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La «boucle temporelle» du BEM

L'année scolaire 2023/2024 tire à sa fin. L'un des principaux signaux en est l'annonce des examens de fin de cycle. Celui du BEM débute aujourd'hui. Un prélude au principal examen de l'année, celui du baccalauréat. Mais avant d'arriver à cette étape cruciale dans leur parcours de vie, tous les adolescents du pays doivent d'abord valider leur passage au lycée. Avec le recul, cette épreuve peut paraître secondaire, voire facultative, mais au jour J, il est toujours difficile de convaincre un candidat de 14 ans appelé à s'engouffrer dans une sorte de «boucle temporelle» de trois jours. Pour les plus de 800 000 garçons et filles, le temps s'arrête à partir d'aujourd'hui jusqu'à mercredi au soir. Tout le temps que dureront les épreuves, les candidats, leurs parents, les enseignants et le personnel de l'administration de l'Education nationale imposent «naturellement» un climat à part qui déteint sur toute la collectivité nationale. Même ceux qui ne sont pas directement concernés par cet examen, l'ont déjà été par le passé à titre personnel, il y a quelques années. D'autres l'on vécu doublement en tant que candidat, ensuite en qualité de parents et même de grands-parents. D'autres encore voient les effets de l'examen dans les regards et les propos de leurs collègues, voisins et cousins dont les enfants passent les épreuves. Le rituel est le même d'année en année. Il n'a pas perdu une miette de l'émotion qu'il suscite auprès de tous, et les espoirs qu'il fait naître à des parents qui voient leurs rejetons confrontés à leurs premières épreuves dans la vie. Car, au même titre que le baccalauréat, le BEM ouvre une porte, fait passer des enfants au statut de «grands». Et ce genre de «sas» ne passe pas inaperçu, d'autant plus qu'il y a quatre ou cinq générations, il n'existait que pour une très petite minorité d'Algériens. Avant l'indépendance du pays, c'est-à-dire la génération des hommes et des femmes, aujourd'hui âgés de plus de 75 ans, le BEM était un rêve inatteignable.
C'est pour cela, et aussi pour d'autres raisons objectives, que lorsqu'ils ont fondé leurs familles à l'indépendance, leur premier but était de donner à leurs enfants la chance qu'ils n'ont pas eue. Ils ont transmis cet amour de l'instruction aux générations qui ont suivi. Cela peut paraître «barbant» à certains de ressasser cela, mais ces Algériens nés et qui ont grandi sous la colonisation mesurent la chance qu'ont ces 800 000 collégiens.

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