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Si Youcef Oulefki (poete)

Le compagnon de Si Mohand Ou Mhand

Si Mohand Ou Mhand est indéniablement le plus célèbre, le plus emblématique et le plus médiatisé des poètes kabyles anciens.

Mais d’autres poètes ont également marqué les esprits par leur œuvre et par leur parcours de vie. Malheureusement ils sont moins connus, mais ces derniers temps, de nombreux chercheurs et auteurs commencent à déterrer leurs œuvres poétiques pour la mettre à la disposition du grand public et la sauver de l’oubli. Parmi ces grands poètes, il y a Si Youcef Oulefki, qui n’était autre que le compagnon du géant Si Mohand Ou Mhand. Si Youcef Oulefki est un poète originaire du village Taourirt Amrane, près de Ain El Hammam. Le spécialiste de la poésie kabyle et auteur prolifique Mohand Ouramdane Larab précise que de par son nom Si Youcef Oulefki est rattaché à la commune de Ain El Hammam, où il est expressément écrit Lefki Youcef Ben Ahmed Ben Amar. Ce poète est né, selon Larab, aux environs de 1862, puisqu’ en 1891 il avait environ 29 ans, précise notre interlocuteur en se référant à l’acte de naissance N° 2106 de 1891. Fils de Ahmed et Lahcene Aziza, Youcef Oulefki naquit au village de Taourirt Amrane qui dépend des Ath Bouyoucef de l’ancienne commune rattachée au Djurdjura. Mohand Ouramdane Larab précise que Si Youcef Oulefki est élevé dans la famille des At Lefqi du village de Taourirt Amrane.

De la pauvreté à la poésie
At Lefqi qu’on retrouve du reste en de nombreux lieux, en Kabylie entre autres à Tamejout chez les At Menguellet, à Taqa des At Yahia, à At Yanni, à Tansawt, à At Iraten au village Tablabalt, à Souama qui fut parait-il le berceau de leur grand-père Sidi Hend Ulefqi, ajoute notre interlocuteur qui a réalisé des recherches sur ce poète. « Comme les jeunes de sa génération, notre poète a vécu une vie de villageois kabyle, avec à l’époque le drame de l’occupation coloniale française en cette région rebelle qui restait le dernier bastion de la résistance », souligne Larab en expliquant que Si Youcef Oulefki a vécu la pauvreté de tous les habitants kabyles de l’époque. Il avait comme progéniture, Larbi né en 1903, Aziza née en 1905, Ghezali né en 1921, et Chérif né en 1922. Qu’est-ce qui a poussé Si Youcef Oulefki à composer ses tout premiers poèmes ? Larab réponse que Larbi, le fils ainé de Si Youcef émigre en France, ce que le père ressentit comme une dure épreuve et le poussa à composer ses premiers poèmes et à réveiller la source de son inspiration. C’est donc la séparation d’avec ce fils aimé qui titillé la muse de Si Youcef. Tout comme la majorité des poètes de son temps, Si Youcef se décupla en pérégrinations à travers les villages, des régions où il fut toujours accueilli chaleureusement. Larab, prenant conscience de l’importance de l’œuvre de Si Youcef Oulefki s’est engagé dans le travail de collecte d’informations à son sujet auprès de Mahieddine Oussedik, appelé Mahieddine Amenguellat (1914-2001). Notre interlocuteur nous confie que Si Youcef était un poète réputé dans la région de l’ex-Michelet, à Taourirt Amrane. Son activité était la vente de tapis en alpha tressé au niveau des souks. C’était du reste pour lui l’occasion de rencontrer le grand poète Si Mohand Ou Mhand, à Aïn El Hammam, « chez Si Hamou Idir Sidi Saïd qui y détenait un café, comme rapporté par son fils Si El Ghezali Sidi Saïd au jour de notre rencontre à Michelet, en juin 1992 ». « Des paroles rapportées sur ces grands personnages, Si Youcef, Si Mohand Ou Mhend, Si Hamou Idir, de Si El Ghezali, nous retiendrons la grande complicité de Si Mohand et Si Youcef dans leurs pérégrinations de poètes en vadrouille à Aïn El Hammam et Tizi Ouzou », ajoute Larab. Ce dernier enchaine en précisant que Si Youcef Oulefki et Si Mohand étaient d’incroyables marcheurs à grands enjambées aussi bien de Tizi Ouzou vers Aïn El Hammam que des Ouadhias vers Aïn El Hammam.
C’est ce que la mémoire de Dda Mahieddine a retenu sur Si Youcef le poète dont il connaît encore près de 60 poèmes, présentés dans l’ouvrage que vient de publier Mohand Ouramdane Larab aux éditions « Imtidad ». Dda Mahieddine a recueilli les poèmes en question sur les lieux - mêmes où ils avaient été déclamés, lors de ses rencontres avec le poète. À l’époque où Mouloud Feraoun préparait son recueil de poésie sur Si Mohand Ou Mhend, il rencontra à Aïn El Hammam Si Youcef Oulefki, c’était dans le courant des années 1950, ce fut pour eux l’occasion de parler de Si Mohand Ou Mhend qui était son compagnon, témoigne encore Larab. Ce dernier révèle que l’autre témoin de Si Youcef Oulefki, fut Lhadj Elhanafi n Arus (Khouas El Hanafi ,1927-2001), qui était un chantre religieux qui se déplaçait beaucoup sur des sanctuaires. « De nombreuses fois, j’ai pris attache avec lui, à Larbaâ Nat Iraten : en août 1989, juin 1991, juillet 1992. Il se souvenait très bien de Si Youcef, puisqu’ils se rencontraient au sanctuaire de Cheikh Mohand Oul Hocine ou encore dans celui de Yemma Lmisoura aux At Menguellet ou encore à Souk de Tlata, à Souk Larbaâ aux At Yiraten, à Sebt El Khodja (Tizi Ouzou). Ces rencontres étaient naturelles puisque Si Youcef y venait vendre ses tapis en alpha de sorte qu’il était un habitué des marchés », ajoute Larab. Ce dernier cite aussi le célèbre interprète de chants religieux, autre témoin de Si Youcef Oulefki. Tahar Oussedik (1913-1994) du village At Sidi Said, ainsi que son frère, se souviennent bien de Si Youcef, notamment dans l’événement des At Kerrouch, événement où il fut cas, en 1937 de son emprisonnement à Ain El Hammam, qui a poussé Si Youcef Oulefki à composer une poésie au sujet du lion emprisonné.

