«Mon ouvrage, Ma vie, un vrai marathon»

L'Expression: Votre ouvrage raconte les différentes étapes du mouvement sportif national à travers votre riche et longue expérience. Pouvez-vous retracer, brièvement, aux lecteurs de L'Expression, votre itinéraire professionnel?
Abdelmadjid Rezkane:De manière générale, on écrit son autobiographie lorsqu'on éprouve le besoin de reconstituer les événements de sa vie et de les raconter à ses proches. Il faut dire qu'aujourd'hui plus qu'hier, on peut se permettre de parler de soi...Car aujourd'hui, parler de soi est une évidence, une manière concrète de se sentir exister en toute liberté, afin d'éviter certaines critiques que j'estime légitimes. Concernant mon ouvrage, je voudrai vous lire cette citation personnelle: «Je ne raconte pas ce que je pense, mais ce que je ressens.» Combien de fois ai-je pensé écrire mes Mémoires afin de fixer le long périple de ma vie. Mais n'étant pas accoutumé à ce genre d'exercice littéraire, j'étais constamment saisi par le découragement, lorsque je m'essayais dans cette aventure. Puis, un jour «la lumière fut». J'eus ce déclic, ce facteur déclencheur qui me permettait de pouvoir céder une trace à confier à la postérité. En effet, ce jour-là arriva lorsque,entouré de mes petits-enfants, je m'étais mis à leur narrer mon cheminement de vie, jalonné de succès et...d'échecs.
En plus de cette opportunité, se présenta celle du confinement: cet événement sans précédent, qui ne pourra s'oublier de sitôt par l'ensemble de la planète. Il s'agit de ce scénario irréaliste de l'avènement de la Covid-19 qui bouleverse à ce jour l'ordre mondial dans tous ses aspects (social, sanitaire, économique et politique). En effet, les cinq continents sont balayés de plein fouet par la dangerosité surprenante du virus. Ainsi, les États, pris de court par la pandémie, adoptèrent des mesures sanitaires drastiques pour épargner leurs populations...
Et pour ma part, j'avoue que cette situation d'enfermement durant de longs mois m'a été propice m'incitant à la découverte de ce nouveau créneau, celui de l'écriture. N'est-ce pas la bonne occasion pour rédiger mes Mémoires, enfin, témoigner de mon parcours, qualifié de « Marathon», comme l'exprime si bien le titre de cet ouvrage? Ainsi, élaborer, rédiger mes Mémoires devenait pour moi un devoir, nourrir ma descendance de l'époque cruciale allant de la guerre de libération à la période postindépendance. Cet écrit répond à un devoir de mémoire.

L'écriture de votre livre a certainement nécessité de gros efforts (documentation, témoignages, etc...).
Un mot sur les conditions générales liées à la réalisation de votre ouvrage: Eu égard à la crise économique mondiale qui a affecté même le secteur du papier et de l'imprimerie, les professionnels ont eu à faire face à de multiples difficultés liées à la commercialisation de la matière première et bien d'autres raisons. Par conséquent, l'imprimerie est freinée ne pouvant satisfaire la demande. Ainsi, mon ouvrage a subi les répercussions des raisons citées plus haut et a été pris dans cet engrenage lié au malaise économique qui affecte le monde. La publication n'ayant pu se faire à la date prévue. Cependant, grâce à notre volonté de satisfaire l'attente du public, nous avons pu le publier tant bien que mal...

Quels sont les principaux événements sportifs et internationaux auxquels vous avez pris part au plan opérationnel et organisationnel?
Durant ma longue carrière, j'ai eu à être partie prenante en tant que membre des Comités d'organisations de divers événements sportifs nationaux et internationaux. La liste est longue, mais je tenterai de citer de mémoire les plus importants: les Jeux méditerranéens de 1975, les Jeux africains de 1978, la coupe d'Afrique des Nations de 1990, la coupe de la Palestine, à Alger en 1985. Ceci, sans oublier les nombreux championnats mondiaux militaires organisés à Alger.

Ces dernières années, le sport algérien a connu une regrettable régression due, pour une large part, selon les observateurs, au niveau de formation des dirigeants fédéraux et à la prise en charge du mouvement sportif national. Quel commentaire faites-vous sur cet état de fait?
En effet, ces dernières années, le sport national est en difficultés tant, sur le plan organisationnel, que celui des résultats sans qu'aucune réflexion constructive ou diagnostic ne puissent être impulsés. Pourtant, les moyens matériels et financiers ne manquent pas en comparaison avec les années précédentes. À mon humble avis, le MSN se complait dans un archaïsme qui aggrave son existence. Alors que dans le reste du monde, particulièrement les pays développés, on met en place de véritables laboratoires pour le développement du sport et de la pratique sportive. Pourquoi ne pas profiter de leurs expériences pour la formation de nos cadres sportifs car il devient urgent de remédier à ces lacunes qui aggravent de plus en plus l'état de notre sport. Le manque de compétences dans la prise en charge de la formation permanente des cadres dirigeants à tous les niveaux (fédérations, ligues, associations sportives, clubs de football, organisations des évènements etc.). Pour conclure, je dirai qu'il est urgent de se pencher sur ce malaise dont souffre notre Sport national voilà quelques années.

Vous êtes le promoteur d'une grande manifestation sportive «Le Marathon des dunes» qui associe «sport» et «tourisme». Cet événement fortement apprécié tant en Algérie qu'à l'étranger est aujourd'hui à l'arrêt. Quelles sont les principales causes ayant engendré cette suspension?
L'organisation de la manifestation sportive du «Marathon des dunes»» a été régulière depuis sa création en 2001 jusqu' à l'apparition de la pandémie en 2019 où la planète dans sa totalité fut frappée par la Covid-19 qui aggrava la situation sanitaire de l'humanité avec les conséquences que nous avions vécues avec la fermeture des frontières et la limitation de la circulation des personnes. Ce sont ces raisons qui avaient bloqué nos activités. Mais avec la situation d'accalmie annonciatrice d'un retour à la normale, nous projetons la reprise de nos activités sportives et touristiques à travers le Sahara algérien comme de coutume. Nous l'annoncerons en temps opportun, inchaallah.

L'Algérie est candidate à l'organisation de la CAN 2025 de football. Ne pensez-vous pas que cette candidature mérite une prise en charge offensive et plus dynamique?
Il me semble qu'autour de la question de la CAN 2025, il y a une sorte d'impatience, parfois de précipitation qui risquerait de se banaliser en se transformant en brouhaha. Ce sujet ayant trait à l'élection de l'Algérie à la CAN 2025 devrait être traité en toute objectivité. À l'occasion du Chan 2022-2023 qui se déroule actuellement dans notre pays, les responsables dirigeants de la FAF devraient saisir l'opportunité de la présence, en Algérie, de l'ensemble du bureau exécutif de la CAF (les vrais décideurs du choix du pays devant accueillir l'événement sportif africain) pour tenter un travail de coulisses et sensibiliser ces responsables au dossier de notre candidature pour l'édition 2025.