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L’UE donne le change

Un mois après des arrestations par la justice belge d'eurodéputés impliqués dans des affaires de corruption orchestrées par le royaume marocain, le Parlement européen s'exaspère et procède, une fois n'est pas coutume, à d'inédites séances sur les droits de l'homme et les intrigues à la base de plusieurs accords en faveur du Makhzen. On est tenté de dire, face à ce remue-ménage, qu'il vaut mieux tard que jamais. Il n'empêche, la prudence incite à un enthousiasme mesuré car cette fébrilité qui agite les instances européennes a une raison précise. Dans un an, un scrutin aura lieu et il va de soi que les électeurs seront davantage regardants avant de glisser leur bulletin dans l'urne, craignant à bon droit d'être les dindons d'une farce qui mijote depuis des décennies. La dérive de certains élus, pris la main dans le sac, va pénaliser un grand nombre de leurs collègues, l'édifice européen étant, quant à lui, privé de respectabilité. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, voilà de nouvelles lois pondues pour «criminaliser toutes les formes de corruption», un programme sur le respect des droits de l'homme dans un royaume marocain habituellement donné comme un exemple en la matière, un «paquet défense de la démocratie» censé préserver la citadelle des torpilles alléchantes que le Makhzen et son grand parrain sioniste expédient à tort et à travers, y compris dans les rouages de leurs meilleurs amis. Est-ce bien nécessaire? L'avenir nous le dira même si l'expérience prouve combien il est rare qu'une hyène se transforme en agneau. Une fois passée la colère, l'indignation et la honte dans les rangs d'eurodéputés qui semblent soudain découvrir la lune alors que le ver était, depuis fort longtemps, dans le fruit, quelles décisions vont réellement traduire l'avènement d'une sphère européenne affranchie? Ni le registre de transparence, ni la création d'un organe d'éthique, ni d'autres réformes du même acabit ne constituent une garantie pour «protéger la démocratie de la corruption et de l'ingérence étrangère». Lorsque le Parlement et la Commission seront sur la même ligne pour appliquer les jugements de la Cour européenne de justice, sans parti pris, lorsque des contrats iniques dont le Maroc est gavé seront dénoncés en bonne et due forme, au nom de la transparence et d'autres critères pour lesquels le monde occidental est un sacré donneur de leçons, et lorsque le deux poids, deux mesures par lequel des pays sont pourfendus alors que d'autres sont encensés, sur la base d'intérêts bassement tus, alors on pourra dire que l'UE est en train, effectivement, de changer. 

De Quoi j'me Mêle

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