Maintenant ou jamais!
Si le président de la République a choisi, ce moment précis, pour se jeter dans l'arène internationale ce n'est pas pour jouer à pile ou face le sort du pays. En saisissant au vol l'opportunité de l'adhésion aux Brics, il sait pertinemment que c'est maintenant ou jamais. Il a déblayé le terrain, montré la voie, il appartient aux autres acteurs nationaux de donner corps à ses orientations stratégiques. Dans son livre, Diplomatie, qu'il a édité en 1994 aux Etats-Unis, le monstre sacré des relations internationales, Henry Kissinger notait qu'à chaque siècle surgisse, avec une régularité qui ferait croire à une loi de la nature, un pays ayant «la puissance, la volonté et l'élan intellectuel et moral nécessaires pour modeler le système international conformément à ses valeurs propres». À quelques nuances près, le monde est précisément dans ce schéma depuis l'apparition des Brics en 2011 annonçant la fin de l'hégémonie occidentale. Ce conglomérat regroupant le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, affiche clairement sa volonté de transformer l'ordre économique mondial et l'extraire de l'emprise unilatérale américaine. On assiste à une des plus importantes mutations des relations internationales depuis la révolution industrielle.
C'est en ce moment que se joue, sous nos yeux, une nouvelle reconfiguration des équilibres de la planète où toutes les cartes seront rebattues, que l'Algérie doit sortir ses crocs. C'est maintenant ou jamais, car elle a les moyens de jouer sa propre partition. Parce que l'Algérie bénéficie d'atouts rares au moment où les économies les plus solides du monde ont été ébranlées par la crise sanitaire et la guerre russo-ukrainienne. Sans dette extérieure, jouissant d'un matelas financier dépassant les 64 milliards de dollars, l'Algérie est convoitée. Elle l'est davantage, notamment par l'Europe, quand on sait qu'elle est déjà destinée à devenir le hub gazier sud-méditerranéen dès l'achèvement du projet de gazoduc transsaharien (Tsgp) qui doit la relier au Nigeria via le Niger. De par sa proximité avec la partie sud de la Méditerranée, son grand potentiel gazier et sa qualité de fournisseur fiable, l'Algérie jouit d'une place particulière dans les schémas énergétiques européens. Située en pivot entre l'Asie et l'Amérique du Sud, puissance africaine reconnue, l'Algérie pourrait, par son adhésion aux Brics renforcer son positionnement sur l'échiquier mondial. L'Algérie n'y va pas en quémandant, mais en pays debout avec ses ambitions et ses convictions qu'elle a toujours défendues au plan international.
