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La peau de mouton à 100 euros

«Hidoura». Dans certaines actions, nous avons le chic de faire un pas en avant et deux pas en arrière. Prenons l'exemple de la culture de la banane. Il y a quelques jours, une équipe de la télévision publique est allée à la rencontre de deux jeunes qui viennent de se lancer dans la production de bananes à Jijel. On a vu les lourds régimes de bananes qui témoignent de la réussite de l'entreprise des deux jeunes. Avant eux, il y avait d'autres projets de culture de la banane dans la wilaya de Tipasa, notamment et dont on n'a plus entendu parler du jour au lendemain. Echecs ou abandons? Et les causes? Cela rappelle l'abandon, dans les années 80 du siècle dernier, de la culture de betteraves qui faisait tourner la raffinerie de sucre de Khemis Miliana. Pourquoi? Il est question de revenir aujourd'hui à cette culture de betteraves dans notre pays. Très bonne idée. Moins d'importation. Moins de dépenses en devises. Plus d'emplois, etc. Des exemples identiques ne manquent pas. Le gouvernement devrait s'y intéresser dans le cadre de l'utilisation rationnelle des moyens nationaux. L'autre grande aberration que nous voulons partager avec vous est ce gaspillage insensé de peaux de moutons que nous jetons chaque année le jour de l'Aïd El Adha. D'abord nous nous sommes renseignés sur le prix à l'international d'une peau de mouton une fois tannée. Les prix sont variables et peuvent dépasser les 100 euros pièce. La peau de mouton est idéale pour un usage médical, notamment dans la prévention contre les escarres. Ne serait-ce que pour ces deux seules raisons, le ramassage des peaux de moutons de l'Aïd El Adha s'impose. On avait cru en 2018, lors du lancement pour la première fois de «la collecte des peaux des sacrifices de l'Aïd El Adha», que la prise de conscience était réelle, et que c'en était fini du gaspillage et du manque à gagner en devises à l'export. L'opération était pilotée par le ministère de l'Industrie. Ce qui est normal vu que l'industrie de transformation des cuirs en fait partie et a même eu son air de gloire dans les années 70 du siècle dernier. Quelques chiffres pour vous permettre d'apprécier le créneau. Chaque année ce sont 4 millions d'animaux, surtout des moutons, mais aussi des vaches et des chèvres, qui sont sacrifiés lors de l'Aïd El Kébir. À 100 euros pièce, c'est une recette de 400 millions d'euros dont nous nous privons chaque année. À signaler que les abattoirs du pays fonctionnent toute l'année et que la collecte au quotidien des peaux, doit être organisée. Restons sur le mouton de la fête. En 2018, six wilayas (Alger, Oran, Constantine, Jijel, Sétif et Batna) ont été choisies pour l'organisation de la collecte. Il était prévu de collecter 800 000 peaux sur les 4 millions disponibles comme nous l'avons vu plus haut. Dans son communiqué à l'époque, le ministère de l'Industrie avait précisé que «cette première campagne va être étendue vers le reste des wilayas à partir de l'année prochaine (2019, Ndlr)». L'année suivante, une certaine anarchie a entouré la collecte. Ce n'était plus l'industrie qui chapeautait l'opération, mais l'intérieur et de manière si virtuelle qu'on y voyait les signes avant-coureurs d'un abandon. Seule la wilaya de Mascara s'est distinguée avec ses 4500 peaux collectées et des croche-pieds du centre de tri local qui a ramassé et jeté 316 peaux. Signes avant-coureurs avions-nous dit puisqu'en juillet 2020 l'annonce «officielle» de l'abandon du ramassage des peaux de moutons a été faite. «La campagne de sensibilisation pour l'Aïd lancée par notre agence cette année ne portera pas sur la collecte des peaux de moutons (au profit des tanneries), mais plutôt sur les mesures d'hygiène afin d'éviter que l'acte du sacrifice ne se transforme en nouveau facteur de contamination», a déclaré le directeur général de l'Agence nationale des déchets (AND), Karim Ouamane. Un mélange des genres dans toute sa splendeur. Ne pas collecter des peaux de moutons abandonnées sur la voie publique ferait partie, selon ce DG, des mesures d'hygiène. Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre! C'est ainsi que la collecte a été abandonnée l'année dernière dans notre pays. Elle n'aura duré qu'une seule année. Le temps des roses. L'Aïd El Adha est prévu, cette année, aux alentours du 20 juillet. C'est-à-dire dans un peu moins de 5 mois. C'est largement suffisant pour réorganiser cette collecte de manière conjoncturelle pour l'Aïd, mais aussi en permanence auprès des abattoirs du pays. Pour la diversification de notre économie. Pour l'export hors hydrocarbures. Pour notre industrie de transformation. Pour la création d'emplois. Pour la politique environnementale. Et enfin contre le gaspillage des richesses et le laisser-aller de certains gestionnaires. Les peaux de moutons sont en vente chez Amazon!

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