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Soirée courts métrages à l’Institut français d’Alger

Du cinéma entre pertinence du sujet et l’émotion

Les amoureux du cinéma et particulièrement du court métrage se sont déplacés en force, lundi dernier à l’IFA afin d’assister à la projection de cinq films aux regards et sensibilités différents…

«Toute la nuit» de Fayçal Hammoum (17', 2021), nous racontera la traversée nocturne de Louisa, à savoir la comédienne Hajar Bali, à travers la ville. Cette dernière apparaît à la sortie d'une gare du centre-ville. Elle marche en placardant des avis de recherche. Elle bute parfois à des obstacles. Elle plonge, fantomatique, dans l'obscurité de la ville. Commence alors dans les ruelles de la capitale une longue nuit d'errance. Louisa semble être seule au monde, gravite autour d'elle son mari alias Abdellah Aggoune et Mina Lachter qui joue le rôle de l'amie de sa fille, portée disparue. Silencieuse, armée de patience et le regard hagard, Louisa semble porter le monde sur ses épaules. Elle est dans une situation de déni, refusant de croire qu'elle ne verra plus sa fille...le froid qui émane de cette ville, la nuit, finit par accentuer ce sentiment de malaise et surtout de mélancolie qui plane au-dessus de cette femme, quand tout semble être serein dehors.
Les rues quasi vides, les murs du foyer même qui séparent Louisa de son mari, soulignent ce rempart ou le fossé qui existe entre la maman et les autres. Faycal Hamoum réussit, en effet, à capter le bruit dormant de la société quand le coeur meurtri d'autrui est en éternel éveil...De son côté,
«Déboussolé» de Youcef Mansour (11', 2023, Alg) donne à voir et à ressentir à nouveau cette facette du désenchantement, mais d'une autre manière, autrement plus politique et sociale que sur un plan personnel, tel qu'il est brossé dans le précédent film. Dans celui de Youcef Mansour, les déboussolés sont Brahim et Karim, deux amis d'enfance, qui planifient de fuir l'Algérie, mais l'arrivée du Hirak va remettre en question tout leurs plans.
Les choses prennent une nouvelle tournure. Si l'un, refuse de partir au départ, l'autre en sortant de prison décide de rester, quitte à échouer, mais non sans avoir essayé de résister chez lui et pas ailleurs.
Caméra coup de poing
L'originalité de ce film est le débat contradictoire qui se met en place et qui se veut juste et concis, un dialogue qui est loin d'être péremptoire, mais qui laisse libre cours à chacun de donner sa vision des choses, sans juger ou tomber dans le moralisme politique niais et primaire. Autre particularité de ce film est l'unité de l'espace qui domine l'axe du dispositif filmique, ramenant ainsi nos deux antagonistes toujours au même lieu, un an après pour revoir leur vision des choses quand à leur avenir dans ce pays.
Un film intéressant, qui, pour une fois, porte un regard objectif, mais tout aussi intransigeant sans être pour autant objecteur de conscience.
Les deux comédiens choisis pour incarner ces deux amis sont Slimane Bounouari et Ali Namous, deux grands acteurs au long cours qui «portent» véritablement ce film avec brio. Leur regard perçant et profond y est aussi pour quelque chose...
Un film des plus énigmatiques, cette fois, est «#31#» de Ghyzlène Boukaïla. D'emblée, nous sommes introduits dans un lieu délabré, fantomatique, quasi apocalyptique.
«Au large de ce lieu en reconstruction, une voix, dont on ignore la source, surplombe la ville et sonne comme une injonction», dit le synopsis.
En effet, cette voix qui résonne dans la nuit a des allures d'un prêche dictant sa voie autoritaire. Au milieu de ce tumulte blafard et sombre, des lumières surgissent. Face à l'injonction qui vient du dehors et qui surplombe le monde comme une sorte de vérité divine, le raï effronté et insolent du Cheikh Mourad Djadja persiste et signe.
La caméra de Ghizlane nous introduit dans un monde autrement plus coloré, vivant! L'artiste chante et danse, entouré de badauds dans un plan séquence interminable, éprouvant mais sans doute nécessaire pour déstabiliser le spectateur et le faire sortir de ses retranchements, le poussant à réfléchir, à se poser des questions. La chanson est une complainte où le raïman déverse tout son spleen...
Esthétiquement votre
Et de se rendre enfin au taxiphone pour former un numéro de téléphone en appel masqué.. Pour info, l'artiste a longtemps chanté avec cheb Abdou. Si le film ne dit pas les choses frontalement, il semble faire passer un message en filigrane, faisant sortir ici de l'anonymat des individus à l'identité hybride que l'on ne croise pas toujours le jour.
Le récit ouvre une brèche de l'obscurité vers la lumière dans une parabole tout en intimité et en pudeur. «Djamila fi zaman El Hirak» de Abderrahmane Harrat (7', Doc court, 2021) est pour sa part, un documentaire qui dresse le portrait d'une femme SDF à l'ombre du Hirak et de ses idéaux charnières.
En effet, avec l'avènement du Mouvement populaire algérien «Hirak», souffle le vent du changement, le film nous raconte l'histoire de Djamila, une femme algérienne «SDF» tout en plongeant dans la réalité de sa souffrance quotidienne et sa tragédie après qu'elle s'est retrouvée dans la rue, Djamila retrouve dans le «Hirak», un espoir pour faire entendre sa voix...ce film poignant, a reçu pour rappel de nombreux prix dans différents festivals que ce soit en Algérie ou à l'étranger pour la pertinence du sujet abordé et la qualité de sa démarche filmique. Enfin, «Achewiq, le chant des femmes courages» de Elina Kastler (16', 2023) clôt cette soirée de courts métrages.
«La Kabylie incendiée. Les lambeaux des oliviers bru^le´s surplombent les montagnes. Au milieu de ces ravages, des femmes chantent. Leur chant ancestral, Achewiq, sublime les souffrances. Avec simplicité´, le quotidien des femmes de Sahel se dévoile: au travers du rire et de la joie, elles parviennent a` surmonter toutes ces peines.
Les cendres de la terre bru^le´e vont devenir des germes a` fleurir.» dit le synopsis de ce film tellement attachant qui dévoile ainsi des femmes tout à fait belles et généreuses dans leur simplicité à se livrer sur leur vie, avec sagesse et philosophie tout en chansons ou au sein de leurs maisons, lorsqu'elles se mettent à rire et à jouer...Entre rire et larmes, ce film est un hommage que rend la réalisatrice à ses origines kabyles, la caméra devenant son regard en créant cette intimité avec ces femmes qui l'ont éblouie, devenant à ses yeux, toutes un peu sa grand-mère, d'où l'envie de rallonger le film en un long métrage qui ne parlera pas forcément de la même chose, mais tout en gardant les mêmes antagonistes. Ces dernières étaient présentes avec leurs jolies tenues kabyles, lundi dernier à l'Institut français d'Alger, où le public est venu en force apprécier ces jolis bijoux cinématographiques. Rendez-vous pris pour le 19 avril prochain pour la seconde soirée dédiée au court métrage!

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