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Concert, «De Villa–Lobos à Jobim», au TNA

Samba et bossa nova en fête

Le maestro Salim Dada, accompagné de son orchestre, nous a permis de (re)découvrir les morceaux de deux compositeurs de génie, en étant accompagné aussi par la belle Hind Boukella, une «passionnée et amoureuse» d’un style bien particulier de musique…

Le Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi a accueilli; jeudi dernier, un concert de haute facture à l'occasion de la célébration du bicentenaire de la création de la République fédérale du Brésil. Sous la direction artistique et musicale du maestro Salim Dada, ce concert se déclina en trois parties.
La première partie a consisté à rendre hommage à Heitor Villa-Lobos 1887-1959). Ce dernier a été un des éléments les plus importants dans l'histoire culturelle et musicale du Brésil. Son plus grand héritage a été de libérer les arts et la culture des amarres de l'académisme, du parnassianisme et des modèles européens pour donner lieu à la construction d'une vraie esthétique nationale, dont la musique de Villa -Lobos. «Il a installé l'esprit national de la musique universelle de couleur brésilienne» dira Salim Dada. Auteur prolifique, Heitor Villa-Lobos détient pas moins de 1300 oeuvres de tous les styles, avec 12 symphonies, 17 quatuors à cordes, des opéras, des ballets, des suites, des poèmes symphoniques, des concertos, des oeuvres vocales, des pièces pour piano, de la musique religieuse et des musiques de film. «Il a surtout inventé une méthode de formation collective populaire dans le Brésil, dans les écoles... Il a rassemblé, une fois dans un stade, des dizaines de milliers de personnes qui
ont chanté en chorale ses morceaux».
Voyage entre complainte et méditation
Aussi pour rendre hommage à ce «compositeur important», Salim Dada donnera à écouter en préambule du concert, un solo de guitare intitulé «choro», un chant traditionnel plaintif brésilien. Le deuxième morceau joué fut une sorte d'évocation méditative intitulé «distribuiçao de flores», décliné en samba dans la rythmique, rehaussé d'un clin d'oeil à la musique aborigène amazonienne.
En effet, accompagné d'un flutiste, Salim Dada à la guitare tapote sur cette dernière en évocation d'un air, cette tradition initiale du Brésil. Suivra «Choro nu 5» baptisé «Alma Brasileira» qui traduit selon Dada «la complexité du Brésil, soit: entre le Brésil de Heitor Villa-Lobos et sa vision du romantisme brésilien», morceau interprété au piano par Hadjer Zouba. Suite à cela l'orchestre arrive sur scène sous la direction de Salim Dada pour exécuter deux morceaux aux airs lents et mélancoliques. Un «Bachianas brasilleiras nu 5» (Aria- Cantilena) et le numéro 4 intitulé Préludio- introduçao, qui sera appuyé notamment par les relents tristes de la guitare de Islam Meghiref et les notes vaporeuses du violon d'Anis El Amine.
À travers ces morceaux Villa-Lobos rendait à l'époque un hommage à la musique allemande polyphonique de l'âge baroque, en la mêlant à la musique traditionnelle brésilienne.
«L'idée est de voir comment l'élément de la bossa nova, sa rythmique va se mélanger avec les courbes de contre- points polyphoniques..;» dira Salim Dada en fin pédagogue comme dans une master-class.
La deuxième partie de la soirée sera l'apanage de Hind Boukella et sa formation «Alge Rio». Celle-ci est née l'an dernier dans le cadre du festival européen qui était placé sous le thème de «l'Algérie chante l'Europe».
Hind Boukella représentait le Portugal. Avec ses musiciens, Farid Mokkadem au nay, Koussaïla Adjrad au saxophone, Faycal Maâlam au piano, Youcef Bouzidi à la guitare basse, Rafik Kettani aux percussions et Nazim Ziad à la batterie, elle nous fera écouter grâce à sa belle voix suave un florilège de chansons des plus ensoleillées.
Le Brésil s'invite à Alger
Un cocktail de bossa nova qui ravira le public. Ce dernier interagira avec la chanteuse qui a su mettre le public en pleine effervescence l'invitant à l'évasion et au voyage. Hind rendra hommage aussi à son acolyte Nazim Bakour qui avait arrangé les morceaux et avec elle et avait beaucoup travaillé sur ce projet durant l'année, hélas absent ce soir car se trouvant en France dans le cadre d'une résidence artistique à la Cité des arts à Paris... La troisième partie de la soirée fera revenir le maestro Salim Dada qui accompagnera Hind Boukella sur des morceaux des plus sophistiqués de la Bossa Nova (qui signifie manière nouvelle), telle introduite par Tom Jobim (1927-1994), une musique qui a accédé à la postérité car elle va être rapidement exportée aux Etats-Unis. Elle sera aussi chantée, notamment par Frank Sinatra, Jobim ayant à peine une trentaine d'année à l'époque.
À noter que Tom Jobim a composé un grand nombre de chansons qui restent à la fois des classiques de musique brésilienne et des oeuvres standard de jazz. Il y a lieu de citer le titre «girl from Ipanema» qui compte au minium 300 versions. Un titre qui sera joué à la fin du concert. «Tom Jobim était un vrai poète. Si vous vous penchez sur ses textes c'est une beauté incroyable. Ce ne sont pas des textes sur l'amour, la mort, les pleurs, il y a autre chose autrement plus profonde. Ça parle du quotidien, parfois de choses absurdes. C'était un chanteur, poète, auteur et compositeur de génie...». Enthousiaste, Salim Dada, qui, rappelons- -le, a réarrangé l'orchestration des six morceaux choisis du répertoire d'Antonio Carlos Jobim pour l'occasion, remerciera l'ambassadeur du Brésil, pour ce beau cadeau qu'est ce concert qui lui a été proposé et qui lui a permis de rejouer des morceaux de sa jeunesse. Il formulera, par ailleurs, le souhait de voir ce concert se produire au Brésil...un voeu pieux qui, on l'espère pour lui, sera exaucé. Une façon de boucler la boucle, musicalement, au Brésil! O.H.

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