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11 décembre 1960 et 12 décembre 2019

Plaidoyer pour l’unité

Nous commémorons ce mercredi le 59e anniversaire des évènements tragiques du 11 décembre 1960 où le peuple en bravant le pouvoir colonial pour donner une impulsion décisive à la cause de la Révolution au niveau des Nations unies, paya le prix fort, le pouvoir oppresseur reconnaît 120 morts et des centaines de blessés. Qui était, ce peuple monolithique pour la cause qui a su déjouer toutes les manœuvres coloniales pour le diviser ?

L’approche vaine du pouvoir colonial pour casser la Révolution
Pour le pouvoir colonial, il fallait effacer le passé en imposant un récit qui n’a rien à voir avec le vécu des enfants. Ce sont nos mères qui entretenaient d’une façon résiliente un récit de nos origines. De ce fait, par la suite, les Algériens ne se dissolvèrent pas dans le projet d’assimilation qu’on leur proposait Le pouvoir colonial pensait avoir trouvé la solution en misant sur le maillon qu’il croyait faible : « La femme » objet de tous les fantasmes depuis l’orientalisme voyeur. Il est utile de savoir que la femme algérienne, qu’elle soit rurale ou citadine, n’avait pas accès à l’éducation à la fois de par le système colonial, mais aussi du fait d’une chape pesante de la société traditionnelle algérienne. Dans cette atmosphère délétère, la femme algérienne voilée est un enjeu pour le pouvoir colonial « le regard colonial n’accepte pas de limites et se fixe maladivement sur le corps féminin. Il veut voir pour imposer son autorité : « révéler » équivaut conquérir.
La femme incarne l’Algérie toute entière, la maxime du gouvernement français à l’apparition des premiers mouvements révolutionnaires semble être : « Prenons les femmes et le reste viendra. »
Durant la Révolution, la femme algérienne, pour les besoins de la lutte, a certaines fois, pour celles qui le portaient, enlevé le haïk pour aller dans les quartiers européens et faire son devoir. « Convertir la femme, la gagner aux valeurs étrangères, l’arracher à son statut, c’est à la fois conquérir un pouvoir réel sur l’homme et posséder les moyens pratiques, efficaces, de déstructurer la société algérienne » (Fanon, 1959). Un autre fait qui participe à la construction du mythe de la dilution de la société algérienne par les femmes est la mise en scène du dévoilement des femmes sur la place du forum d’Alger et dans d’autres villes (Oran et Philippeville/Skikda) en mai 1958, supposée illustrer la « fraternisation » entre « Européennes » et « Musulmanes » pour maintenir l’Algérie française. La suspicion vient aussi des timides réformes, entreprises très tardivement, par le Premier ministre Debré et par Nefissa Sid Cara C’est dans cette atmosphère difficile pour la Révolution avec les opérations Jumelles, les ratissages de Challe les glacis des lignes Morice et Challe, les camps de rétention de plus de 2, 5 millions d’Algériennes et d’Algériens retenus pour empêcher le contact avec le maquis que le peuple voyant les atermoiements de De Gaulle continuer, notamment avec son utopique troisième voie, que le FLN comprit qu’il fallait sortir de cette situation très difficile pour les maquis. La proximité de la « Question algérienne » à l’ONU sera le catalyseur du ras-le-bol du peuple qui, par son insurrection, totale monolithique, fit la décision. Les Nations unies votèrent la fameuse résolution qui vota la nécessité de l’autodétermnination de l’Algérie. Mongi Slim diplomate tunisien présida la fameuse séance.

Le 11 décembre 1960 : le tournant décisif
«Un seul héros le peuple». Slogan à l’indépendance. Cette citation répétée à l’infini a été vidée de son signifiant au fil du temps, à telle enseigne que l’on constate un hold-up sur la glorieuse révolution par, à la fois, les révolutionnaires de la vingt-cinquième heure, les Martiens d’Algérie, et une nouvelle caste qui n’a aucun rapport avec la glorieuse révolution, mais qui se veut la seule dépositaire de ce patrimoine commun. Et pourtant, sans le peuple qui a donné ses meilleures filles et ses meilleurs fils à la révolution, point de victoire
On aura tout dit de cette date vue comme un accélérateur de la cause légitime de la révolution. Ces femmes qui confectionnaient des drapeaux pour aller manifester, que personne n’encadrait ni ne leur avait donné de consignes; la plupart des femmes avaient oeuvré, incognito, pour la révolution. Leur prise de conscience leur faisait comprendre que la seule issue était de se battre pour l’avenir de l’Algérie. «Les Algériennes ont été en première ligne des manifestations, elles ont aussi porté toute une part invisible de l’auto-organisation des soulèvements. Les enterrements des martyrs, qui permettaient de faire partir de nouvelles manifestations après les mises en terre, étaient aussi organisés principalement par des femmes. Dans le même temps, des centres de soins étaient installés dans des appartements ou des mosquées, avec des médecins et des infirmières algériens. Des cantines de rue permettaient à tous de manger dans les quartiers bouclés. Dans toutes ces expériences, on retrouve l’implication déterminée des femmes, des enfants et des anciens, et en général des civils jusque-là considérés comme la «population à conquérir» par les états-majors politiques et militaires français et par certaines fractions du FLN/ALN. Or, presque partout, les troupes ont été déployées et avec l’accord des autorités politiques, elles ont tiré et tué. Elles ont raflé et torturé.
Les méthodes de guerre policière n’ont pas été empêchées par l’État gaulliste, mais débordées par le peuple algérien. Les autorités françaises reconnaissent alors officiellement 120 morts, dont 112 Algériens et des centaines de blessés, indique l’historien Gilbert Meynier.

