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Un Algérien nommé Ferhat Abbas

«En juillet 1962, l'indépendance acquise, nous nous sommes comportés comme un peuple sous-développé et primitif. Nous nous sommes disputé les places et nous avons tourné le dos aux valeurs et aux vertus qui nous ont conduits à la victoire.» Ferhat ABBAS

Comme précédemment souligné par Leïla Benamar Benmansour, Le 1er Novembre 1954 ne surprit pas Ferhat Abbas. Il était même préparé à l'éventualité de la lutte armée, dans le cas où la France refuserait l'autonomie. C'est donc sans regret qu'il procèdera à la dissolution de l'UDMA pour rejoindre ensuite le FLN, sans hésitation aucune. Abane Ramdane confirmera le témoignage de l'enfant de Tahert et confiera à Abdelhamid Mehri qu'il avait été particulièrement surpris par les dispositions de l'intéressé. Il faut dire que les efforts de l'architecte du congrès de la Soummam pour jeter les bases d'un large front uni national n'auront pas été vains. Ils auront convaincu parmi les plus réticents des acteurs politiques d'alors qui ne tarderont pas à rallier en force les assises du 20 Août 1956. Des assises qui vont permettre à certains d'entre eux, avec à leur tête Ferhat Abbas, de faire leur entrée au Conseil national de la révolution algérienne (CNRA). Assurément grandi par un apport humain de qualité et l'éclosion d'un large front uni national, le FLN n'a pas manqué de dérouter les stratèges de la caste coloniale. Ce qui fit dire à Abdelhamid Mehri: «Les décisions politiques et organisationnelles de la Soummam ont eu de grandes répercussions à l'intérieur comme à l'extérieur. Mais cette ouverture politique provoqua des remous dans les sphères dirigeantes de la révolution, notamment chez certains historiques. Ces remous se transformèrent en crise aiguë, après la sortie du CCE et lors la première session du CNRA, réunie au Caire en août 1957.» Dans une première phase de cette crise, rapporte la même source, la contestation remettait en cause simplement tous les organismes dirigeants mis en place par le congrès de la Soummam et son orientation générale: «Mais un compromis sauvant l'essentiel des décisions du congrès a pu être dégagé au prix d'efforts considérables de dialogue et de contacts. Ferhat Abbas a pris une part importante à cet effort de conciliation, au point que les contestataires, qu'on appelait les militaires, ont été surpris lorsqu'il s'est agi de la formation du Comité de coordination et d'exécution (CCE). Car au moment où ces contestataires reprochaient à Dahleb et à Benkhedda leur tiédeur à l'égard du projet insurrectionnel et insistaient pour leur élimination du CCE, ils tenaient à ce que Ferhat Abbas y figure malgré les réserves de certains, dont je faisais partie, mais pour des raisons différentes.» En 1957, il est membre du CEE. A la même époque, il parcourt le monde pour expliquer les raisons de la guerre de Libération nationale, écrit Leïla Benamar Benmansour: «En 1958, troisième date-clé de l'itinéraire politique de Ferhat Abbas, il est élu à l'unanimité par les hommes de Novembre, président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Le CNRA le maintient à ce poste jusqu'en août 1961.» A l'indépendance du pays, il sera porté à la tête de l'Assemblée nationale constituante. Un itinéraire politique des plus glorieux au service de sa patrie mené d'arrache-pied et avec abnégation de 1920 à 1962, souligne Leïla Benamar Benmansour. L'attitude de Ferhat Abbas, en ces moments-là, a été toujours marquée par une volonté tenace de résoudre les dissonances ou de les atténuer par le dialogue et la concertation. Mais cette attitude prendra, avec la crise de l'été 1962, une sacrée ride. Du moins, c'est ce que nous révèle Abdelhamid Mehri: «N'étant pas convaincu des motifs invoqués par les deux camps, j'ai vainement essayé de persuader Ferhat Abbas de rester en dehors de la mêlée pour continuer de jouer le même rôle. Je n'ai pas réussi à le convaincre. Il a choisi de prendre position avec le bureau politique.» Avec l'armée des frontières, convient-il de souligner. Ce qui, pour un démocrate de sa dimension, était plutôt curieux. Il regretta amèrement ce choix délibéré et il le fit savoir à ses amis. La démission fracassante de Ferhat Abbas de l'ANC était inéluctable. Intervenue le 15 septembre 1963, cette rupture faisait suite à un profond désaccord avec la politique du président Ahmed Ben Bella.
Désaccord qui permettra au premier responsable de cette Assemblée de dénoncer sans ambages «l'aventurisme» de son allié. Pour l'auteur de L'Indépendance confisquée, humilier une Assemblée souveraine est un geste extrêmement grave tant le procédé relève de la mystification, de l'action psychologique et laisse entrevoir le rôle que l'Exécutif entend réserver au législatif. Fidèle à ses idées, il sortira de son mutisme en mars 1976 date à laquelle il rédigera avec Benyoucef Benkhedda, Hocine Lahouel et Mohamed Kheïreddine un «Appel au peuple algérien» réclamant des mesures urgentes de démocratisation et dénonçant «le pouvoir personnel» et la Charte nationale de Boumediene. Ce qui lui vaut d'être assigné à résidence jusqu'au 13 juin 1978 avant d'être rétabli dans ses droits historiques par le président Chadli Bendjedid, le 30 octobre 1984. Du «Manifeste du peuple algérien», commis le 10 février 1943, à «l'Appel au peuple algérien», il n'y avait qu'un pas à faire...Et il le fit, sans hésitation aucune, comme à l'occasion de l'appel du congrès de la Soummam...

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