe noire! «Monsieur le président, je m'aperçois qu'au moment, où j'expliquais à la composition correctionnelle, le pourquoi de mon opposition à la direction prise par le juge de la 1ère instance, le procureur faisait tout pour ne pas suivre. C'est inadmissible. La loi fait des avocats des partenaires, certes, jamais privilégiés, et ce ne serait pas un couac improvisé qui allait tordre le cou à la loi. Nous voulons bien respecter les us et coutumes des juridictions, et ce serait meilleur pour certains magistrats, s'ils voulaient bien respecter les conseils que nous sommes, en écoutant, au moins, leurs répliques, et non pas à s'adonner à des trucs qui n'ont rien à voir avec l'esprit de justice, qui doit normalement, régner le temps d'une intervention.» Le président hocha du chef, et lança un regard de feu au procureur, qui se fit, alors plus petit que la limace, et c'est tout dire. Le tir nourri de l'avocat a fait son effet, et c'est tant mieux pour tous.
