Bavardage à la barre
L'inculpée Souad. R. s'avança vers la barre à pas de loup effarouché, car elle traînait une méchante inculpation, à savoir, coups et blessures sur sa maman malade, et risquait, un très fort verdict, à la limite, démoralisant. La présidente de la section correctionnelle du tribunal était dans son jour, car, après avoir lu quelques lignes de l'ordonnance de renvoi, elle s'exclama: «Alors, Mlle, n'avez-vous pas honte d'etre là, debout, en train d'expliquer votre fâcheux geste à l'encontre de votre génitrice?» Un long et lourd silence enveloppa l'atmosphère ambiante de l'assistance, plutôt bon enfant. L'inculpée éclata en sanglots pour toute réponse, et un torrent de larmes inonda ses joues creuses. La juge était ainsi fixée sur ce qui faisait pleurer Souad! Elle n'insista pas, pour avoir coûte que coûte, des réponses à sa question, et regarda le procureur comme pour l'inviter aux réquisitions. Le parquetier fustigea ce genre de comportement et rappela la fameuse recommandation divine, en l'occurrence de «respecter les parents, de ne point les malmener, ni même par leur lancer un simple ‘'souffle''!» Il réclama un deux mois d'emprisonnement ferme! Après avoir noté le dernier mot, la juge mit le verdict en examen sous quinzaine.
