Le groupe France médias monde perd de l’audience en Afrique
Les médias français n’ont plus de présence effective dans le paysage audiovisuel africain. En effet, depuis la suspension de France 24 et RFI au Mali, au Burkina Faso et au Niger, l’audience du Groupe France médias monde (FMM) en Afrique n’a de cesse de perdre de l’audience.
Selon le projet de contrats d’objectifs et de moyens (COM) entre l’État français et le Groupe FMM, la suspension de ces médias a fait baisser l’audience de 7 millions de téléspectateurs.
En effet, le Groupe FMM, regroupant RFI, France 24 et la radio Monte Carlo Doualiya (MCD), a perdu 7 millions d’auditeurs et de téléspectateurs en Afrique entre 2019 et 2023. Le chiffre représente un peu plus de 3 % de l’audience mondiale du groupe médiatique français en 2019. La perte d’audience est la conséquence des coupures de RFI et France 24 dans les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES). L’information est fournie par le projet de contrats d’objectifs et de moyens (COM) entre l’État français et le Groupe France médias monde. Le document a été déposé à l’Assemblée nationale française le 9 octobre 2024.
Le rapport évoque entre 2019 et 2023 «un contexte marqué par la défiance croissante affichée dans de nombreuses parties du monde à l’égard des médias occidentaux». Le rapport mentionne également des censures «dans les nouveaux régimes autoritaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger conduisant à une perte d’audience de 7 millions de téléspectateurs et d’auditeurs». RFI et France 24 ont été suspendus au Mali, au Burkina Faso et au Niger entre 2021 et 2023.
Cela dit cette réduction n’a pas affecté l’audience globale de FMM qui est passée, selon le rapport, de 207 millions de personnes en 2019 à 255, 5 millions de personnes en 2023. Malgré tout, le groupe est conscient de l’importance du continent africain.
D’après le projet de COM, l’Afrique francophone représente plus de la moitié de l’audience de RFI en 2023, quantifiée à 33 millions d’auditeurs. Du côté de France 24, «l’Afrique est le premier bassin d’audience avec 46,8 millions de téléspectateurs en 2023». Le continent fournit donc plus de 60 millions d’auditeurs et de téléspectateurs au groupe, soit près du quart de son audience totale en 2023. Cette bataille d’audience africaine, perdue par le groupe France médias monde est également le résultat de «la guerre informationnelle» menée par la Russie et ses médias en Afrique. Pour reprendre du terrain, le groupe français a annoncé vouloir se montrer plus transparent sur la manière dont ses journalistes travaillent visiblement pour s’assurer de susciter plus de confiance. À cela, s’ajouteront d’autres actions de FMM qui envisage, par exemple, de créer des rédactions publiant de l’information en langues africaines et de renforcer la collaboration avec des journalistes africains, notamment ceux de la communauté des médias du groupe en Afrique francophone. Mais, pour y parvenir, FMM doit encore arriver à obtenir le budget demandé pour les prochaines années. Pour 2028, par exemple, le groupe a prévu des besoins de 292 millions d’euros pour son fonctionnement. Dans un contexte où le gouvernement français affiche une volonté de réduire les dotations de l’audiovisuel public. Selon le document présenté au Parlement français, cela expose France médias monde «à un risque réel de décrochage de ses performances dans le paysage audiovisuel mondial et numérique».