Malédiction paternelle
Le fléau de coups sur ascendants, ne veut pas quitter notre société, malgré le poids des... coups des magistrats qui appliquent sévèrement pourtant la loi, dans toute sa rigueur!
Attention! Cette chronique repose sur un ascendant qui s'est plaint auprès du parquet du coin, lequel a vite réagi, et convoqué pour des éclaircissements, en présence de la victime. Jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas eu de «désistement» du père, tristement malmené par son fiston.
Voilà un garnement de 29 ans, père d'une fillette de six ans, qui est debout péniblement face à la jeune juge du tribunal, qui n'était pas disposée à perdre du temps et de la salive, car elle a tous les éléments sous les yeux, outre la présence du vieux papa, victime de la grosse raclée qu'il reçut de la part de S.M.
Cet enfant «maudit»
(le terme est du père-victime) qui était dans un état, on ne vous dit pas! Ceci n'a pas empêché la victime d'être volubile dans sa déposition, demandée par le tribunal. Il avait le coeur plein, et nous aurions parié nos honoraires, si nous vous racontions que le vieillard n'avait pas la langue dans la poche: «Ma fille, laissez vider mes tripes, car ce garnement a voulu jouer au cowboy avec moi. Il a profité de la maladie pour se ruer sauvagement, sur moi, et me rouer de coups. Même l'intervention de mes deux filles ainées, ne l'ont pas arrêté. Il a fallu que ce soit Abdelhalim, le fils de mon ami d'enfance et voisin, s'en mêle pour qu'il cesse de me battre et je...
--Mais pourquoi donc ce châtiment?» coupa intempestivement la magistrate, qui avait senti chez le représentant du ministère public, la même envie de savoir le pourquoi de ces coups! LL'inculpé leva l'index, en se faisant tout petit. Il s'épongea le front à l'aide du dos de la main gauche, récita un verset du Coran, et déclara tout de go qu'il était d'abord désolé que la famille soit face au tribunal, chose qui ne nous est jamais arrivée, puis dit c'est la faute de la cupidité du père que le malentendu est née.» Ici, la juge se fâcha une seconde, hocha vivement la tête, avant de lancer: «Et voilà, vous venez d'ajouter une autre infraction. Vous venez de parler du papa, en le qualifiant de cupide. Votre père refuse de vous donner? Il en a le droit. Vos êtes marié, que vouez - vous?
Non seulement vous n'avez pas honte de battre votre ascendant, mais encore vous l'insultez publiquement, et à la barre! Ce n'est pas gai comme défense, d'autant plus que vous n'avez pas de défenseur.» Dit d'un trait, la présidente qui venait d'annoncer si on veut dire, le verdict. Dans la salle d'audience, il y avait aussi les deux soeurs ainées de S.M. l'inculpé, elles aussi se trouvant dans une position déséquilibrée, vu que le papa avait des marques et pansements, partout dans un corps chancelant, et que le frangin, détenu car le procès en était à son troisième report. Une scène à ne pas souhaiter aux familles pacifiques, qui vient soudain surgir un «ogre», prêt à bouffer tout le monde à la maison.
En effet, un jeune homme rangé qui passe du statut de «poupon» à celui d'agresseur, pour une question de fric, était quelque chose d'anormale, en ces temps d'une entrée sociale où tout avait prévu, pour que la société algérienne continue son petit bonhomme de chemin. Et pourtant il y a pas mal d'exceptions!
De temps à autre, il nous arrive de couvrir ce genre de délits, qui fait un ravage dans les rangs des familles portant, dites «bien». «Coups sur ascendants» fait prévu et puni par l'article 267 du code pénal qui dispose (Ordonnance N°75-47 du 17 Juin1975) dans ses alinéas 1 et2.
La présidente de la section correctionnelle du tribunal savait à qui elle avait affaire. C'est dans cette optique qu'elle n'a pas permis de dérapages, comme celui des deux soeurs qui ont maudit le cadet, à voix haute, avec des termes acerbes et violents, à telle enseigne fut poussée à inviter les soeurs - auteures de ce fâcheux geste, à prendre la porte de la salle d'audience, et du tribunal. Elles suivront les péripéties du procès, via la cousine qui les informeront, à partir du voisin, attablé à la cafétéria d'en face. Il y a, comme ça, de drôles de situations à la limite du burlesque! Il est tout aussi vrai que depuis l'exclusion des deux perturbatrices, les débats de déroulèrent beaucoup mieux.
Après un long réquisitoire, le procureur réclama une peine d'emprisonnement de cinq ans fermes. Après avoir transcrit le dernier mot de détenu, la juge condamna S.M.A la peine demandée par le parquetier. Personne dans la salle d'audience n'eut un le plus petit des regards, pour le frais condamné, qui savait désormais.