Mensonges et boniments
L´élection locale est censée être un moment important de la vie nationale, sauf que ce n´en est pas un. Les citoyens attendent beaucoup de leurs maires, dans tous les domaines, pour gérer et régler les problèmes de la vie quotidienne: école, route, santé, voirie, animation culturelle, mais aussi investissement et création d´emplois. Force est de constater que les maires sont loin de répondre au cahier des charges. Soit par incompétence, soit parce que la loi ne leur accorde pas les prérogatives qu´il faut à l´accomplissement de leurs tâches.
Les partis politiques, surtout ceux qui sont représentés au Parlement, auraient dû, depuis longtemps, pourvoir à la révision du Code communal pour donner plus de prérogatives aux élus. D´autant plus qu´on les a vus mener campagne tambour battant. Du FLN au RND, en passant par le PT, ils se sont mis en frais en confectionnant des affiches, des banderoles, des posters.
Ils ont animé les rues à bord de leurs véhicules en klaxonnant. On se serait cru à un mariage ou à un après-midi de match de football. Les uns et les autres ont rivalisé d´ardeur pour attirer l´attention des électeurs. Quant au passage télé ou radio ils se sont échinés à multiplier des promesses, dont on sait à l´avance qu´elles ne seront pas tenues.
Les leaders politiques, de Abdelaziz Belkhadem à Saïd Sadi, ont sillonné le pays en se rendant aux quatre coins du territoire.
Louisa Hanoune, Belkhadem, Soltani, Ouyahia, Tabbou, on peut dire qu´ils ont mouillé le maillot. Si les élections communales n´étaient que clopinettes, croyez-vous qu´ils se seraient donné tant de peine? L´événement vaut bien quelques meetings, dans les grandes villes et dans les douars de l´Algérie profonde.
S´ils se sont dépensés autant, c´est parce qu´ils accordent de l´importance à cette élection. Sauf à considérer que les leaders politiques sont de grands comédiens, qui ne croient pas eux-mêmes un traître mot de ce qu´ils disent. Comédiens ou menteurs professionnels. Bonimenteurs en quelque sorte. Mensonges d´arracheurs de dents.
Après le 29 novembre, le pays va retomber dans sa torpeur. Les maires vont signer des extraits de naissance, pendant que les problèmes auront tendance à s´accumuler; rues sans éclairage public, chaussées défoncées, ordures non ramassées, absence de vie culturelle, crise du logement, et j´en passe et des meilleures. A qui la faute? Aux élus, à l´Etat, aux partis politiques?
Avant ou après les élections, rien n´aura vraiment changé. Le scrutin, pour la majorité des citoyens, est un non-événement.