Le pétrole s’enfonce sous les 80 dollars
Que décidera l’Opep+ ?
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, dont la Russie, doivent se réunir aujourd’hui.

Le baril a encore laissé des plumes. Les cours de l’or noir ont clos la semaine qui s’est achevée le 31 janvier sur un recul. Le Brent de la mer du Nord a lâché 4,03 dollars en l’espace de quinze jours alors que son équivalent américain, le WTI, a reculé de 5,35 dollars. Les deux références mondiales du marché de l’or noir évoluant maintenant largement sous la barre des 80 dollars. Un niveau qui constitue un Smic pour les pays exportateurs qui tirent l’essentiel de leurs revenus de la vente de l’or noir. Ceux de l’Opep+ notamment qui militent pour un prix du baril qui serait satisfaisant pour les producteurs et les consommateurs. Que décideront-ils ? On le saura en principe aujourd’hui. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, dont la Russie, doivent tenir une réunion aujourd’hui. Une occasion pour répondre aux desiderata du président américain qui souhaite faire baisser les prix pour lutter contre l’inflation aux États-Unis. «Je vais demander à l’Arabie saoudite et à l’Opep de baisser le coût du pétrole» en produisant plus, avait affirmé Donald Trump lors d’une allocution en ligne devant un parterre de grands patrons à l’occasion du Forum économique mondial de Davos, en Suisse. Est-ce réaliste ? «Je ne crois pas qu’il soit actuellement dans l’intérêt de l’Opep+ de voir les prix baisser, étant donné les déficits budgétaires que beaucoup des pays membres ont pour atteindre leurs objectifs en matière de dépenses intérieures», souligne Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. «Les actions de l’Opep+ resteront guidées par l’évolution du brut», indique l’analyste qui ajoute que les commentaires de Donald Trump ne devraient pas faire bouger la ligne du cartel. Surtout que le baril file du mauvais coton en ce moment. En atteste la semaine qui a pris fin vendredi dernier. La première journée de cotation a été cauchemardesque. Les cours du pétrole ont, en effet, chuté lundi 27 janvier. Le marché des actions traversant une mauvaise passe, plombé par la chute des valorisations des entreprises liées à l’intelligence artificielle (IA). Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a chuté de 1,81% à 77,08 dollars. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI) pour livraison le même mois a lâché 2,00% à 73,17 dollars. Pas de quoi sonner l’alerte, selon les experts. «Il n’y a pas vraiment de problématique spécifique au pétrole brut dans le cas présent», a estimé Robert Yawger, de Mizuho USA, selon qui le recul des cours est plutôt dû à une aversion générale pour le risque. Selon l’analyste, les opérateurs préfèrent rester prudents alors que Wall Street était traversée lundi par un vent de panique, causé par des craintes sur l’IA américaine. Le baril relèvera la tête le lendemain. Les cours du pétrole ont évolué en hausse mardi dernier, tirés par les déclarations de la porte-parole de la Maison-Blanche sur l’application de droits de douane, dans un marché guettant les moindres évolutions sur les exportations libyennes. Donald Trump menace d’appliquer dès le 1er février des droits de douanes aux produits en provenance de ses voisins en dépit de l’accord commercial qui les lie, alors que les activités des deux ports de l’Est Libyen qui traitent ensemble plus de 400 000 barils par jour se sont arrêtées. Le Brent a bondi de 0,53% à 77,49 dollars. Le WTI a, quant à lui, avancé de 0,82% à 73,77 dollars. Les prix retrouveront leur tendance baissière mercredi avant de se ressaisir quelque peu jeudi. Le marché évaluant la probabilité de l’instauration de droits de douane aux États-Unis dès samedi, avant la réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) prévue aujourd’hui. Le baril de Brent de la mer du Nord a progressé de 0,38% à 76,87 dollars. Celui du West Texas Intermediate a grappillé 0,15% à 72,73 dollars. Une légère embellie qui sera éphémère. Les cours du pétrole ont fait le yo-yo vendredi, pour finalement terminer en légère baisse, les opérateurs attendant des précisions sur l’exemption de l’or noir des droits de douane, désormais confirmés par la Maison-Blanche. Les cours du brut ont «réagi aux gros titres concernant la mise en place, ou non, de droits de douane sur le Canada», a indiqué John Kilduff, d’Again Capital. Le Brent a perdu 0,14% à 76,76 dollars. Le WTI s’est déprécié de 0,27% à 72,53 dollars. Une tendance baissière inquiétante…