24e Festival européen de la musique
Une soirée dédiée à la danse
La Slovénie et l’Espagne ont permis au public venu en force, lundi soir, d’exulter grâce aux performances artistiques proposées…

La cinquième soirée entrant dans le cadre du Festival européen de la musique en Algérie, dans sa 24e édition, affichait complet, lundi soir.
Une soirée un peu spéciale, puisque la danse était à l'honneur, lundi au Théâtre national algérien, Mahieddine Bachtarzy. Tout d'abord par la formation slovène «Diaspora collective Harmelogic» avec leur spectacle La Place. Notons que c'est la première fois que la Slovénie prend part à ce festival.
Le spectacle s'ouvre en musique, avec un pianiste et un percussionniste. Suivra l'intro musicale où deux danseuses arrivent sur scène, puis deux danseurs.
Le quatuor exécute des mouvements aériens, parfois des gestes au sol. Leurs élans sont saccadés, parfois lents... Puis le rythme prend son envol et les quatre danseurs semblent se battre philosophiquement pour marquer leur présence.
La vitesse de la danse est accompagnée par le tempo des mains du public qui, ébloui par le spectacle, n'en rate pas une miette! «Magnifique!» entendons- nous parmi le public, ici et là. Si l'interprétation du spectacle dépend de chacun, il faut saluer la liberté de ton et de mouvement de ces chorégraphies qui rendent fièrement hommage aux racines africaines et qui les célèbrent presque avec «nostalgie». Terme utilisé par une des danseuses/chanteuse du groupe.
La place ou la nostalgie de l'Afrique
À saluer aussi l'hardiesse et la vivacité du groupe, la force corporelle de ses membres qui ont réussi à exécuter de belles performances scéniques.
En somme, un très beau spectacle de danse contemporaine, d'une haute maîtrise qui finira par faire participer le public en échangeant son énergie grâce à l'amour de la danse!
«La place (TRG) variations pourTeloRitelGlas (corps, rythme, voix) est un questionnement sur les relations qui s'établissent entre les individus, les cultures, entre le passé et le présent», nous explique t-on. Et d'indiquer: «Le but du spectacle est de susciter une réflexion sur le pouvoir de la coopération et sur la mesure dans laquelle la patience et le désir d'accepter notre prochain nous ouvrent des possibilités de penser différemment à nous-mêmes, de nous enrichir et d'apprendre à nous connaître.» Dans leur danse effrénée, les quatre interprètes semblaient en effet, courir à la quête de leur propre être, tout en tendant à aller vers l'Autre. Et finir par se libérer et gagner sa propre dignité au sein du groupe et éprouver ainsi sa puissance au sein de la collectivité.
Un sentiment de bien-être et de soulagement découle à la fin du spectacle.
La seconde partie de la soirée est accordée à la formation espagnole Rafael Ramirez et Wafir Gibril. Ce dernier, luthiste soudanais de son état, est déjà venue plus de neuf fois en Algérie. C'est la première fois qu'il accompagne cette formation espagnole en Algérie.
L'histoire retient que les Arabes et les Espagnols ont un passé en commun. Alors ce n'est pas étonnant si le flamenco épouse les sonorités arabes.
Fusion flamenco/musique arabe
Bent el chalabiya, fameux morceau, déjà interprété à l'époque par Fairouz est repris ainsi par nos deux chanteuses espagnoles. Ce soir ce n'est pas une femme, mais un homme qui fera montre de sa souplesse et surtout de son sens du rythme. Et pour cause! Appelé La preciso, soit, la précision, le spectacle espagnol donnera à voir Rafael Ramirez se mouvoir sur scène, au milieu de deux divas du chant qui semblent par moment se disputer comme des rivales. Le spectacle raconte une histoire par le langage corporel, ça chante la vie, la fleur, l'amour, l'échange et la compréhension.
Rafael Ramirez paraît survoler la scène grâce au tempo de ses pieds qui donnent le tournis.
L'homme trône au milieu de la scène, tantôt dans la pénombre, tantôt sous la lumière tandis que les deux chanteuses lui tournent autour. Il est bon de rappeler que le flamenco est une expression artistique populaire de grande tradition, qui figure sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l'Unesco.
Ce soir, cet art populaire fut exprimé de façon moderne, sans fioriture mais en introduisant quelques accessoires pour enrichir le tableau et donner quelques clés de lecture à ces performances scéniques qui laissent entendre que quel que soit notre style, notre origine et notre recherche éperdue de la perfection, nous arrivons, au final à nous comprendre...