Le Maroc face à la réaction algérienne
Félonie. L'Algérie vient de décider de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc suite à l'implication des deux mouvements terroristes, soutenus publiquement par le Makhzen, qui ont incendié nos forêts et assassiné le jeune Djamel Bensmaïl. C'est la goutte qui a fait déborder le verre car, en réalité, l'Algérie a été d'une grande patience devant les agissements marocains. Lamamra a précisé qu'elles durent depuis l'indépendance de l'Algérie. En remontant le temps, on comprend mieux les visées expansionnistes du royaume marocain. Voilà un Etat, le Maroc, qui était conscient des efforts de reconstruction que devait fournir son voisin, l'Algérie, qui, en 1962, venait à peine d'accéder à l'indépendance. Contrairement à l'Algérie, le Maroc n'a jamais connu les affres de la colonisation ni ceux de l'annexion subi par l'Algérie. Tout au plus avait-il connu quelques restrictions de liberté que pouvait lui imposer le protectorat français. Il a pu, ainsi, sans faire la guerre, négocier la fin du protectorat en 1956. La France avait besoin de rassembler toutes ses forces pour combattre les Algériens qui, eux, faisaient la guerre pour se libérer de l'implacable domination d'une armée coloniale française qui avait envahi leur pays en 1830. Ce qui permet de dire que l'Algérie a aidé le Maroc à obtenir son indépendance. Et qu'avons-nous obtenu en retour? Une agression militaire du Maroc quelques mois seulement après notre indépendance durement arrachée au prix de un million et demi de martyrs. Par cette agression, le Maroc voulait annexer une partie de notre territoire du Sud-Ouest. Cette partie de l'histoire est universellement connue sous le nom de guerre des Sables. C'était en 1963. La mobilisation du peuple algérien impressionna le monde entier. À l'époque, d'anciens combattants de la guerre de Libération nationale de la wilaya III historique avaient pris les armes pour exprimer leur désaccord avec le gouvernement algérien. Le défunt colonel Mohand Oulhadj, qui dirigeait la révolte, cessa toute action contre son pays pour diriger ses hommes vers le sud du pays pour renforcer la défense algérienne contre le Maroc. Quelle belle leçon d'unité nationale lorsque le danger frappe à la porte! Finalement, l'agression militaire du Maroc contre l'Algérie, avait pris fin grâce à la médiation du Mali et de l'Ethiopie. Il faut préciser que le Maroc visait des territoires algériens, mais aussi la Mauritanie dans sa totalité. Quelque temps plus tard et alors que le général Franco qui avait gouverné d'une main de fer l'Espagne était à l'article de la mort, le roi marocain Hassan II en profita pour revendiquer le Sahara occidental colonisé par l'Espagne depuis 1884. Alors que le Maroc fut placé sous protectorat par la France en 1912 avec une partie «sous- louée» à l'Espagne. Partie où l'on trouve Ceuta et Melilla aujourd'hui encore sous contrôle espagnol. Devant le fait accompli que voulait imposer Hassan II pour accaparer le Sahara occidental, les Sahraouis s'organisèrent autour du Polisario pour défendre leur territoire contre l'occupant marocain. L'Algérie fidèle à ses valeurs soutient le droit à l'autodétermination des peuples. D'autant que ce droit est sur la table de l'ONU qui doit organiser le référendum et permettre au peuple sahraoui de s'exprimer. Quel que soit la décision qui sortira du référendum, l'Algérie respectera la volonté du peuple sahraoui. Entre-temps, le roi HassanII multiplie les manoeuvres. Après avoir admis le principe du référendum dans un accord signé en 1988, il fait volte-face et rejette toute forme d'expression des sahraouis. Pas même des négociations directes qui échouent par deux fois. Et pour faire diversion et cacher sa mauvaise foi, il accuse l'Algérie
d'être partie prenante dans le conflit. Depuis, Hassan II puis son fils Mohammed VI multiplient le lobbying pour chasser tout représentant de l'ONU qui ferait montre d'impartialité dans son travail. Une bonne poignée d'envoyés de Manhattan ont ainsi jeté l'éponge. Parallèlement, il multiplie les manoeuvres les plus folles. D'abord secrètes comme la remise des enregistrements des travaux de la Ligue arabe tenus au Maroc et qui ont permis à Israël de gagner la guerre de 1967 en annexant la Palestine, mais aussi le Golan syrien. Puis plus ouvertes avec Israël avec son programme d'espionnage de l'Algérie dit «Pegasus». Et enfin la «normalisation» avec l'Etat hébreu, sans aucune contrepartie si ce n'est de se remettre sous protectorat, cette fois israélien, pour combler son infériorité vis-à-vis de l'Algérie qui s'est considérablement développée depuis la guerre des Sables. Sauf que le protectorat d'Israël n'a rien à voir avec celui de la France et qu'il est autrement plus dangereux pour lui. Dans son aveuglement, il ne se rend pas compte qu'à terme, Israël enterrera la monarchie marocaine. D'ailleurs, des pans entiers du pouvoir royal passent déjà sous contrôle israélien. De la grâce des détenus jusqu'à la rupture unilatérale du cessez-le-feu conclu avec le Polisario avec pour effet de fragiliser militairement le Maroc. Israël ne s'arrêtera pas là. Son objectif final est de détruire toutes les monarchies tenant compte du fait que leurs pouvoirs se transmettent par succession. Ce qui gêne la perspective d'une gouvernance mondiale!