La revanche du Front Polisario
L'entité sioniste et le Maroc forment un attelage qui a pour dénominateur commun le piétinement de la légalité internationale. Celui de refuser de reconnaître aux peuples, palestinien et sahraoui le droit de disposer d'un État indépendant. Un acoquinement qui s'est renforcé, blindé depuis que les deux parties sont liées par les accords d'Abraham. Cette alliance prévoyant l'établissement de relations diplomatiques entre le Maroc et Israël et la réouverture des bureaux de liaison à Rabat et à Tel-Aviv, est signée le 22 décembre 2020 à Rabat avant que ne soit conclu le 24 novembre 2021, un accord de coopération sécuritaire lors d'une visite à Rabat du ministre sioniste de la Défense, Benny Gantz. Une alliance diabolique qui a précédé le génocide des Palestiniens à Ghaza, les bombardements barbares de Beyrouth accompagnés par un silence assourdissant notoirement complice du monarque marocain. Cela dévoile un plan machiavélique. Mohammed VI espère faire coup double: en assénant un coup de poignard dans le dos des Palestiniens, il espère faire échec au droit du peuple sahraoui à se prononcer librement quant à son destin. Mais ne voilà-t-il pas que ce scénario le second, notamment vient de prendre du plomb dans l'aile. Ce 4 octobre, la Cour de justice de l'Union européenne (UE) a définitivement invalidé deux accords commerciaux conclus entre le Maroc et l'UE. Rendant ainsi justice, et donnant raison, au Front Polisario représentant légitime du peuple sahraoui. Ces accords de 2019 sur la pêche et l'agriculture ont été conclus en «méconnaissance des principes de l'autodétermination» du peuple sahraoui, a tranché dans un arrêt la haute juridiction établie à Luxembourg. L'étiquetage des melons et des tomates récoltées au Sahara occidental devait mentionner ce territoire (Sahara occidental, ndlr) et non le Maroc en tant que pays d'origine, a également précisé la Cour de justice de l'UE dans une autre décision. Il faut rappeler que la Commission européenne et le Conseil européen avaient contesté l'annulation de deux accords sur la pêche et l'agriculture décidée en première instance, en 2021, pour non-respect du «consentement» sahraoui. Cinq ans auparavant dans un arrêt rendu le 21 décembre 2016, la Cour européenne de justice avait conclu que le Sahara occidental est un territoire distinct du Royaume. L'Histoire bégaie à nouveau. Une belle revanche pour le Front Polisario.