La situation, sur fond de manœuvres interventionnistes, est très alarmante
Le Soudan face à une ingérence meurtrière
Il est clair que ce pays est en train de traverser une situation des plus dangereuses de son histoire, un état qui entame et engage son existence propre.
Le Soudan est devenu la source de convoitises des puissances internationales qui ne cessent de manoeuvrer afin de mettre à genoux le peuple soudanais, dans le but de profiter de ses richesses naturelles. L'ONU a appelé à une «intervention impartiale» au Soudan. Cela rappelle la fameuse litote de Bernard Kouchner qui confondait sciemment urgence humanitaire et ingérence humanitaire. Cet «interventionnisme» édulcoré par une espèce de sémantique trompeuse et pompeuse à la fois a administré ses preuves en ex-Yougoslavie et dans plusieurs pays africains en particulier et en Amérique latine en général.
Il s'agit surtout d'une nouvelle forme de domination coloniale visant une nouvelle reconfiguration de la géopolitique internationale, en réactivant ses projets de mainmise et aux visées néocoloniales. Les autorités soudanaises ont rejeté d'emblée le rapport d'experts onusiens «appelant au déploiement d'une force impartiale de protection des civils, qualifiant le Conseil des droits de l'homme d'organe politique et illégal», et d'ajouter: «Le gouvernement soudanais rejette dans leur intégralité les recommandations de la mission onusienne», a affirmé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié samedi soir, les décrivant comme une»violation flagrante de son mandat», affirme-t-on. Le ministère des Affaires étrangères soudanais a déclaré que «ce sont les milices qui ciblent systématiquement les civils et les institutions civiles», et d'ajouter: «Le rôle du Conseil des droits de l'homme devrait être de soutenir le processus national plutôt que de chercher à imposer un mécanisme extérieur différent», a-t-il dit. Il est clair que le Soudan est en train de traverser une situation des plus dangereuses de son histoire, un état qui entame et engage son existence propre. Il y va de l'intérêt du Soudan de rejeter et ne pas accepter l'idée de l'ingérence quels que soient le contexte et l'urgence. Le danger de l'ingérence étrangère réside dans l'élimination et l'exclusion de l'État national comme source de décision souveraine du pays. Les officiels soudanais ont souligné, à ce propos, que «la publication de ce rapport, quelques jours avant une session du Conseil des droits de l'homme, est la démonstration du manque de professionnalisme et d'indépendance du comité et confirme qu'il s'agit d'un organe politique et Illégal», mentionne-t-on. D'un autre côté, le Soudan assiste à de violents combats près de Khartoum et voit des centaines de familles sur les routes. Cette scène désolante, qui renseigne sur l'état du guerre qui ébranle le Soudan, ne fait que compliquer la situation politique, économique et humanitaire du pays, qui est en proie à une véritable famine et exode massif.
Pour rappel, le nombre de personnes déplacées dépasse les 7,1 millions et comprend les 974905 personnes déplacées avant le 15 avril 2024.
Ce chiffre effarant renseigne sur l'ampleur du drame humanitaire où est empêtré le peuple soudanais qui souffre le silence le plus total de la communauté internationale. Il faut signaler que «les forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) ont attaqué la grande base de la ville de Bahri qui jouxte la capitale soudanaise au Nord, appelée Hattab». Les attaques ont poussé «des centaines de familles à partir en direction du Nord, portant leurs affaires sur leurs têtes pour fuir les combats», selon des sources relayées par les médias soudanais. Il faut rappeler aussi que le directeur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que «le conflit au Soudan a fait plus de 20000 personnes tuées en raison des combats en cours dans le pays», et de poursuivre: «Aujourd'hui, les Soudanais souffrent de crises successives, de la plus grande vague de déplacement au monde et le danger de famine qui menace plus de 25 millions de personnes, soit la moitié de la population du Soudan, dont plus de 14 millions ont besoin d'une intervention urgente», a-t-il affirmé.
Il s'agit d'un véritable drame humanitaire qui affecte le peuple soudanais dans un contexte qui n'augure pas que du bien pour cet immense pays aux multiples richesses.