Féeriques moments à l’audience

Le jeune de 22 ans, un jeune inculpé-détenu, pour coups sur sa propre maman, a la tête baissée, les genoux rentrants, et serrés, et le dos rond. Visiblement, il a honte. Il a surtout, honte, qu'en entrant dans la très vaste salle d'audience, il a aperçu son «géant» d'oncle, tapi entre deux gaillards à l'air pas du tout rassurant, ni pacifique. Un oncle venu voir la «bravoure» du neveu-agresseur de la grande soeur, celle-là même qui a veillé sur lui jusqu'à la fin de la brillante scolarité. L'assistance est émue. La très jeune représentante du ministère public est debout. Elle tient à jouer son rôle en entier. Oh! Oui, son devoir est de demander l'application de la loi, et seulement cela! Entre temps, la juge lance un regard de feu, comme pour pouvoir «fusiller» le geste condamnable du jeune homme: «Vous avez certainement lu le Saint Coran!» Il fait oui de la tête. «C itez un seul verset.» Le détenu ne bouge pas. Il ne parle pas. Il semble loin. Soudain, il prononce une phrase, dont on ne retiendra que le nom d'ALLAH.
-«Tiens, donc! Voilà un mot agréable à l'ouïe! Il fallait penser à Lui, avant de lever vos mains sur votre génitrice! En fait, il avait probablement récité le verset ou Allah recommandait aux gens Son Adoration uniquement, et d'être bons avec les parents qui ne méritent même pas «ouf»! Ou si vous voulez, un «souffle»!
Cette réflexion a rassuré la magistrate qui a probablement estimé que la leçon a été bien retenue.
-«Vous n'avez rien à dire à maman?», murmure maternellement la juge, qui jette au passage, un oeil en direction de la parquetière, laquelle n'attendait probablement qu'une routinière et simple invitation au réquisitoire.
«-Si, si!» s'empresse de déclarer l'inculpé qui n'en peut plus. Son crâne va éclater en mille morceaux. Il a même peur de vaciller, et chuter derrière la barre! La juge se retire pour examiner ce cas de «coups sur ascendante». Elle reviendra trente- cinq minutes plus tard, avec un verdict sonnant, et assommant: «Cinq ans d'emprisonnement, dont deux fermes.» La pauvre vieille mère s'effondre...