Le pétrole termine la semaine à la hausse
L’Opep+ monte au front
L’Alliance est prête à réduire son offre alors que l’Arabie saoudite fustige les spéculateurs.
Le baril a bu le calice jusqu'à la lie, ces derniers jours. Au point de tomber sous les 80 dollars, mercredi dernier, pour la première fois depuis le mois de juillet sous la pression de perspectives économiques moroses en Chine et en Europe. Ce qui a accentué les craintes pour la demande mondiale. La chute des exportations chinoises s'est accélérée en octobre, avec un recul de 6,4% sur un an, selon des chiffres publiés mardi par les douanes chinoises, un chiffre qui n'incite pas à l'optimisme pour la croissance du pays. Sachant que les exportations sont historiquement un levier de croissance clé pour la deuxième puissance économique mondiale et premier pays importateur d'or noir au monde dont la croissance est observée à la loupe par les investisseurs pétroliers. Comment est restitué cette situation par les analystes? Les cours du brut et des produits raffinés «continuent d'être abattus par la perception que l'économie chinoise est en train d'aller dans le mur, ce qui soulève le risque d'une récession mondiale», a résumé Phil Flynn de Price Futures Group. «Les prix du pétrole ont atteint (...) leur niveau le plus bas depuis le mois de juillet, la faiblesse des prévisions économiques continuant à peser» sur la demande mondiale, a commenté pour sa part Craig Erlam, analyste chez Oanda. La forte baisse des cours «s'explique principalement par les inquiétudes concernant les perspectives de la demande mondiale en raison de la faiblesse des données en provenance de la Chine et d'autres économies», explique de son côté Stephen Innes, analyste de SPI AM. L'hémorragie allait cependant s'estomper le lendemain. Le revirement de situation s'est en effet opéré jeudi. Les cours de l'or noir ont à nouveau viré dans le vert après être tombés à leurs plus bas niveaux depuis juillet la veille. Deux facteurs y ont contribué: le marché misant sur une prolongation des coupes de l'Opep+ tandis que l'Arabie saoudite a accusé «les spéculateurs» de faire baisser les cours du brut. «Les prix du pétrole sont un peu plus élevés en raison des données sur l'inflation en Chine et d'un éventuel soutien de l'Opep+» (l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés) à venir après la récente chute des cours, fait remarquer Stephen Innes, analyste chez SPI AM. Les investisseurs en énergie ont interprété les données chinoises comme neutre, «rien de particulier à voir ici», en profitant pour racheter du pétrole après la récente chute des cours, a-t-il tenu à préciser. «Dans un premier temps, le marché a réagi aux commentaires» du ministre saoudien de l'Énergie qui a estimé que la baisse des cours était le fait de «spéculateurs», a souligné de son côté Andy Lipow de Lipow Oil Associates. Qu'a-t-il exactement déclaré? «Les spéculateurs sont le problème, pas la demande. Les gens affirment que la demande est faible, mais c'est un leurre», s'est insurgé Salmane Ben Abdelaziz. Vu la chute des cours du brut ces dernières semaines, qui sont passés sous les 80 dollars le baril, «le marché s'attend maintenant à ce que l'Arabie saoudite continue ses coupes de production jusqu'à la fin de l'année et peut-être jusqu'au début de l'année prochaine» a indiqué Andy Lipow. Il faut rappeler que Moscou et Riyadh ont décidé de poursuivre leurs baisses de production et d'exportation jusqu'à la fin de l'année. 300 000 barils par jour d'offre de pétrole et de produits pétroliers pour la Russie et une coupe de production d'un million de barils par jour pour l'Arabie saoudite. «Ces réductions volontaires de l'offre seront probablement prolongées jusqu'au premier trimestre de l'année prochaine, compte tenu de la baisse saisonnière de la demande en début d'année, des inquiétudes persistantes concernant la croissance économique et de l'objectif des producteurs et de l'Opep+» de maintenir un certain prix du baril, estimaient les analystes d'UBS. Dans le sillage de toutes ces «spéculations» le baril de Brent, référence du pétrole algérien a clos la semaine qui s'est achevée vendredi sur une hausse de 1,42 dollar à 81,43 dollars. Un niveau qui pourrait décider l'Opep+ à davantage serrer ses vannes le 26 novembre prochain...