Le rôle de la femme, maillon fort du peuple
Des dizaines de colonisés, dont des adolescents ont été arrêtés, «interrogés» et pour certains ont «disparu» dans les jours et les semaines qui ont suivi». (1)
Il serait mal venu en définitive de minimiser le rôle du peuple à l’occasion d’un autre de ses engagements. Chaque fois qu’une échéance importante se profilait notamment l’inscription de la Question algérienne à l’ONU, le peuple en sortant dans la rue faisait la décision en payant le prix fort. On sait que chaque fois que la Révolution a besoin d’un nouvel élan , c’est au peuple qu’elle s’adresse pour une nouvelle impulsion . C’est comme le lancement d’une fusée qui nécessite des impulsions correctives pour mettre la Révolution sur la bonne orbite . Nous l’avons vu avec le tir initial du premier novembre, ensuite le congrès de la Soummam, les évènements du Constantinois le 20 Août , ensuite ce sera l’homérique bataille d’Alger, pour arriver à une nouvelle impulsion nécessaire du fait que le combat peinait à concrétiser avec les opérations Challe et les glacis des lignes Morice et Challe.
Le 11 décembre 1960 actionna d’une façon décisive la prise de conscience mondiale sur la cause algérienne aux Nations unies et le timing de décembre 1960 est venu à point nommer le vote concernant la question algérienne fut une victoire acquise par notre diplomatie le 19 décembre 1960. Ce sera enfin le 17 octobre 1961 les Algériennes et Algériens défileront sans armes en face d’une police et du préfet Papon ancien tortionnaire à Constantine : 200 morts, des dizaines de personnes jetées dans la Seine, des centaines d’arrestations, parquées elles aussi dans le même vélodrome d’Hiver… Tous ces sacrifices du peuple. Ce qui a amené le pouvoir colonial a négocier avec le GPRA les conditions de l’indépendance.
Nous sommes en 2019 à la veille d’élection déterminante et qui est un mal nécessaire pour mettre en place des institutions qui nous permettront de sortir de l’errance actuelle. Nous ne nous faisons pas d’illusions quant à la solution de nos problèmes par un coup de baguette magique. Le président qui sera élu en espérant que l’élection soit honnête – L’Autorité de contrôle a une immense responsabilité dans l’éthique qui doit prévaloir.

La Révolution tranquille et l’élection présidentielle
Le prochain président devra rapidement et dès les 100 premiers jours montrer sa détermination à traduire dans les faits les vœux du Hirak, à savoir le divorce d’avec les mœurs passées, les droits et les devoirs de chacun, l’indépendance réelle de la justice . Cela se fera par la nécessaire dissolution de la chambre basse du Parlement. Les personnes ressources qui activent dans le Hirak d’une façon patriotiques auront toute latitude pour se présenter aux élections.
Les partis politiques auront la possibilité réelle et pour la première fois depuis l’indépendance de prouver quelle est leur emprise réelle sur le peuple au vu de leur performance durant ces élections
Il est de plus un autre enjeu de taille. Celui de remettre la machine en marche. 2020-2021, le bas de laine qui nous sert d’amortisseur comme reliquat de la rente des 1000 milliards de dollars sera épuisé.
Le gouvernement aura fort à faire pour expliquer au peuples les enjeux et les efforts proportionnels de chacun pour aller à l’essentiel, diminuer d’une façon drastique les importations inutiles. Mettre en place un Plan de rigueur en diminuant pour commencer le train de vie de l’Etat. Dans ce cadre, la transition énergétique peut rapidement nous permettre de faire des économies substantielles. Il reste le chantier du temps long celui du système éducatif et là il est nécessaire de se hâter avec lenteur.
Voter est un acte citoyen . On ne peut pas empêcher-le déroulement du vote Dépêchons-nous de mettre le Train Algérie sur les rails et il est important que cette Révolution tranquille qui a ébloui le monde, continue sa formidable mission de vigie et de boussole. Sa mission ne s’arrêtera que quand véritablement nous serons citoyens d’une Algérie unie, qui grave dans le marbre les libertés fondamentales, qui se met au travail en misant sur le savoir pour avoir une chance d’avoir une visibilité dans le concert des nations. Amen.

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