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Hakim Hamadouche, chanteur du groupe l’Armée mexicaine, à L’Expression

«Il faut perpétuer la parole de Rachid Taha»

La troisième soirée du Festival européen de la musique a vu se produire deux formations dont le point commun est la revendication politique pour la résistance par la culture et davantage de tolérance. «Avec tous les conflits et les guerres qui se passent dans le monde, l'être humain n'a pas appris ses leçons. La culture nous unis et nous rapproche et les conflits nous écartent et nous séparent...», dira le leader du groupe Moussa Diallo trio, en faisant allusion à la triste tragédie qu'a vécue son pays d'origine le Mali, lui qui vit aujourd'hui au Danemark, non sans évoquer aussi l'Algérie qui est passée par les mêmes années de terrorisme. Un autre point est celui de la transmission, puisqu'il écrit des contes pour enfants, pour leur inculquer les valeurs anciennes, tout en chantant dans sa langue natale. Cette seconde formation qui est passée en deuxième partie de la soirée en représentant la France, n'est autre que l'Armée mexicaine. Feu Rachid Taha avait surnommé son groupe ainsi, en référence aux solides musiciens qui l'accompagnaient depuis toujours et qui ont décidé de poursuivre l'oeuvre entamée depuis toutes ces années avec leur boss disparu en septembre 2018. Avec des musiciens hors pair, voire déjantés, à la guitare et à la batterie, l'Armée mexicaine a été rehaussée à la voix par la chanteuse tunisienne Nawel Ben Kraiem, Julien Jacobe et l'artiste algérien Hakim Hamadouche, dont la voix chaâbie mais rock aussi invoquait parfois l'âme de Taha, presque en l'incarnant...Sur scène, de nombreuses chansons des plus connues aux moins connues de Rachid Taha ont été interprétées devant un public en délire. On citera Je suis Africain, Ya rayeh, Rock the Casbah, Guereb guereb, ou encore Voilà, voilà. Les riffs de guitare électrique volaient haut dans l'atmosphère, mettant en liesse le public en accord avec le rock en fête! Dans cette interview, il nous parle justement de son devoir de perpétuer la mémoire de Rachid Taha et son patrimoine musical plus que d'actualité...

L'Expression: Ça vous fait quoi de continuer à chanter le répertoire de Rachid Taha alors qu'il n'est plus là?
Hakim Hamadouche: C'est d'une importance vitale de perpétuer sa parole, son message qui est plein d'amour, de force, d'humanité. C'est important pour que les jeunes sachent ce que Rachid a fait. On garde ça, comme un hommage, à chaque fois qu'on a l'occasion, on montre le travail de Rachid Taha, on perpétue sa mémoire et la mémoire c'est tellement important, surtout en ce moment, ce n'est pas facile, le message qu'il véhicule est tellement important qu'on se doit de le perpétuer...

Et de revenir jouer en Algérie?
Quand on joue en Algérie, c'est toujours avec une grande émotion. J'ai le trac aussi parce que c'est mon pays. Je n'ai jamais joué sur une scène nationale quand j'étais là. Je jouais dans les mariages et là, je retourne jouer dans une salle. Avec Rachid c'était ça...c'est merveilleux de revenir et de jouer dans de grandes salles. Il faudrait que les jeunes sachent ce que véhicule cet artiste qu'était Rachid Taha comme force et comme énergie positive à tous les étages...

On n'en fait plus des comme lui...
Non! Il était tellement libre, Rachid Taha était trop libre.!Rachid Taha était un tout. C'était un cocktail explosif, doué d'une intelligence incroyable, d'une culture! un intellectuel. C'était une éponge. Il connaissait tout sur le cinéma, l'iranien, le turc, le japonais, les premiers westerns. C'était un fou!

Les chansons de Rachid Taha sont plus que jamais d'actualité? Le message est politique, est-ce que vous le revendiquez?
Bien sûr. Plus que jamais. D'ailleurs ses chansons qui ont 20 ans, 25 ans, sont toujours d'actualité, notamment avec Voilà, voilà ça recommence. Cela fait 25 ans que Rachid Taha a fait cette chanson. Il faut continuer le combat en allant voter... Rachid et moi, nous avons travaillé ensemble depuis 1992. C'était comme un frère. On a passé 28 ans ensemble. On faisait partie presque de la même famille. On a enregistré plein des morceaux ensemble, la nuit on jouait ensemble... 

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