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Sofiane Saïdi, chanteur compositeur et producteur, à L'Expression

«J'ai toujours voulu faire de la musique de films»

L'Algérie a reçu cette semaine son attestation d'inscription du raï au patrimoine Unesco. Deux jours après, soit le samedi 29, Sofiane Saïdi est invité à se produire à l'opéra d'Alger faisant de lui le premier artiste chanteur raï à se produire sur cette scène! Avec lui, le groupe El Dey était invité également à mettre le feu. Et quelle soirée! Seul aux platines, Sofiane Saïdi a fait vite monter la température dans la salle, poussant le public a quitter ses chaises pour se déhancher. De khaled à Hasni, en passant par «Mimouna» ou encore ses propres compositions comme «Leïla», Sofiane Saïdi a mis le public et surtout ses fans à ses pieds. Celui qu'on appelle le prince du raï 2.0 est revenu dans cet entretien sur son parcours, sa musique, qui allie le raï ancien à la musique électronique, tout en nous dévoilant ses projets. Si le concert vous a semblé bien court,bien que magnifique, sachez que Sofiane Saïdi sera à nouveau à Alger le 15 juin et ce pour animer un nouveau spectacle au Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi, et ce dans le cadre du mois culturel européen. À ne manquer sous aucun prétexte!

L'Expression: Ce soir vous vous êtes produit sur la scène de l'opéra d'Alger qui est en soi un événement, ceci de un. De deux, le contexte lui aussi est important puisqu'il intervient dans le cadre de l'inscription du raï à l'Unesco avec la remise de l'attestation qui confirme cette attribution. Ça fait quoi pour un artiste qui a été souvent marginalisé ou qui a mis plutôt du temps pour se faire reconnaître dans
son propre pays d'origine l'Algérie?
Sofiane Saïdi: Je ne suis pas rancunier. Les gouvernements changent, les pouvoirs changent et nous on reste. C'est un fait. Aussi loin que je m'en souvienne, il y avait Boumediene, après Chadli et plus tard peut être même des Martiens qui vont diriger l'Algérie! Ce que je veux dire est que d'abord je ne suis pas rancunier et puis je pense que je n'étais pas encore prêt et voire même, eux ils n'étaient pas prêts à me recevoir. Il fallait peut-être que je travaille un peu plus pour pouvoir jouer ici. Apres, les choses se font d'elles-mêmes.

Il faut reconnaître que vous avez la voix d'un vrai raïman, ça s'entend, on le sent dans vos phrases lyriques imbibées de souffrance, de complainte, mais au niveau du rythme vous avez introduit un son nouveau c'est ce qui plait aujourd'hui chez la jeunesse, c'est ce mix entre la musique électronique aux chansons du patrimoine. Certes, c'est devenu une mode, mais vous-mêmes comment vous êtes arrivé à ce stade là de ce genre musical?
Aujourd'hui il est vrai qu'il y a des gens qui découvrent cet espèce de son via Dj Snake par exemple, ils pensent qu'il l'a inventé, comme si il avait fait une révolution en inventant un truc. En fait, ce son là, existe depuis longtemps. Je pense qu'un mec comme Rachid Taha, même s'il ne faisait pas du raï, il a en tout cas vraiment essayé des choses.
Des fois des choses qui ont bien marché et d'autres qui ont moins bien marché mais en tout cas il a essayé. Moi, ce truc-là me vient de l'époque des années 1990 quand j'étais en Angleterre, à Bristol quand j'ai rencontré toute la bande de Transglobal Inderground où j'ai vu le groupe Massive Attack jouer devant moi alors qu'il n'était pas encore hyper connu.J'ai vu Tricky jouer, j'ai vu des gens jouer ce son-là devant moi et c'est là où l'envie est née de faire du raï en le mélangeant à de la trip hop et de la jungle. Je me souviens qu'en 1997, un journaliste avait titré sur moi en ces termes: «Sofiane Saïdi le raiman trip-hopeur». J'ai essayé cela à l'époque, mais les gens ne comprenaient pas forcément. Beur FM m'avait carrément fermé la porte. On trouvait mon son hyper bizarre. Cette chose-là, me vient donc depuis longtemps. Je crois que c'est comme une espèce de chercheur d'or. Lui il est persuadé qu'il y a de l'or quelque part et personne ne veut le croire.
Au bout de 30 ans, il finit par trouver et cela après avoir perdu tous ses associés et contributeurs. Eh bien, il m'est arrivé un peu ça, c'est-à-dire que je suis resté seul cramponné sur cette barque-là et j'ai continué à chercher et à travailler surtout, c'est ce qui a fait que c'est devenu mon son aujourd'hui..

