Gala explosif de Massa Bouchafa

Très surprise, Massa Bouchafa l'était face à un tel engouement de la part de son public féminin. Heureuse aussi, et elle n'a pu le cacher. «C'est la seule chose qui peut rendre un artiste heureux, se retrouver face à un public aussi merveilleux et animer un tel spectacle», a affirmé, toute émue, Massa Bouchafa au terme de sa prestation magistrale. Il est treize heures et la salle était archicomble depuis un bon moment déjà. N'eut été la grande expérience et la mobilisation de tout le personnel de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou et plus particulièrement ceux de la grande salle de spectacle, les choses auraient pu être hors de toute maîtrise.
Le nombre de femmes ayant afflué pour assister à ce gala de Massa Bouchafa dépasse de loin les capacités de ladite salle. Même en occupant tous les espaces secondaires, comme les marches et les allées, il est impossible de faire rentrer toutes ces femmes voulant ne pas rater ce come-back avec cette chanteuse qui avait marqué de fort belle manière la chanson kabyle, dès son lancement à la fin des années quatre-vingt et au début des années 90. Il fallait donc que le spectacle commence malgré l'absence de la majorité des femmes restées en dehors de la salle, déçues de ne pas avoir réussi à y accéder. Ce qui relance de nouveau le débat sur la nécessité impérieuse de doter la wilaya de Tizi Ouzou d'une salle de spectacle grandiose dotée d'une très grande capacité pour éviter que ce genre de scénarios ne se répète à l'infini.

Un public cent pour cent féminin
On l'a vécu lors des deux galas animés par Farid Ferragui les 6 et 7 janvier dernier dans la même salle ainsi que lors du spectacle de Yennayer animé par Mohamed Allaoua à la salle omnisports Loucif-Hamani où la majorité du public n'a pas pu y assister faute de places libres. Quant à Massa Bouchafa, revigorée sans doute par son public 100% féminin, elle a donné le meilleur d'elle-même en interprétant ses plus beaux titres sortis tout au long de sa longue et réussie carrière. Des chansons, composées par Mhend, son époux et manager, musicien et poète, qui a su toujours être à la hauteur des attentes des fans.
En effet, les chansons qu'interprète Massa Bouchafa sont toujours marquées par des innovations sur le plan thématique. Il y a eu constamment, tout au long de sa carrière, de nouveaux angles d'attaque et des manière inédite d'aborder les sujets généralement sociaux traités dans ses chansons.
La relation entre l'homme et la femme, la condition, les droits et la place de la femme dans la société, l'amour, la séparation, l'identité amazighe, les traditions...

Retour aux sources et modernité
Quant à la musique, il s'agit d'un retour aux sources tout en l'adaptant à la modernité et aux nouvelles sonorités.
Un mariage parfait et sans fausse note entre l'ancien et le nouveau donnant des mélodies exquises comme on a eu à le vérifier lors de ce gala mémorable où les admiratrices de Massa Bouchafa répétaient par coeur l'intégralité des textes des chansons interprétées. Même des femmes très âgées, présentes dans la salle en force, se sont mises de la partie en chantant en choeur avec l'idole de leur jeunesse. Il y avait, en effet, dans la salle, des spectatrices de toutes les générations, de 7 à 77 ans. Massa Bouchafa a traversé plusieurs générations de fans, plus de trente ans de carrière, ce n'est pas peu. Le public demandait, avec insistance, que Massa Bouchafa leur interprète telle ou telle chanson, restée dans leur esprit malgré le temps qui passe, ou encore d'interpréter un titre qu'elles affectionnent le plus. Des chansons qui ont marqué les esprits comme Ma tufid, Chah yehwahi, Iruh yedjayi, Brighak, etc. ont été merveilleusement déclamées par une Massa Bouchafa plus talentueuse que jamais sur scène. Ce spectacle réussi sur tous les plans encouragera sans doute Massa Bouchafa à rebondir une deuxième fois à Tizi Ouzou, mais aussi et surtout à envisager une tournée dans les autres villes algériennes où elle est sans doute attendue par une infinité d'autres femmes qui l'aiment autant que celles de Tizi Ouzou.