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77e Festival de Cannes/«Together, again» (Paul Schrader)

Des «monstres sacrés» sur la Croisette

Les lampions brillent et le feront de plus belle lorsque Coppola, Lucas, Schrader, graviront les fameuses marches...

L'ambiance était presque délétère que la veille du D-Day, aurait pu s'intituler «La nuit des longs couteaux», mais n'est pas Visconti qui veut... Les «Damnés» que même certains quotidiens bien installés sur la place, ont cru pouvoir jeter en pâture, en révélant des noms de harceleurs sexuels, ont vu leur pétard piteusement mouillé par la fine pluie qui tombe sur la Croisette.
La nature de ce name dropping annoncé depuis des semaines et qui devait pulvériser le palais du festival était pourtant identifiable d'avance. Le procédé aux relents d'extrême-droite ne pouvait berner que ceux qui sont frappés d'amnésie. Et pourtant, des journaux qui ont pignon sur rue, sont allés jusqu'à inventer une interview de Iris Knobloch, la présidente du festival, dont le délégué général, Thierry Frémaux a démenti ctégoriquement l'existence, lors de sa traditionnelle conférence de presse d'avant l'ouverture! Pourtant il y avait de l'info avérée, par ailleurs, recoupée comme il se doit et qui décrivait avec force détails, les procédés usités par des prédateurs du milieu (producteurs, cinéastes, entre autres) pour arracher à des jeunes actrices et à des jeunes acteurs, ce qu'ils ne pouvaient obtenir de manière consentie... Depuis ces femmes, surtout, reconnues depuis par la profession, ont décidé de parler, de dénoncer et d'exiger justice, sans esprit de vengeance ou de haine. Et ce qui frappe, dans tout ça, c'est le sang-froid avec lequel le festival semble gérer cette déferlante médiatique. Ce qui ne veut pas dire que l'insouciance était de mise, jusque-là. Le sang d'encre a bien dû couler pendant longtemps.
Pour l'heure, les lampions brillent et le feront de plus belle lorsque Coppola, Lucas, Schrader, graviront les fameuses marches, comme s'ils remontaient le temps, vers un passé qui a fait le bel âge du cinéma des seventies, labellisé alors le «Nouvel Hollywood», qui entrait en résonnance avec la Nouvelle Vague française, qui révolutionna et en son temps, aussi bien l'écriture que la mise en scène.
Cette semaine donc F.F. Coppola, Paul Schrader, George Lucas, seront «together again» («de nouveau ensemble») comme l'avait mentionné Schrader sur son instagram, il y a un mois, en publiant une photo «collector», à Cannes en 1985, prise après la présentation, de «Mishima, a Life in Four Chapters» réalisé par Paul Schrader et sur lequel Francis Ford Coppola et George Lucas étaient producteurs délégués.
Les trois cinéastes se retrouveront, en Compétition, cette année sur la Croisette: F. F. Coppola avec «Megalopolis», Paul Schrader avec «Oh, Canada» et George Lucas pour recevoir une Palme d'Or d'honneur... Tout cela et bien d'autres importants rendez-vous, du moins sur le papier, seront l'occasion de prendre le pouls du cinéma du monde, qui semble battre la chamade, et de plus belle, surtout depuis l'annonce que la salle de cinéma a retrouvé ses couleurs d'avant Covid, remettant dans leurs cases, les plates- formes qui croyaient dur comme fer, cannibaliser à l'extrême le grand écarn. La nouvelle est tombée la veille du festival. «Les ´´streamers´´ ont mangé leur pain blanc, ils étaient attractifs quand la planète entière était confinée», avance un spécialiste appuyant ainsi l'analyse de Michael O'Leary, président de l'Association nationale des salles de cinéma aux USA, pour qui «un film d'abord diffusé exclusivement en salle aura par la suite davantage de succès en streaming, (...) reléguer des films réalisés à coups de budgets colossaux directement sur une plate-forme de streaming ne constitue pas un business modee durable».
Pour l'heure, dans la grande salle de l'auditorium, le film d'ouverture «Le deuxième acte» de Quentin Durieux, une sorte d'avers de son compatriote Michel Gondry, aura fait le show, avec son treizième film. Dupieux qui se veut fantasque - sans se l'avouer- a présenté une sorte de montage d'essais de séances de castings (mieux filmés quand même). Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de pensée, bien au contraire, mais elle semble rouler en roue libre. Et du coup on se souvient que son troisième film «Rubber» (2010) racontait l'histoire d'un... pneu, serial killer!
Sans chambre à air. Alors que son dernier opus ne manque pas d'air, par contre.
Et les acteurs qui campent, une situation de tournage, aussi. Ils semblent gonflés à l'hélium. Ce qui sauve la mise pour ce Lucky Luke, un film par an, treize au compteur. 

De Quoi j'me Mêle

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