La presse nationale, un immense chantier
La grande bataille du ministre
La réglementation du métier est plus que nécessaire pour que cessent des pratiques regrettables.

La presse écrite nationale et les médias électroniques ont certainement des trajectoires totalement différentes. Nés pour soutenir la lutte de Libération nationale, quelques années avant l'indépendance du pays, suivi la courbe de son évolution politique, épousé la démocratisation de son système de gouvernance et affronté l'hydre terroriste, les journaux algériens ont certainement le combat dans le sang. Un legs prestigieux certes, mais menacé par un risque de dilapidation, car confronté à un environnement qui gagnerait à être assaini. En fait, la presse nationale offre, aujourd'hui, un paysage d'une diversité exceptionnelle en matière de publication, mais tous les titres occupent un espace éditorial qui se réduit en peau de chagrin. Le fait est que face à l'émergence des chaînes de télévision d'information continue, de la presse électronique et des réseaux sociaux, la presse papier perd quelque peu sa vocation informative. Mais il est clair qu'elle conserve sa force dans l'éclairage de l'opinion nationale, l'analyse de la situation sociopolitique du pays et peut se proposer comme espace de débat intellectuel. C'est actuellement le rôle que jouent les journaux dans les pays dits à démocratie avancée. Il n'y a pas de raisons objectives qui empêcheraient l'Algérie de disposer d'une presse quotidienne, hebdomadaire et mensuelle, dont la première mission serait de maintenir une exigence de transparence, d'éthique et de diversité dans le respect des lois de la République.
Ce serait en réalité l'aboutissement d'un processus historique, mais aussi législatif et juridique. C'est dans ce contexte que le projet de loi sur la presse écrite et électronique trouve sa pleine justification. Pour espérer sortir de la logique du «combat» pour entrer dans celle du débat dans l'intérêt suprême du pays, un minimum d'organisation est nécessaire. L'encadrement juridique qu'apporte la loi, présentée, hier, par le ministre de la Communication, Mohamed Laagab, est une première réponse à l'urgence d'une mutation du paysage médiatique national. Cette organisation passe par la dotation du secteur de l'information «d'un système juridique solide, permettant aux journalistes d'exercer confortablement leur métier et aux citoyens d'accéder à l'information crédible, au service du pays». C'est ce qu'ambitionne cette loi. Mais il s'agit de faire barrage à l'anarchie qu'on constate dans le journalisme, qui est un métier, sans l'être vraiment en Algérie. C'est ainsi que pour encadrer la profession, le texte présenté par le ministre de tutelle prévoit «la création d'une autorité de régulation de la presse écrite et électronique». C'est ce qui fait affreusement défaut.
Il faut dire que si à l'origine, c'est-à-dire lors de l'ouverture de la scène médiatique, l'intention était louable, l'odeur de l'argent de la publicité a attiré beaucoup de «loups» qui ont profité du laxisme ou de desseins politiciens, c'est selon, pour dévoyer totalement la mission première de la presse écrite. En l'absence d'un organisme régulateur de la profession, la scène médiatique a vu naître de «véritables monstres» qui n'ont de journaux que le nom et ont brassé, il faut bien s'en rendre compte un jour, un argent fou qui n'a servi, ni à améliorer le quotidien des journalistes ni à parfaire leur formation sur le terrain. La réglementation du métier est plus que nécessaire pour que cessent ces pratiques regrettables.
Cela au bénéfice des citoyens algériens et à la démocratie. L'Algérie mérite d'avoir quelques titres qui, tout en défendant les intérêts supérieurs de la nation, brillent à l'étranger comme des titres-référence de la presse internationale.