L’Opep+ «déprime» le baril

Un coup de massue! Le marché de l'or noir a très mal réagi à la décision de l'Opep+. Le groupe va prolonger le niveau de la production de pétrole brut des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés «du 1er janvier 2025 au 31 décembre 2025», ont fait savoir les douze membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs dix alliés hors Opep, dont la Russie, dans un communiqué, à l'issue de leur réunion de dimanche dernier. Avant qu'il n'y ait quelques précisions. Que disent-elles? Huit membres de l'Alliance Opep+ vont prolonger leur réduction volontaire de production de pétrole pour quelques mois, avant de les supprimer petit à petit, a annoncé, dimanche, le ministère saoudien de l'Energie. Des coupes de 2,2 millions de baril par jour qui concernent l'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l'Algérie et Oman, sont étendues jusqu'en septembre 2024 puis seront «progressivement supprimées» d'ici à septembre 2025. De précédentes coupes volontaires de 1,65 million de b/j annoncées en avril 2023 sont, elles, étendues jusqu'à fin 2025, précise le communiqué. L'annonce par l'alliance de commencer à réduire progressivement une partie de ses coupes de production dès octobre n'a pas du tout été appréciée par le marché. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a cédé, lundi, 3,39% à 78,36 dollars, glissant sous les 80 dollars pour la première fois depuis février. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate, pour livraison en juillet a, pour sa part, plongé de 3,59% à 74,22 dollars. Et c'est à bras raccourcis que les spécialistes sont tombés sur la décision de l'Opep+. «Octobre est le pire mois pour ajouter des barils à la production. Ce n'est plus la saison des déplacements. Ils vont ajouter peut-être 100 000 barils par jour en octobre, si c'est le cas, personne n'en a besoin», a réagi Robert Yawger de Mizuho USA, expliquant la chute des cours. «Ils auraient dû conserver ces barils, attendre le bon moment» pour les remettre sur le marché. «Au lieu de cela, ils lâchent une bombe avec des mois d'avance et vous avez le prix du brut qui s'écroule de presque 4%», a conseillé le courtier. Le marché est «déçu que le groupe relâche progressivement certaines de ses limitations de production malgré l'absence de signes tangibles d'amélioration de la demande», a indiqué Tamas Varga, analyste de PVM Energy. Il est incontestable que le montage présenté par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés est non seulement complexe mais interprété aussi comme un assouplissement de leur stratégie qui consistait plus à fermer leurs vannes qu'à les ouvrir. Que dit-il dans le détail? Les membres de l'Opep+ réduisent actuellement leur production sur trois niveaux: à l'échelle du groupe d'abord, avec des objectifs de production officiels réduits de 2 millions de barils par jour depuis la fin 2022. Ces quotas officiels ont été étendus jusqu'à fin 2025. Viennent ensuite des réductions volontaires de certains membres, annoncées en avril 2023, de l'ordre de 1,65 million de barils par jour au total, reconduites, elles aussi, jusqu'à fin 2025. Ce qui est perçu par les investisseurs comme la perspective d'une augmentation de l'offre à venir pouvant mener à un marché excédentaire. C'est ainsi que les prix voient les choses. Ils poursuivaient leur plongeon hier. A 14h40, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août chutait de 1,12 dollar à 77,24 dollars. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate, pour livraison en juillet lâchait, de son côté, 1,16 dollar à 73,06 dollars. «L'annonce d'un renversement progressif des réductions volontaires (de production, ndlr) a été le principal responsable» du plongeon des prix, fait constater Tamas Varga, analyste chez PVM Energy. L'Opep+ apportera-t-elle des correctifs? Selon les dernières informations, l'Alliance tablerait sur une reprise significative de la demande mondiale. Un coup de poker...!