L’Afrique du Sud face à Trump
Il fallait s’y attendre, l’engagement ferme et solennel de l’Afrique du Sud contre le génocide sioniste à Ghaza et son action devant la Cour Internationale de Justice (CIJ), soutenue par un bon nombre de pays aussi bien africains, sud-américains qu’européens et par l’Algérie, au premier chef, devait, tôt ou tard, provoquer une riposte du sionisme mondial. La décision du président Cyril Ramaphosa de lancer une importante réforme agraire, axée sur une expropriation forcée des terres en Afrique du Sud, a fortement déplu aux milieux conservateurs et à des personnalités influentes comme Elon Musk, le milliardaire sud-africain naturalisé américain et, désormais, le plus proche conseiller du président Donald Trump. Dossier épineux depuis des décennies, la redistribution des terres dans un pays sorti depuis longtemps des griffes de l’apartheid demeure une revendication fondamentale de l’African National Congress, le parti de Nelson Mandela. Le régime honni a eu beau disparaître, l’Afrique du Sud voit, à ce jour, près de 75% des terres agricoles toujours dans les mains de la minorité blanche, alors que la majorité de la population noire n’en détient que 9% à peine. C’est cette injustice persistance et incongrue que le président Ramaphosa entend effacer, avec une loi, parue le mois dernier, et qui permet, dans certaines conditions, d’exproprier des terres sans compensation afin de permettre une redistribution plus équitable. Là, les levées de boucliers n’ont pas tardé et le président américain Trump vient de lancer certaines accusations à l’encontre de Pretoria. Le chef de l’État sud-africain a, aussitôt, réagi en rejetant fermement ces griefs et en défendant la politique foncière de l’Afrique du Sud, en toute légitimité. Il n’empêche, Trump vient de suspendre tous les financements américains dans le pays de Mandela et il exige une « enquête » sur la politique de réforme foncière menée par son homologue sud-africain. Celui-ci argue du fait que son pays n’a procédé à aucune confiscation arbitraire de terres agricoles et que sa réforme s’inscrit dans le strict respect de la Constitution.
Le fait est que les relations bilatérales entre Washington et Pretoria, tant économiques que politiques, sont éminemment stratégiques et le gel du partenariat par Donald Trump a de quoi préoccuper les dirigeants sud-africains, le président Ramaphosa se voulant pédagogue face à un homologue américain habitué aux décisions fracassantes et à son soutien inconditionnel de l’entité sioniste aux abois.