L’insécurité numérique
Mues par la noble ambition de bâtir une Algérie numérique, les autorités du pays butent sur une question cruciale à laquelle elles doivent apporter une réponse à la fois rapide, sûre et efficace: comment sécuriser l'espace numérique? Si le chantier de digitalisation sert la belle promesse d'en finir avec la sclérose bureaucratique et de juguler la corruption dans nos institutions, en revanche, il traîne, comme un boulet, le risque de l'insécurité numérique. Le monde est en état de guerre électronique non déclarée. Elle s'opère sur un espace virtuel où il n' y a ni loi règle ni éthique. Tous les coups sont permis et ils peuvent mener jusqu'à l'anéantissement total d'un pays sans tirer un coup de feu ni accuser la perte d'aucun soldat. La guerre de quatrième génération n'est pas une simple vue de l'esprit, mais c'est une réalité bien présente avec toutes ses packages de menaces. L'exemple de la cyberattaque qui a paralysé le site de l'agence officielle APS, il y a quelques semaines, doit nous instruire sur ce que nous encourons comme risque. Imaginons un hôpital totalement numérisé qui subit une attaque sur son système de respiration artificielle: ce sera l'hécatombe chez les malades. Les structures de l'État sont appelées à se préparer contre les cybermenaces qui risquent de remettre en cause la sécurité des citoyens et celle du pays. L'Algérie oeuvre-t-elle à la mise en place d'une cyberdéfense? Quelle place réserve-t-elle à la cyberguerre? Ce n'est pas parce que le président de la République a fait de ce dossier une urgence nationale qu'il faille numériser à tout-va. C'est une erreur fatale que de vouloir atténuer la colère du chef de l'État en sacrifiant l'essentiel, c'est- à- dire oublier de poser les jalons de la cybersécurité. Ils sont nombreux les experts du domaine à suggérer l'élaboration d'un texte pour apporter une réponse concrète à cette problématique sérieuse. Un texte de combat qui apporte des réponses concrètes aux dégâts que risque de causer l'usage du numérique. Le chef de l'État a lui-même attiré l'attention des préposés à ces risques. Dans une allocution prononcée, mercredi dernier, Abdelmadjid Tebboune a rappelé les exigences de sécurité nationale, avec ses dimensions politique, militaire, économique, sociétale, «nécessitent l'élaboration d'une stratégie nationale intégrée dans le domaine du numérique, qui allie proactivité, prévention des menaces et des vulnérabilités dans le cyberespace, la protection des systèmes et des données». Le message est clair: il faut installer les digues sécuritaires qui s'imposent pour éviter toute attaque venant de l'extérieur.
