Assurances
L’automobile pose problème
Les professionnels des assurances préconisent d’augmenter, sans plus tarder, la tarification de la responsabilité civile RC de l’assurance auto, laquelle, estiment-ils, reste dérisoire.

Les assureurs algériens appellent l'Etat au secours. Ils demandent aux pouvoirs publics d'intervenir pour réguler leur secteur frappé par quelques anachronismes. Il y a, en effet, malaise dans les assurances et c'est l'automobile qui pose problème. Les professionnels des assurances préconisent d'augmenter, sans plus tarder, la tarification de la responsabilité civile RC de l'assurance auto, laquelle, estiment-ils reste dérisoire. Ahcène Khelifati, patron d'Alliance assurances, confie à ce titre que les assurances perdent énormément d'argent dans la branche automobile: «Nous évaluons cette perte entre 300% et 800% pour chaque dinar encaissé. La RC automobile est la partie obligatoire des assurances. Elle est de l'ordre de 2000 Da par véhicule et par année. La plate-forme de recours, installée récemment, risque de donner lieu très prochainement à un effet boule de neige que nous ne pourrons pas maîtriser et qui risque d'emporter tout le monde en l'absence d'une décision pour rééquilibrer les choses, car la branche automobile glisse dangereusement dans ce chapitre précis». Ahcène Khelifati tient à préciser néanmoins qu'il n'est pas question dans son propos d'augmenter le prix de l'assurance automobile, mais plutôt de celui de la garantie RC laquelle couvre la responsabilité civile des automobilistes. Selon lui, une étude préconise d'augmenter la valeur de cette dernière de trois fois, voire de sept ou huit fois.
Inflation, prix des véhicules, valeur du dinar...sont autant d'ingrédients qui dictent la révision de cette RC poursuit Ahcène Khelifati qui souligne que faute d'un réajustement salutaire, le déséquilibre ne pourra que s'aggraver davantage, ce qui ne servira pas l'intérêt de l'assuré. «Notre souci consiste à mettre le citoyen en confiance et à parer à quelques incohérences», fait savoir Ahcène Khelifati qui livre l'exemple frappant d'un constat amiable confrontant une petite Maruti à un carrosse de 30 millions de dinars, avec pour base RC la modique somme de 2000 Da; et d'inviter à imaginer le scénario, où, la responsabilité du conducteur de la Maruti serait engagée dans le sinistre...Intervenant, hier, au Forum du quotidien national d'information El Moudjahid, Ahcène Khelifati et Youcef Benmicia, président de l'Union algérienne des sociétés d'assurance et de réassurance, ont évoqué le chantier de la réforme des assurances. Ainsi a été évoquée la loi 95- 07, laquelle fait l'objet d'une révision. L'une des plus grandes réformes escomptées est celle qui accouchera de la création d'une autorité de régulation indépendante, et transcendante au ministère des Finances, ont-ils annoncé. «Il est également question de la prise en charge des nouvelles formes d'assurances, notamment le takafoul, la numérisation, de même qu'est attendu l'examen de l'alinéa portant sur les garanties et le paiement de la prime selon le principe universel «no cash no paiement», ont ils stipulé. Notons que le Forum d'El Moudjahid, a particulièrement permis de mettre la lumière sur la contribution de l'assurance aux défis de la sécurité alimentaire, sous l'intitulé «assurance agricole, une solution pour la sécurité alimentaire en Afrique: focus sur la conférence de l'Organisation des assurances africaines à Alger». Ce thème a été abordé, en prévision, rappelons-le, de la 49eme Conférence et l'Assemblée générale de l'Organisation des Assurances Africaines OAA, qui se tiendront du 27 au 31 mai à Alger. Un rendez-vous, où sera abordé le rôle des assurances dans la sécurité alimentaire des pays africains. Au fil de leurs interventions au Forum du quotidien El Moudjahid, les deux orateurs ont fait savoir que sur le front de l'assurance agricole, le champ d'intervention reste large et que les portes sont ouvertes à tous. Ils ont, en outre, recommandé le principe de l'assurance totale et obligatoire face aux nouveaux périls, charriés par le changement climatique.
Ils ont, à ce titre, particulièrement insisté sur l'aspect financier de l'assurance et que pourrait supporter l'État à hauteur de 70% ou 80%. Le triangle associant l'État, l'assuré (agriculteur) et l'assureur constituerait le socle du contrat d'assurance qui prémunira les agriculteurs algériens des pertes sèches. Ce modèle serait adopté dans des pays, en Chine, en Inde ou en Espagne et qui voit la participation de l'État à l'assurance dans une généreuse proportion qui va de 55% à 97%.