En collaboration avec Mazalda, Acid-Arabe...
C'est Très important car la musique est faite pour être partagée et surtout qu'on ne peut pas travailler tout seul. Je suis chanteur et producteur aussi. J'ai mis longtemps avant d'assumer cette étiquète de producteur mais je compose aussi, j'arrange, donc je produis automatiquement. les collaborations c'est toujours bien car être tout seul dans sa pièce en train d'essayer des idées, c'est compliqué. On essaye toujours de s'entourer avec des gens qui te font avancer. Sur ce son-là en tout cas.

Aujourd'hui vos musiques sont reprises dans certains films. Ça fait quoi de voir ça?
Effectivement, il y a même un feuilleton danois qui passe sur Netflix, qui a pris ma musique.. J'avoue que même à l'époque quand je faisais de la musique j'ai toujours rêvé de faire de la musique de films. J'ai toujours eu envie de faire de la musique de films, car avant de composer, j'ai toujours des images. «El Mourdjane» je l'ai composé comme ça, «Ndjoum», je l'ai composé comme ça également. Que cela arrive maintenant et que je devienne aussi compositeur de musique de film, c'est satisfaisant, car je n'ai pas envie de devenir un vieux chanteur, à contribuer à chanter à 80 ans..J'aimerai bien passer petit à petit à la composition de musique de films. C'est bien que ça arrive aujourd'hui.

Cette année vous allez justement participer au festival de Cannes grâce au film
«Omar la Fraise» qui sera projeté en sélection officielle Hors Compétition lors d'une séance de minuit au prestigieux festival de Cannes...
C'est la première fois que je compose pour un film. ÇCa été long pour pouvoir trouver le son qu'il fallait pour ce film. J'ai vraiment pris du plaisir à le faire, à toucher à cette expérience-la. J'ai travaillé essentiellement sur le scénario au départ. J'ai fait cela pendant deux ans. Les trois quart des idées ne sont pas passées à la trappe, mais elles ont été revues. C'est en fait le réalisateur Elyas Belkedder qui m'a contacté via la boîte «Deux horloges Production». Ils ont donc tourné le film en Algérie avec 90% d'acteurs algériens dont Meriem Amiar qui crève l'écran et qui va être à coup sûr une grande révélation en France et sur le plan international. Apres, quand j'ai travaillé sur les images, c'était beaucoup plus facile. Finalement, je n'étais pas loin de l'ambiance que j'ai créée, entre le scénario et l'image.

Aujourd'hui vous allez composer pour «Un jeudi moins le quart à Alger», le prochain film de Sofia Djama. Un mot là-dessus...
Sofia Djama est complètement possédé par son travail et ça c'est génial. Elle a une vision de ce qu'elle veut entendre et elle me l'a bien expliqué. On en parle depuis un certain temps. Je lui ai fait des proposions de couleurs.
On est tombé sur quelque chose, mais c'est hyper éclectique ce qu'elle veut dans son film. Parce qu'elle veut à la fois le son des choeurs de l'Armée rouge, du raï, du Super Tramp, les Pink flowd. C'est cette espèce de mélange qui compose la bande originale de son film. C'est aussi son goût musical qu'elle veut transmettre dans son film.
Aujourd'hui j'aime évoluer dans la musique de film. C'est un exercice très particulier qui me plait bien

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