Vent d’Est en Nouvelle-Calédonie
Les derniers évènements en Nouvelle-Calédonie montrent que la situation est plus qu'instable dans les territoires français d'outre-mer. La contestation kanake a tôt fait de franchir les océans pour se propager en Martinique où un soutien aux indépendantistes grandit au sein de l'opinion. C'est ainsi que le président du Palima (Parti pour la libération de la Martinique), Francis Carole, a délivré sur sa page Facebook, intitulée «Coup de gueule NC», ses vifs encouragements aux émeutiers qui contestent la réforme gouvernementale visant à élargir le corps électoral au détriment des autochtones, en prévision de la troisième et dernière consultation par référendum sur l'indépendance du territoire. Conformément à l'accord de Nouméa qui a vu le FLNKS de Jean-Marie Tjibaou accepter la proposition de «trêve» du gouvernement Rocard, sous la mandature de François Mitterrand, il y a eu un gel du fichier électoral auquel le président Emmanuel Macron et son gouvernement viennent de mettre fin. Cette politique a déclenché la colère des indépendantistes, porteuse d'émeutes dont nul ne sait quelles seront les conséquences.«Après des décennies de promesses, l'Etat français met tout en oeuvre pour une recolonisation de la Nouvelle-Calédonie (...) inacceptable», dénonce Francis Carole. Cet élu antillais aiguise son propos en évoquant la Guyane, la Guadeloupe, la Martinique et la Polynésie, affirmant que leurs peuples autochtones sont en droit de «décider pour eux- mêmes». Et en écho, Fabien Canavy, cofondateur du Mouvement de décolonisation et d'émancipation sociale (MDES) guyanais, accuse le gouvernement d'avoir «du sang sur les mains». Ils sont plus de 3,4 millions à vivre dans ces «départements et collectivités françaises d'outre-mer» avec une représentation électorale de 27 députés et 21 sénateurs. La proposition de Michel Rocard, socialiste de gauche usé par le rusé Mitterrand, avait donné une mi-temps à la France en favorisant l'émergence des indépendantistes «modérés» qui ont pour mission de contrer les contagions porteuses d'émeutes, voire d'insurrections. Mais la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, une collectivité de l'Océan pacifique, sont toutes deux inscrites au Comité spécial de décolonisation des Nations unies. Et les «partisans du dialogue» qui tempèrent, depuis des décennies, la frustration et l'impatience des peuples autochtones vont avoir beaucoup de mal à les convaincre des «bienfaits de la colonisation» avec un Parlement qui décide souverainement de leur avenir institutionnel, dans un contexte marqué par des «crises économique, sociale, politique, des problèmes d'eau, de chômage, le coût de la vie». Ainsi, vont-ils fatalement se reconnaître dans la revendication kanake.