Un jour ma mère reviendra de Rabéa Hachemi
Récit d’une enfance mouvementée
Le père était détenu dans les geôles du colonisateur, tandis que les pères de ces familles amassées sous le toit de Jedy se trouvaient dans le maquis, pour libérer le pays. Cette libération ne tarda pas à venir, celle du pays, entrainant avec elle la libération du père.

Par Jugurtha ABBOU
Rabéa Hachemi est docteur en biologie et maître de conférences. Elle a publié tout récemment Par-delà le Sébaou , mais c’est de son premier roman «Un jour ma mère reviendra » que nous parlerons.
Le roman raconte l’histoire d‘un enfant de la guerre, et qui a subi ses conséquences, directes et indirectes. Cet enfant, une fille plus précisément, est le benjamin de sa fratrie, composée de Kamel, l’aîné, et Dalila, la cadette.
La petite, comme on l’appelle le long du récit, vit avec sa maman et ses frères dans la maison du grand-père maternel, une maison qui abrite également tantes et cousins. Son quotidien, fait de cours et de révisions, lui fait oublier quelque peu l’absence du père, d’autant plus que Jedy, son grand-père, et Sety, sa grand-mère, sont aux petits soins. Mais la question, devenue lancinante, finit par trouver réponse.
Le père était détenu dans les geôles du colonisateur, tandis que les pères de ces familles amassées sous le toit de Jedy se trouvaient dans le maquis, pour libérer le pays. Cette libération ne tarda pas à venir, celle du pays, entraînant avec elle la libération du père.
La famille change de demeure, s’installant dans un appartement lui offrant plus d’autonomie et plus d’intimité. Sauf que la vie de la petite n’est pas un fleuve tranquille.
À peine installée dans son nouvel appartement, la famille voit la venue de Mouhouche, un enfant dont les enfants ne connaissent pas grand-chose mais à qui il est demandé d’accueillir avec égard et bienveillance. Et si Kamel et Dalila acquiescent gentiment, ce n’est pas le cas pour la petite, dont le surnom donné à Mouhouche -alligator- renseigne sur son attitude vis-à-vis de lui. Mais si elle l’a nommé ainsi, c’est parce que lui ne ratait pas l’occasion de la provoquer, comme ce jour où il a massacré ses vers de terre alors qu’elle s’apprêtait à faire un retour d’expériences inédit pour ses camarades de classe.
Parmi ces camarades de classe, se trouve Sekoura, une fille plus âgée que les autres et qui utilise cette différence d’âge pour extorquer aux élèves tout ce qu’ils apportaient de bon en gâteaux et en friandises.
Naît alors entre Sekoura et le personnage principal du roman une animosité criante. La petite comptait sur son intelligence et son abnégation pour gagner la sympathie de son enseignante, Mme Genet. Aussi, elle comptait sur les histoires qu’elle lisait dans les bandes dessinées et qu’elle racontait à ses camarades, gagnant la sympathie de ces dernières.
Quant à Sekoura, elle a regroupé autour d’elles les élèves de son âge et, usant de la force, elle a imposé des règles. Entre Sekoura et Mouhouche, la petite vivait mal cette adversité, d’autant plus que l’intrus a pris place dans la famille sans réellement en faire partie, ce qui a fait poser à la petite de nombreuses questions : Et s’il était le fils de mon père, issu d’un second mariage ?
Les adultes n’ont pas facilité les choses à la narratrice, car si ses parents ont entretenu le silence à ce sujet, Nna Ouerdia, une amie de la famille, n’a pas cessé de susciter sa curiosité. Et pourtant un jour, après une chamaillerie, le petit Mouhouch a fini par rassurer sa congénère : « Ne t’inquiète pas, un jour ma mère reviendra », lui dit-il. Sur ce sujet, nous ne vous en dirons pas plus, car nous vous laisserons aller au bout de l’histoire. Mais nous vous mettrons l’eau à la bouche en vous disant que les deux enfants ont bien fini par s’apprécier, à la suite de péripéties que la petite a vécues.
D’abord, il y a eu cette chute dans la cour de l’école, chute qui lui a causé une entorse à la cheville et une longue indisponibilité à l’école.
L’enfant s’est montré coopératif et dès lors, une complicité est née entre les deux chérubins.
La fille a repris l’école, et durant les compositions, elle a pris Sekoura en flagrant délit de fraude.
Ce qui devait arriver arriva, la petite a dénoncé la tricheuse, et celle-ci, sanctionnée a juré vengeance.
Ces menaces sont parvenues aux oreilles de Mouhouche qui, prévenant, a averti son amie. Mieux que ça, le jour où Sekoura a mis à terre sa protagoniste, c’est lui qui, tel un héros, l’a retirée de ses griffes.
L’enfance, c’est l’âge de l’innocence. Mais c’est l’âge aussi où les enseignements et les expériences s’amassent pour forger ce qui devient le caractère.
C’est l’âge où la sensibilité s’introduit, les faits et les méfaits peuvent s’avérer d’une si grande importance.
Lisez le roman de Rabéa Hachemi, vous n’en sortirez pas insensibles.