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Des "tacots"! A quoi pensaient-ils?

Invité, la semaine dernière au forum économique d'un quotidien national, le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, a laissé entendre que l'interdiction de l'importation de voitures d'occasion sera bientôt levée. Une décision qui, si elle vient à être appliquée, serait à contretemps. En effet, cette mesure de retour en arrière est-elle justifiée? La chute du prix du pétrole et la crise financière qui s'en est suivie explique-t-elle à elle seule ce recul? D'autant plus que, outre les dangers que présentent les véhicules d'occasion - en sus d'un coût d'entretien excessif - ces importations constitueront à terme un frein pour les unités de montage que l'on tente d'établir dans le pays. A-t-on, encore une fois, cédé aux solutions de facilité et d'un replâtrage plutôt que de mettre en place une véritable politique de promotion de la production nationale dans tous ses vecteurs? Il aurait été plus pertinent d'aider et d'encourager des unités de fabrication de pièces détachées assurant une intégration plus poussée des voitures assemblées en Algérie. Nonobstant les points positifs supposés à ce retour à la voiture d'occasion, il y en a au moins un négatif qui aurait dû dissuader une telle volte-face: la mise en péril de notre industrie automobile naissante. En effet, l'Etat et certains concessionnaires privés ont investi dans l'assemblage de marques de voitures étrangères [cf; l'unité de montage de Oued Tlélat pour Renault - outre les projets Peugeot, Skoda, Volkswagen...] esquissant une future industrie automobile. Il est patent qu'autoriser à nouveau l'importation de voitures d'occasion, outre qu'il ne s'explique pas en vérité, scie les efforts faits par ailleurs pour donner naissance à un produit national. Ce sont les investisseurs - notamment privés - qui se sont lancés dans un créneau nouveau et ardu [celui de l'automobile] qui sont pénalisés. Est-on sûr, d'encourager ainsi l'initiative d'investir dans des secteurs lourds pour booster une production nationale en rade? Tous secteurs confondus, nous importons jusqu'à 95% des produits finis et semi-finis de notre consommation, car le pays est incapable de répondre à la demande nationale. En fait, c'est cette politique volontariste qui avait mis à mal le tissu industriel national confronté à une concurrence sauvage dans les années 1990-2000. De nombreuses sociétés nationales ont été ainsi contraintes de mettre leurs clés sous le paillasson. En pleine expansion de l'Enie (Entreprise nationale des industrie électroniques, qui exportait ses produits en Afrique) il y eut une prolifération des unités de production de télévision, cassant ce joyau de l'industrie nationale. Dans les années 1980-1990, alors que l'on commençait à produire localement des conserves de tomate, le pays a été inondé de conserves étrangères, asphyxiant tant les producteurs de la tomate industrielle que les entreprises privées qui ont investi dans ce créneau. Ce sont deux exemples parmi mille. Or, l'une des missions essentielles de l'Etat est de protéger [par les taxes, les interdictions, les contingentements, les restrictions et le contrôle strict des importations] le produit national. De telles mesures auraient eu l'effet de réduire les importations tout en protégeant notre fragile tissu industriel et notre production nationale. Cela n'a pas été fait, dès lors que l'Algérie, en 2016, ne dispose toujours pas d'une véritable base industrielle (à l'exclusion de l'industrie pétrolière et gazière). Bien plus, des décisions contre-productives ont été prises, comme celle de la loi de finances de 2015, qui unifia les taux de l'impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS) à 23%. Il était de 19% pour les producteurs et de 25% pour le commerce et les services. On a ainsi diminué l'impôt pour le commerce et augmenté celui des sociétés productrices de richesses. Le moins qui puisse être dit est que ce genre de mesures est désolant pour les entreprises qui tentent de donner au pays une assise industrielle. Une aberration! Cette incohérence dans la prise de décision dans un secteur stratégique, la production nationale, reste inconcevable, dès lors qu'elle constitue un obstacle au décollage économique et industriel du pays. Ce n'est certes pas le retour des «tacots» sur le marché national des voitures qui va clarifier la donne industrielle du pays.

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