De la complicité en périgrinations
Notre interlocuteur rapporte qu’aux yeux de l’écrivain Tahar Oussedik, Si Youcef Oulefki était aussi un homme de caractère très sociable. Il prenait la vie du bon côté, participant activement aux festivités notamment celles du tambour et se faisait toujours inviter à jouer. Parfois à son retour du Souk de Sebt El Khodja, il aimait passer la nuit chez des amis à Adeni et au village de Taghanimt où il a des liens de parenté avec la famille des At Ouyahia, comme il le fait aussi parfois à Aguelmim, Ikhlidjene chez les Ait Larbi, toujours selon les témoignages de l’auteur Tahar Oussedik. De son côté, le romancier Malek Ouary (1926-2001), écrivain originaire du village Ighil Ali des environs d’Akbou, fut aussi l’homme qui a rapporté son témoignage. Il était journaliste à l’Ortf, radio d’Alger où il a exercé dans les années 1940, beaucoup de poèmes de Si Youcef furent enregistrés.
« Malek Ouary avait même fait un écrit dans une parution au sujet de Si Youcef en l’agrémentant de sa poésie », rapporte Larab en ajoutant que Cheikh Ouarab Hocine (1920-2000), du village de Tiguemounine à Ouacifs, qui avait une émission à la radio-Alger dans les années 1950, avait fait part de son témoignage dans un enregistrement sur la poésie de Si Youcef Oulefki, qu’il détient de bonne source. « Dans le courant de 1994, Si El Hocine Ouarab, qui était membre d’une commission d’Identification des œuvres auprès de l’Onda, avec Lahbib Hachellaf, Abdelmadjid Balli, Guerroudj Rabah, Cherif Kheddam, Chabati Abdelouahab Salim, a promis de mettre à notre disposition une bande sonore, des poèmes de Si Youcef Oulefki, dans le but de lui rendre hommage. Ce vœu hélas ne fut pas exaucé en raison des événements qui ont secoué le pays. De sorte que Si El Hocine mourut avant qu’on ait eu le temps de nous rencontrer », regrette Larab. Il faut rappeler qu’un hommage collectif et grandiose avait été rendu à l’ensemble des poètes encore vivants du temps de Si Mohand Ou Mhend, à l’image de Si Youcef Oulefki, Lhocine n Adeni, Lhadj Mohand Ouachour Iazzouzen, par l’association « Si Mohand Ou Mhend » de Larbaa Nat Iraten du 20 au 22 août 1997. Le poète Si Youcef Oulefki est décédé le 1er août 1955.

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