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Djelloul Slama, expert en économie agricole, à L'Expression

«Il faut hiérarchiser les priorités»

Djelloul Slama, ingénieur docteur et expert en économie et management, nous parle dans cet entretien des principaux mécanismes à injecter pour répondre aux maux de l'agriculture. Il nous explique comment l'État pourrait intervenir pour juguler les effets des fluctuations et agir à moyen et long terme pour asseoir une stratégie infaillible visant à assurer la sécurité alimentaire. Â l'aide d'équation agile, il nous livre le fond de sa vision sur le secteur.

L'Expression: Lors des dernières Assises nationales de l'agriculture organisées récemment, le président de la République a affirmé que l'Algérie n'est pas très loin de l'autosuffisance alimentaire. Quels en sont les indices?
Djelloul Slama: La politique agricole est en fait plus ancienne que les États eux-mêmes, nous connaissons tous, les prophéties de Seyidouna Youcef Ibn Yaâkoub au pharaon d'Égypte antique pour l'art de travailler la terre, du stockage des récoltes et de gestion des saisons hydriques et de la sécheresse. De nos jours, l'apport de l'agriculture dans l'économie reste dans l'essentiel limité par la nature à quelques exceptions près, entre autres la pluviométrie, le renouvellement des sols et de leur biomasse. L'enjeu des politiques agricoles est de tout temps, celui d'assurer la continuité des approvisionnements, mais surtout de limiter les grandes fluctuations et de la mercuriale de prix des produits agricoles. L'Algérie ne fait pas exception à ces impératifs et défis à relever pour garantir son indépendance alimentaire. L'enjeu est essentiellement quantitatif en terme de céréales d'alimentation humaine et des aliments pour bétail, en second lieu. Cependant, les politiques agricoles algériennes doivent êtres calées sur quatre objectifs majeurs, notamment un objectif stratégique, en vue de préserver l'indépendance nationale en assurant le meilleur niveau d'autosuffisance dans la production de biens agricoles les plus indispensables à l'alimentation. Le second objectif à trait au volet social. Il consiste à assurer l'alimentation de base à des prix accessibles aux consommateurs et notamment, les franges sociales de population à bas revenus. En troisième lieu, il y a l'objectif politique. Cela s'entend par le fait que le gouvernement doit mettre en oeuvre tous les moyens pour garantir aux producteurs agricoles, un niveau de vie régulier à moyen terme et une croissance soutenue à long terme, comparables à ceux des travailleurs des secteurs secondaire et tertiaire. En plus clair, cela veut dire qu'il faut empêcher la paupérisation rurale et valoriser le monde rural, à travers une politique exhaustive. En dernier lieu, il y a l'objectif économique qu'il faut cibler et mettre en oeuvre. Cela, à travers l'encouragement de l'accroissement de la productivité du secteur agricole algérien, de façon à permettre à celui-ci d'abaisser ses coûts et ses prix et de dégager des facteurs de production pour la fabrication d'autres biens et services. Il convient de préciser, par ailleurs, qu'il demeure entendu que ces objectifs assignés à la politique agricole soient relativement conflictuels et en concurrence entre eux. Ce qui nécessite une certaine hiérarchisation des priorités, tenant compte des couples marché-production et consommateur-contribuable, pour pouvoir maîtriser les processus de production, consommation et redistribution de revenus.

Le secteur a réalisé des avancées notables au cours des dernières années, particulièrement dans l'exportation. Comment booster ce secteur pour atteindre la modernisation et la numérisation du secteur de l'agriculture?
En somme, la politique agricole voulue et attendue est celle qui autorise les agriculteurs à produire les biens de consommation alimentaire à un prix récompensant leurs efforts à leur juste valeur et travailler la terre dans des conditions favorables, à une vie décente, proche du niveau de vie citadine, et qu'ils soient réellement protégés contre les pièges des spéculateurs qui manipulent les cours du marché et prélèvent des marges incommensurables, voire scandaleuses eu regard à leur implication dans le processus de la production agricole. Le gouvernement se doit de manier le bâton et la carotte sur les circuits de logistique et distribution des marchés de gros. La pression fiscale directe doit se substituer au paradis fiscal que vivent les spéculateurs dans le régime de l'impôt forfaitaire.

L'Algérie peut-elle prétendre à un rôle de statut de Hub alimentaire continental desservant l'Afrique et ailleurs?
Mes recommandations pour le gouvernement dans sa vision de politique agricole se résument à manier avec réalisme et en temps réel adapté aux cycles de production agricole, les outils de sa politique de prêts bancaires à délais rallongés, de taux d'intérêt bas, de fiscalité favorable, facilité d'obtention des intrants, encouragement du machinisme agricole octroi des avantages sociaux tels que les soins et de retraite. Par contre, les principaux dispositifs à long terme à même de garantir des effets importants dans la conduite de la politique agricole doivent être axés sur la mise en valeur des sols par l'apport soutenu des systèmes d'irrigation et de drainage, le renouvellement du matériel et la construction de bâtiments agricoles, l'amélioration de la structure agraire, dans son volet de morcellement des grands domaines et réaffectation des terres à grandes surfaces et, enfin l'octroi de systèmes d'assurance généralisée et avantageux, à même de garantir des indemnités immédiates pour inverser les tendances au déclin des secteurs pénalisés par des effets de nature ou de retournement de marchés.

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