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77e Festival de Cannes

«Nous prenons la guerre, nous en faisons du cinéma»

La Quinzaine des cinéastes a choisi de présenter Vers un pays inconnu du réalisateur danois d'origine palestinienne Mahdi Fleifel.

Dans le vortex de Cannes 2024, la politique a-t-elle sa place? Oui, bien évidemment, le Festival n'est pas une bulle étanche à l'écart des soubresauts du monde.
«La guerre: elle démolit notre pièce de théâtre pour nous contraindre à jouer sans texte ou dialogues.» Mahmoud Darwich.
Bien sûr, ce qui se passe à Ghaza ne pouvait être mis sous le tapis (rouge). C'est ainsi que la comédienne australienne Cate Blanchett a fait une apparition remarquée avec une robe aux couleurs emblématiques du drapeau palestinien: vert, blanc et noir... complétées par le tapis rouge du Festival.
L'actrice Leïla Bekhti, qui a récemment enregistré un message en faveur des enfants de Ghaza pour l'Unicef, a arboré un pin's pastèque, l'un des symboles de la résistance palestinienne.
Le comédien Omar Sy, membre du jury de la compétition officielle, a fait, lui, une déclaration remarquée: «Rien ne justifie le meurtre d'enfants à Ghaza ou n'importe où. Nos dirigeants élus doivent agir maintenant pour sauver des vies et nous faire avancer vers un avenir ancré dans la liberté, la justice, la dignité et la paix pour tous.»
Au Marché du film, le pavillon du Film arabe a déroulé une grande banderole appelant à soutenir l'industrie des Territoires occupés ou ses cinéastes en exil.

Témoignages poignants
La Quinzaine des cinéastes a choisi de présenter Vers un pays inconnu du réalisateur danois d'origine palestinienne Mahdi Fleifel, qui suit deux jeunes cousins palestiniens se retrouvant en Grèce, après avoir fui un camp au Liban.
Sur une plage de la Croisette, l'équipe du film Ground Zero. The Untold Stories of Ghaza a planté une tente semblable à celles des réfugiés palestiniens en Palestine.
Vingt-deux artistes palestiniens ont filmé en temps réel, sous la houlette du cinéaste, Rashid Masharawi, l'enfant de Ghaza, partant du constat que la parole des Ghazaouis est difficilement audible. «Ce que nous apportons, nous, ce sont des récits de la population palestinienne.»
Et l'auteur de Haïfa (1996) de clarifier encore plus l'esprit de Ground Zero: «Il faut que nous soyons représentés par autre chose que le nombre des morts. (...) Des faits et des sentiments sur lesquels les informations ne s'attardent pas. Des histoires qui peuvent faire évoluer les consciences.»
Des courts-métrages, fiction, documentaire, animation qui nous plongent au coeur de Ghaza, où les habitants, malgré les bombardements et les déplacements incessants, veulent continuer à vivre, à aimer, à chanter, à créer.
Chaque cinéaste joint à son film un message enregistré la veille du Festival de Cannes: c'est dans des toilettes d'un camp à proximité du Sinaï égyptien, où il est cloîtré avec sa famille, que l'auteur de Teacher, lance un terrible appel au secours: «Je n'en peux plus! Aidez-nous!» Quant au réalisateur de Jade and Nathalie, il confiera: «J'aimerais être auprès de vous, mais ce n'est pas possible, je vous épargne les détails, j'ai été déplacé de Ghaza à Rafah. J'aurais aimé voyager pour apprendre le cinéma et le théâtre, devenir un grand acteur et réalisateur. J'espère maintenant rester en vie pour accomplir mes rêves et échanger un jour avec vous.» Âtimmad, elle, au bord de l'effondrement, avouera son désarroi à l'annonce de la mort de son frère et des enfants: «Je me suis senti seule et impuissante, je n'avais plus que la force de parler à la caméra pour apporter mon témoignage.»
Et à un autre de partager sa réflexion, à chaud: «Comparés à mes expériences passées, ces tournages sont très difficiles. Les défis à relever sont innombrables et, honnêtement, nous sommes arrivés à un stade où nous commençons à songer à baisser les bras. Même si le cinéma nous maintient et nous permet d'être entendus alors que la guerre continue.» Et de conclure par un déchirant: «Merci et à bientôt.» En attendant la reconstruction du centre culturel de Rashad Al-Shawwa, du nom du maire qui l'a construit en 1985, rasé par les bombes israéliennes en février dernier.
«Avec Ground Zero, nous prenons la guerre, nous en faisons du cinéma», conclura Rashid Masharawi, l'auteur de Couvre-feu (Semaine de la critique 1994, prix Unesco).
«À Ghaza, ce sont des milliers d'enfants morts et des milliers de disparus. Ce ne sont pas des soldats qui meurent, ce sont des femmes et des enfants à l'hôpital. Si cela n'est pas un génocide, je ne sais pas ce qu'est un génocide», avait déclaré, il y a peu de mois, le président brésilien, Lula, et à qui Oliver Stone vient de consacrer un documentaire assez fouillé.

Lula au miroir de Oliver Stone
Le cinéaste américain est connu pour ses fictions politiques Platoon (1986), Né un 14 juillet (1989) sur la guerre du Vietnam, puis JFK et Nixon. Mais il s'est aussi intéressé à l'Amérique latine avec Comandante, en 2003, sur Fidel Castro et My Friend Hugo en 2014 sur l'ancien président vénézuélien Hugo Chávez.
Avec Lula (2024), Oliver Stone s'intéresse de nouveau au continent sud-américain, plus précisément au président de la République du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, dit «Lula», qui est revenu à la tête du pays, l'année dernière, après deux années d'incarcération pour des faits de «corruption et de blanchiment d'argent», suite à sa mise en cause par suite au scandale «Lava Jato-Petrobas» (Lavage express), fomenté par un juge arriviste et par une classe politique des grands propriétaires latifundiaires. Lula finira par être innocenté.
Stone pointera du doigt les services américains qui auraient cornaqué cette opération «anticorruption» qui aboutira à l'emprisonnement de Lula.
Bénéficiant d'un accès privilégié et amical à Lula et à ses plus proches conseillers, Oliver Stone aura donc pu éclairer d'un jour nouveau, tout au long d'une série d'entretiens, sans filtre aucun, la personnalité du charismatique dirigeant emblématique, figure essentielle de la classe ouvrière brésilienne. Lula, illettré jusqu'à l'âge de dix ans, viendra à la politique par le syndicalisme pour se faire réélire par la suite, trois fois, à la tête du Brésil.
Il en résultera un portrait intime et évocateur de ce leader charismatique, peut-être un peu trop hagiographique, mais combien passionnant. 

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