A l’américaine
Une campagne électorale à l´américaine, c´est ce que Mme Hanoune a essayé de faire pour ces locales. Son portait, tiré à des milliers d´exemplaires, trône dans les artères principales des villes. Et ses promesses électorales sont distribuées dans les boîtes aux lettres. Pour une pasionaria qui cloue au pilori les Américains, qu´elle accuse de tous les maux, on peut dire qu´elle ne dédaigne pas de leur emprunter leurs méthodes.
L´autre surprise vient du FNA, de M.Moussa Touati, qui confirme sa montée en puissance dans l´électorat populaire. Alors que les partis traditionnels marquent tous le pas à un degré ou un autre, le petit parti du Front national algérien continue son petit bonhomme de chemin, en venant jouer dans les 18 mètres des grandes formations politiques. Jusqu´à ce jour, on a vu les FLN, RND, MSP se disputer la répartition des portefeuilles ministériels, sans songer à offrir, ne serait-ce qu´un strapontin, à Moussa Touati.
Une fois de plus, en Algérie, on voit qu´il existe les partis du pouvoir, ou plutôt les partis au pouvoir, et puis il y a les outsiders, comme le FNA, qui ne peuvent même pas se payer le luxe d´être dans l´opposition.
Le PT peut bien jouer les trouble-fête. Le FFS et le RCD peuvent bien marquer leurs désaccords profonds avec la politique de l´Exécutif, ce n´est pas le cas du FNA. Qui ne joue pas sur ce registre. Sa partition, il la joue presque en solo, ni pour ni contre, préférant porter l´accent sur la gestion au quotidien. Sans tambour ni trompette.
Moussa Touati lui-même n´est pas ce qu´on peut appeler une bête politique. Il est tout le contraire d´un Aït Ahmed, d´une Louisa Hanoune. Il est tout en discrétion. Plus que ça. Il est presque effacé.
Avec une telle démarche tout en souplesse, on se demande où il va chercher ses réserves de voix. Avec quel filet part-il à la pêche?
Les hommes politiques sont de grands comédiens, on le sait. Ils peuvent raconter des boniments pour faire passer leur message. Tout en sachant que les promesses n´engagent que ceux qui y croient.
Il n´y a qu´à voir les oeillades entendues de Ahmed Ouyahia, les envolées en voix de fausset de Djaballah, les tirades grandiloquentes de Soltani, les dénégations florales de Belkhadem, les engagements enflammés de Louisa Hanoune, pour se convaincre de la grande comédie électorale qui se joue devant nos yeux. Ce n´est pas le cas de Moussa Touati. Ou plutôt, il n´en est pas encore là. Y viendra-t-il à son tour? On ne sait. A partir de quel nombre de voix et d´élus, un leader politique se met-il au théâtre ce soir?