Arslane Boutmane, Directeur artistique de Voiles Beach Club
«Je veux faire découvrir les talents»
Qui ne connait pas les fameuses soirées estivales de musique électro, très branchées, au nom de «Duck it»? Leur promoteur n'est autre que le dj et directeur artistique de «Les voiles Beach Club», Reslane Boutmane, qui nous dévoile ici sa stratégie de promotion artistique, au niveau de l'hôtel Sheraton, ses projets, non, sans évoquer les difficultés, qu'il rencontre, en tant qu'organisateur événementiel dans
le secteur privé en Algérie...
L'Expression: Tout d'abord, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Reslane Boutmane: Je suis directeur artistique des «voiles» qui est un beach club depuis quatre ans, soit depuis son ouverture. La journée, ça nage et en soirée, ça fait la fête avec des évenemets à thème. On s'occupe de la direction artistique de l'hôtel. On essaye d'être éclectique et de faire plaisir à différents cibles de public. Que ça soit les jeunes qui écoutent de la musique électronique ou les familles, que ce soit du hip- hop, du old School, on essaye de s'adresser aux différents catégories de personnes pour pouvoir faire plaisir à tout le monde.
Un mot sur le programme artistique de cette année justement?
Ma stratégie en fait, comme je suis artiste à la base, c'est de faire découvrir de nouveaux artistes, voire des artistes pas connus. C'est important. Ramener un artiste booké, qui fait solde out et qui remplit, c'est facile! Tout le monde peut faire ça. Pour nous et, notamment par rapport à ce soir, où nous avons programmé Sofiane Saidi, nous avons misé sur le chalenge, de sorte d'éduquer les gens à de nouvelles programmations, sortir de la routine et donner la chance à plein d'autres artistes. En tant que directeur artistique, c'est une chance que j'ai, de pouvoir valoriser et de promouvoir un artiste qui n'est pas connu.
Nous sommes en plein milieu de l'été quelle est la programmation à venir?
On fait entre autres tout ce qui est «musique touarègue», Il y a lein de groupes touareggie. On a fait Rim K car ça reste un devoir et un respect par rapport à Tonton du bled. Par ailleurs, on aura prochainement le rappeur Tif, le chanteure et qu'on veut booster, mais aussi Djam... On programme aussi plein de DJs étrangers, internationaux et des locaux bien sûr. On booste la scène locale de musique électronique, ce qui est important. Cette dernière est en plein développement. On organise aussi des soirées «Classique rai», notamment avec Zahouania. On organise aussi des soirées kabyles et chaouies les cultures et faire plaisir à tout le monde.
En dehors de l'arrêt de certaines activités cultuelles, en soutien à la Palestine, bien entendu, on sent que le privé souffre beaucoup aujourd'hui. Il ya moins de concerts qu'avant. C'est dû à quoi à votre avis?
Ce que je trouve dommage en tout cas, en parlant de privé ou de l'état -car pour moi, c'est la même chose- c'est que malheureusement la musique électronique n'est pas tres considérée par le ministère de la culture. Notre mission en tant que privé est de booster la culture. Cela nous coûte très cher de le faire, par ce qu'on perd beaucoup d'argent, en ramenant des artistes. Nous n'avons aucune aide de la part des ministères etc. On le fait par passion et par devoir. On aspire aussi à ouvrir l'Algérie à l'international, car chez nous, il y a des stars qui se produisent, il a une scène de musique électronique, il y a des choses qui se passent. C'est ce qu'on veut transmettre comme message. Mais parfois je ne sais pas si on a assez de souffle pour tenir. C'est normal que le ministère de la Clture mette en avant d'autres cultures et d'autres styles musicaux et on respecte! Car c'est important. Mais je pense que nous, en tant que jeune, par ce qu'on parle aux jeunes, on sait ce que ces derniers veulent, je pense qu'on doit être aussi écouté par les autorités.
Ou cela coince d'après vous?
Il ya la partie financière qu'il faut assumer, c'est-à-dire être capable de perdre beaucoup d'argent. Tout le monde pense que l'événementiel, c'est du jackpot et qu'on gagne beaucoup d'argent. Cela fait 20 ans que je travaille dans l'événementiel et je peux vous dire qu'on perd beaucoup d'argent. Les gens croient que c'est un secteur très rentable, alors que pas du tout. Si on veut ramener des artistes internationaux, pour les convaincre, c'est déjà un peu compliqué. Il y a la partie «Visa» aussi à prendre en considération, par rapport à nos chers voisins... Un artiste international qui fait beaucoup de tournées n'a pas le temps de déposer deux semaines ou trois semaines avant son passeport, avec le risque, en plus, de se voir refuser le visa. J'en ai vécu des cas comme ça, une vingtaine de fois, des refus de visa! Aussi, on perd de l'argent, car on réserve des lieux, on booke du son, de la lumière et on se retrouve à payer des choses... On aimerait qu'on se fasse écouter déjà. Pour l'épanuissement de notre scène musicale, il est important que nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère de la culture et les différents départements dédiés où nous pouvons nous réunir, afin de trouver des solutions à toutes les entraves que nous rencontrons et ce soutien, nous, en tant que jeune promoteur artistique et artiste en même temps, nous boostera à la promotion de la culture musicale variée de notre pays. C'est important, car on reste des acteurs majeurs aussi. Comme je l'ai dit, on investit, on fait beaucoup de sacrifices et je pense qu'on doit être écouté et même consulté car on connait très bien le domaine, c'est notre métier. Je pense qu'on devrait être consulté. On devrait s'entraider, entre état et privé, ceci afin de construire une belle scène, à faire respecter l'Algérie à l'étranger, en l'ouvrant aussi à l'international surtout.
Quels sont vos projets pour les mois à venir?
On a fait l'année dernière «Atri festival» au désert. On a fait une fusion entre musique du monde et musique électronique à travers des résidences en collaboration avec des artistes comme Hasna El Bechariya, que Dieu ait son âme et là, on refait une deuxième édition en février prochain, soit en 2025. On est en plein préparation et ce, avec le soutien des autorités locales. On aura notamment l'artiste malien Cheikh Tidiane Seck. Des artistes de world music dont le style musical peut être facilement fusionné à de la musique électronique.
Notre but est celui là: Créer ce genre de résidence ou l'on fusionne musique électronique et musique du monde. La première édition a bien marché. Pour la seconde édition, on attend entre 2000 à 3000 personnes.