24e édition du Festival européen de la musique
L’Afrique célébrée avec beauté
Une belle énergie régnait vendredi soir au niveau du Théâtre national algérien, Mahieddine Bachtarzy, grâce à un public en or qui a su interagir follement avec les deux formations artistiques que proposait la seconde soirée du festival…

La première partie de la soirée a été assurée par le couple d'artistes sénégalo-suèdois qui vit en Suède, Maher Et Sousou Cissoko qui joue de l'afro-folk, tout en distillant des sonorités reggae, soul et mbalax. Habillés d' une tenue traditionnelle algérienne, mais aux couleurs de la Suède (bleue) Sousou, et Maher à la kora, ont interprété moult chansons qui célèbrent l'amour et la paix, la mère et la patrie...Ils chanteront la liberté et ceux qui partent, tout en donnant des leçons de langue mandingue en musique et des informations sur la kora, qui se transmet, pour rappel, de père en fils. Ils rendront en outre, hommage aussi en chanson à Aline Sitoé Diatta, aussi appelée la «La Dame de Kabrousse», née en 1920 à Kabrousse, dans le sud du Sénégal, et morte en 1944 à Tombouctou, au Mali, une héroïne de la résistance sénégalaise et particulièrement de la Casamance contre la colonisation française. «Le voyage a été très dur, on a fait trois jours pour arriver à Alger... La musique ça ne se force pas, si les gens aiment ça, tu le sens direct! Dans nos chansons, on parle d'amour, de réconciliation, de nationalité et d'aventure...». Sousou a rencontré mon grand frère lors d'un festival. Il lui a dit de venir au Sénégal pour mieux apprendre à jouer la kora. C'est là où on s'est rencontrés... (...) On crée notre musique comme ça, ça vient par l'inspiration. Elle, à la guitare, puis moi à la kora et on compose comme ça. On chante en mandingue, en anglais, en français, en suédois etc», confie Maher. De la Gambie à la Suède, puis au Sénégal pour approfondir ses connaissances en kora, Sousou aura traversé de nombreuses aventures en effet avant de consolider enfin son amour pour la kora. Et finir par tomber amoureuse de Maher! Ainsi, à la vie, à la scène, la musique sans frontières va nourrir leurs âmes et c'est cette beauté qu'ils réussiront à transmettre, vendredi soir au public algérien. Car le public s'est vite attaché à cette formation qui a réussi à faire naître une belle complicité avec l'assistance. Suivra le chanteur Tommy Kuti qui mettra à son tour le feu à la salle Mustapha Kateb. Après le Théâtre régional de Tizi Ouzou où il s'est produit la veille, Tommy Kuti qui représente l'Italie, nous a plongés vendredi dernier dans l'univers de l'afrobeat au Théâtre national algérien. Tommy Kuti est non seulement chanteur, mais aussi créateur de contenu, écrivain, musicien, activiste et même comédien de théâtre. Ses textes abordent la vie avec ironie. L'artiste dira d'emblée chanter en Italie pour représenter les «gens noirs comme moi!». Il se dira être un mix entre l'Afrique et l'Italie puisqu'il est né au Nigeria et vit en Italie. Cette spécificité identitaire métisse, lui inspirera un morceau... «afro-italiano». Accompagné d'un Dj sur scène, Tommy Kuti fera vibrer la salle qui n'hésitera pas à se lever pour danser. «Le message du festival, c'est le dialogue entre l'Afrique et l'Europe, j'espère que vous allez partager cette musique et danser avec nous tous ensemble», dira en préambule Antonia Grandé, directrice de l'Institut culturel italien en Algérie. Le public ne s'est pas fait prier en tout cas, car la musique entraînante de Tommy Kuti a fait voyager le public aux confins du Nigeria en passant par Rome, avant d'arriver chaleureusement à Alger. Comme le veut la tradition, un algérien, percussionniste de son état, à savoir Abdelhakim Aït Aissa est venu rejoindre sur scène Tommy Kuti, dans une belle fusion des sons et des timpos. Le public composé majoritairement de jeunes, debout, ont exulté.
L'ambiance devenant survoltée, l'artiste a invité tout le monde à bouger, en lançant par moment des «one, two, three..?». Et le public de répondre en scandant, bien évidemment: «Viva l'Algérie!» Ce fut une belle soirée enchanteresse. Et le festival n'est pas fini, puisqu'il est appelé à durer jusqu'au 3 juillet prochain.