Alors que les indicateurs économiques des pays développés sont au plus bas depuis vingt-cinq ans
L’exception algérienne
Pour les économies en développement, les vingt-cinq prochaines années seront plus difficiles que les précédentes, souligne la Banque mondiale dans une note publiée le 16 janvier.

Les dernières perspectives de la Banque mondiale indiquent que les économies en développement ne seront pas à la fête. Paradoxalement, l’Algérie, qui aspire au rang de nation émergente, affiche des indicateurs économiques rassurants qui doivent lui permettre d’atteindre son objectif. Sa croissance économique reste robuste. Elle devrait s’afficher autour des 3,4% cette année alors que celle de l’économie mondiale ne doit pas dépasser les 2,7% en 2025, selon les projections de l’institution de Bretton Woods. L’Algérie, qui a tiré son épingle du jeu dans un contexte de conjoncture morose de l’économie mondiale, doit en principe poursuivre sur sa lancée. Les principaux indicateurs de son économie se sont bonifiés quand d’autres ont été maîtrisés. La croissance économique est restée robuste et l’inflation a progressivement ralenti au premier semestre 2024, avait souligné la Banque mondiale dans son dernier rapport. Un léger bémol cependant : les pressions sur les équilibres extérieurs et budgétaires se sont accrues. Pas de quoi sonner l’alerte toutefois. Le pays a cependant fait mieux que les pays arabes et méditerranéens. La dette publique en Algérie représente moins de 50% du PIB (Produit intérieur brut), un ratio inférieur à celui observé dans plusieurs pays arabes et méditerranéens. Comparée à certains pays arabes et méditerranéens, l’Algérie affiche, en effet, un niveau de dette publique relativement inférieur, bien en deçà des pays de la région, comme la Grèce, l’Italie, la France et l’Espagne (+110% du PIB). Dans le scénario de base, la croissance du PIB ralentirait à 3,1% en 2024, la croissance non extractive restant robuste, mais la production d’hydrocarbures se stabilisant. En conséquence, les exportations diminueraient et, combinées à des importations soutenues d’équipements, la balance courante afficherait un déficit modéré, rassure, de son côté, la Banque mondiale. L’Algérie pourra aussi compter sur son secteur des hydrocarbures qui l’a constamment pris à bout de bras. Que dit à ce propos la BM ? La reprise de la production d’hydrocarbures soutiendrait un rebond de la croissance en 2025, et les recettes d’exportations d’hydrocarbures augmenteraient, affirme l’institution de Bretton Woods qui a mis en exergue l’important potentiel de croissance des exportations hors hydrocarbures de l’Algérie. Un potentiel qu’a reconnu le vice-président de la Banque mondiale (BM) en charge de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) lors de sa visite en Algérie en décembre 2024. «L’Algérie pourrait s’illustrer comme un leader dans la région Mena sur plusieurs domaines», avait affirmé Osmane Dione. Le potentiel dont elle dispose en tant «qu’acteur important, grâce à sa position géographique, sa connectivité régionale, sa capacité de devenir un hub logistique, sa stabilité géopolitique, ses ressources naturelles, ses conditions climatiques variées et son accès aux marchés limitrophes» avait été mis en évidence par le responsable de l’institution de Bretton Woods. L’Algérie dispose d’un important potentiel de diversification et de croissance, notamment en raison de sa proximité avec l’Europe, en soutien à l’objectif d’exporter 29 milliards de dollars de produits hors hydrocarbures d’ici 2030, avait-il souligné. Des perspectives annonciatrices d’un avenir serein appuyé notamment par le lancement de projets miniers d’envergure internationale au moment où se profile le «déclin» des économies des pays développés. «?Pour les économies en développement, les vingt-cinq prochaines années seront plus difficiles que les précédentes», souligne Indermit Gill, économiste en chef et premier vice-président du Groupe de la Banque mondiale, chargé de l’économie du développement. Les économies en développement qui contribuent à 60% de la croissance planétaire devraient terminer le premier quart du XXIe siècle avec des perspectives de croissance à long terme au plus bas depuis 2000 alors que l’économie mondiale se stabilisera les deux prochaines années, indiquent les dernières perspectives économiques mondiales de la Banque mondiale, publiées le 16 janvier. Une mauvaise «passe» que doit éviter l’Algérie…