Projet de résolution de l'Algérie pour un cessez-le-feu à Ghaza: le véto américain dénoncé
La communauté internationale a dénoncé mardi le véto opposé par les Etats-Unis à un projet de résolution présenté par l'Algérie au Conseil de sécurité des Nations unies, appelant à un cessez-le-feu "immédiat" dans la bande de Ghaza, théâtre d'une agression génocidaire sioniste depuis le 7 octobre 2023.
Pour la troisième fois, le Conseil de sécurité n'a pas réussi, mardi, à adopter un projet résolution pour un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Ghaza. Le texte a recueilli 13 voix pour, une abstention et une contre, les Etats-Unis ayant opposé leur veto.
Le représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies (ONU), Amar Bendjama a exprimé son regret après ce nouvel échec du Conseil à "s'élever à la hauteur des appels et aspirations des peuples", assurant que l'Algérie "ne s'arrêtera pas jusqu'à ce que le Conseil de sécurité assume pleinement ses responsabilités et appelle à un cessez-le-feu".
"Ce projet de résolution véhicule un message fort aux Palestiniens, à savoir que le monde ne peut rester silencieux face à leur détresse, mais malheureusement, le Conseil de sécurité a échoué encore une fois à s'élever à la hauteur des appels et aspirations des peuples", "un échec qui ne le dispense pas d'assumer ses responsabilités, ni la communauté internationale de ses obligations envers le peuple palestinien désarmé, ni même les autorités d'occupation du devoir de mise en œuvre des mesures conservatoires de la Cour internationale de justice (CIJ)", a-t-il souligné.
Le texte soumis par l'Algérie, membre non-permanant au Conseil de sécurité, appelle à un cessez-le-feu à Ghaza et rejette tout déplacement forcé des Palestiniens, qui, outre la guerre génocidaire menée par l'entité sioniste, font face à une crise humanitaire sans précédent.
M. Bendjama a réitéré qu'"il est grand temps pour que l'agression cesse et que nous puissions faciliter l'acheminement des aides humanitaires vers toutes les régions de Ghaza". Soulignant "la nécessité de reconnaitre que seul un cessez-le-feu permettrait d'atteindre l'objectif escompté".
La situation actuelle impose à tout un chacun, comme il avait affirmé le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, "d'œuvrer à porter haut les principes et les objectifs de l'ONU, d'assurer la protection nécessaire au peuple palestinien, et de mettre fin à l'injustice historique qu'il subit", a-t-il rappelé.
"Les peuples de notre région considéraient et considèrent toujours le Conseil de sécurité, comme étant le garant de la légalité internationale, mais malheureusement, il les a déçus encore une fois", a-t-il déploré.
Réagissant au veto américain, le représentant de la Russie à l'ONU, l'ambassadeur, Vassili Alexievitch Nebenzia, a affirmé que les Etats-Unis, par leur attitude, continuent d'accorder à l'entité sioniste un "permis de tuer", soulignant que l'Algérie a mené "des discussions de bonne foi" pour adopter son projet de résolution, mais Washington continue d'insister pour que le Conseil de sécurité ne s'immisce pas dans les plans américains, et a également utilisé son droit de veto contre des projets de résolution similaires dans le passé .
Il a appelé les membres du Conseil à "faire face au chaos exigé par Washington", soulignant que "l'opinion publique ne pardonnera plus au Conseil de sécurité son inaction".
La Chine, par la voix de son représentant permanent auprès l'ONU, l'ambassadeur Zhang Jun a exprimé sa déception et son mécontentement quant au résultat du vote, estimant que le "veto américain" envoie un mauvais message, poussant Ghaza vers des situations encore plus dangereuses.
Le projet de résolution présenté par l'Algérie au nom du Groupe des Etats arabes, était "fondé sur les exigences minimales de l'humanité et méritait le soutien de tous les membres du Conseil", a affirmé l'ambassadeur Zhang Jun, ajoutant que "compte tenu de la situation sur le terrain, continuer à éviter passivement un cessez-le-feu immédiat n'est pas différent de donner le feu vert à la poursuite des massacres".
De son côté, le représentant permanent de la France, l'ambassadeur Nicolas de Rivière, a souligné qu'"il y a une nécessité extrêmement urgente de parvenir, sans plus tarder, à un accord sur un cessez-le-feu garantissant à terme la protection de tous les civils et l'arrivée d'une aide d'urgence en grande quantité", regrettant que le projet de résolution présenté par l'Algérie n'a pas été adopté. Pour lui, "seule la solution à deux Etats peut répondre aux aspirations légitimes des Palestiniens à établir leur Etat".
La représentante de la Suisse, Pascale Baeriswyl, a également regretté que le projet de résolution n'ait pas été adopté, insistant sur la responsabilité du Conseil de sécurité de protéger les principes du droit international humanitaire et de protéger les civils. Elle a souligné à la nécessité de respecter les mesures temporaires émises par la Cour internationale de Justice le 26 janvier.
La Représentante permanente du Qatar auprès des Nations Unies, l'ambassadeur Alia Ahmed Bin Saif Al-Thani, a également exprimé ses regrets face à l'échec du Conseil de sécurité à adopter le projet de résolution présenté par l'Algérie et soutenu par le groupe arabe, et l'écrasante majorité des membres du Conseil, ajoutant que son contenu est conforme au droit international humanitaire.
L'ambassadeur de Palestine à l'ONU, Riyad Mansour, a fustigé pour sa part un veto "irresponsable et dangereux" des Etats-Unis, abondant que le message envoyé aujourd'hui aux sionistes par ce veto est "qu'ils peuvent continuer à faire n'importe quoi en toute impunité".
Le mouvement de résistance palestinien, Hamas, a, quant à lui, indiqué dans un communiqué que le veto américain est un "feu vert" à l'entité sioniste pour perpétrer davantage de massacres et que cela ne fera qu'accroître la souffrance du peuple palestinien.