«J’aime ma mère», disait l’autre!
J'aime le bleu du ciel qui couvre ma mère, un bleu unique! Chaque ciel est une mère!
«J'aime ma mère», disait l'autre. En réalité, ce «diseur» n'avait pas tort. Chacun aime sa mère. Et chacun a le droit d'aimer sa mère à sa façon et dans les moments difficiles.
«J'aime ma mère.» Le verbe «aimer» dès qu'il est lié à la mère ne peut être conjugué qu'à la première personne du singulier!
J'aime voyager loin de ma mère, mais dès que je me trouve dans d'autres contrées, j'ai une envie folle de retourner, le plus vite possible, dans ses bras.
Quel que soit l'endroit où j'atterris, je porte ma mère dans mes bagages, dans mes livres et dans mon coeur.
J'adore manger d'autres plats étrangers, des recettes spéciales, mais aucun ne remplace le couscous de ma mère!
J'aime, de temps en temps, prendre un verre de boisson étrangère, de Californie ou d'Afrique du Sud, mais aucun raisin n'est égal au raisin cueilli des vignobles de ma mère.
J'aime écouter les autres musiques du monde, le jazz et la musique classique; Edith Piaf, Mickael Jackson, Louis Armstrong, Fayrouz et Oum Kalthoum mais la voix de Dahman El Harrachi, de Cheikha Remiti, de Hadj Ghafour, d'Idir et d'Aït Menguellet raisonnent en permanence dans ma tête. Ces voix sont la voix de ma mère! Ces chanteurs qui, longtemps, nous ont bercés et continuent de le faire, dans des langues différentes; en arabe, en tamazight, en darija et en français, font les fantastiques enfants du choeur de ma mère.
J'aime ma mère, et chacun aime la sienne! Et chami chami wal baghdadi baghdadi, il faut choisir son camp!
Oui, j'aime ma mère, parce qu'elle est la première et la dernière prière écoutée par Dieu! Elle est Une mais plurielle. Elle est grande à la taille d'un continent mais capable de s'étaler confortablement sur la surface de mon coeur à la taille d'une pomme.
Parfois, j'aime le pain étranger, le pain libanais, français, éthiopien ou turc mais aucun ne ressemble au matlou3 de ma mère, pétri et cuit par ses belles mains! Les mains comblées de la baraka.
J'aime lire la littérature universelle, celle de Hemingway, de Philippe Roth, de Naguib Mahfouz, de Toni Morrisson, de Chinua Achebé, de Flaubert, de Baudelaire, de Nizar Kabbani... mais par-dessus tout, j'aime les textes, romans ou poésies, de Kateb Yacine, de Mohammed Dib, de Mouloud Mammeri, de Assia Djebar, de Mouloud Feraoun, de Ahlam Mosteghanemi, de Tahar Djaout. Cette littérature fascinante est une partie de ma mère. Aimer sa mère n'est pas du chauvinisme. Aimer sa mère est un acte universel.
J'aime lire les contes fabuleux des frères Grimm et les fables magiques de Lafontaine mais, par-dessus tous, j'adore les contes amazighs dans la langue de ma mère, une autre tentation et une autre fascination. Des contes qui, depuis l'enfance, m'ont procuré des voyages beaux et merveilleux sur un tapis volant. Ma mère m'a appris à voyager à travers les contes avant d'entamer mes longs voyages en train ou par avion!
Chacun a sa mère, et la mère n'a pas de pièce de rechange. On l'aime telle quelle!
Le jardin de ma mère avec ses carrés réservés au persil, à la menthe, à quelques têtes d'oignons est plus beau que le jardin du Luxembourg de Paris, les jardins suspendus de Babylone, le jardin Majorelle de Marrakech, le jardin Eram de Shiraz, le jardin des oiseaux d'Ispahan.
Ma mère est un jardin, sa pluie a une odeur du paradis et un bruit d'ailes de papillon!
L'ombre fraîche du mûrier, majestueusement élevé dans le patio de la grande maison familiale, pendant les jours caniculaires réveillait en moi l'envie d'embrasser ses racines, qui ne sont que les racines de ma mère. Il n'y a ni mûrier, ni chrysalides, ni soie sans ma mère!
Bien que je ne sois pas religieux j'aime la belle voix douce du muezzin, sans haut-parleur made in Japon, appelant les fidèles à la prière de l'aube. Et je porte cette voix andalouse envoûtante en moi dans des chambres d'hôtel sous d'autres cieux lointains, pour me réveiller et me bercer.
J'aime le bleu du ciel qui couvre ma mère, un bleu unique! Chaque ciel est une mère!
«J'aime ma mère», disait l'autre, et il n'avait pas tort le «diseur»; chacun a sa maman, e[RTF bookmark start: _GoBack][RTF bookmark end: _GoBack]t chacun est amoureux de sa mère. Et chami chami walbaghdadi baghdadi, il faut choisir son camp!