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«La baie d'Alger», expo de Farid Benyaâ

Liberté aux grains de folie!

La Casbah, Alger et son environnement, mais aussi de belles et audacieuses propositions de l'architecte, le tout est visible au Palais de la culture, jusqu'au 25 juillet...

«Alger a une histoire millénaire, elle est un musée à ciel ouvert. En 1956, la baie d'Alger a été classée deuxième plus belle baie au monde après celle de Rio de Janeiro.
Pendant longtemps, Alger a été considérée comme la perle de la Méditerranée et un laboratoire d'architecture exceptionnel. Mon projet sur la baie d'Alger est une exposition avec plus de 120 oeuvres aux dimensions allant jusqu'à 13 mètres. Dessinées à l'encre de Chine, mes oeuvres développent des vues inédites de la capitale. Des vues panoramiques, des boulevards historiques et des monuments prestigieux viennent appuyer le caractère remarquable de la capitale.
La casbah d'Alger, classée au patrimoine mondial de l'Unesco en 1992, est mise à l'honneur. Elle a une place privilégiée.»,peut-on lire en première page du catalogue de l'expo «La baie d'Alger» de l'architecte Farid Benyaâ. Ce dernier nous avouera lors de notre visite qu'il a mis sept ans pour la réaliser. Belle, elle est surtout imposante par la qualité de son travail et la grandeur de ses oeuvres qui varient entre cinq, huit, dix, allant jusqu'à treize mètres!
La baie d'Alger dans toute sa splendeur est déroulée sous nos yeux. Telle qu'elle est ou fantasmée, elle ne laisse personne indifférent.
À partir d'une photo, Farid Benyaâ reconstitue le paysage sur un calque et sur un autre se met à dessiner à la plume. Apres avoir fini de scanner le calque et de reconstituer le dessin sur ordinateur Farid Benyaâ imprime le tout sur forex. Son exposition se décline sous différents axes. Il y a d'abord la Casbah qui est au coeur de cette expo et prend deux pans. Dans le premier, l'artiste investit dans une oeuvre où il essaye de montrer ce qu'elle aurait pu être si elle était mieux préservée.
Le second pan est réservé à ses confrères architectes en une sorte d'hommage à leurs travaux. Des architectes qui ont réalisé des travaux sur Alger, les architectes qui ont lancé des projets pour 2030 et 2040 et enfin les architectes qui ont écrit des livres d'art sur Alger..

Alger sous toutes ses coutures
Nous découvrons aussi Alger telle que développée pendant le XIXe siècle et début du XXIe siècle. On y trouve aussi des boulevards, à l'instar de la rue Didouche- Mourad, la rue Larbi-Ben M'hidi, le boulevard du Front de mer, Zighout-Youcef, Che Gevara, des monuments aussi, comme Notre-Dame d'Afrique, la cinémathèque d'Alger, le Théâtre national algérien, mais aussi le jardin d'Essai, la Grande Poste, la rue de Tanger.. Alger pêle-mêle est ainsi reconstituée sous nos yeux d'une façon bien originale et singulière avec une finesse et force détails inouïs! « Je ne me suis pas contenté en tant qu'architecte de dessiner la baie telle qu'elle est, il fallait que je fasse une proposition d'aménagement et contribue à son amélioration», nous a confié Farid Benya.
Décliné à travers de nombreux plans, ce projet d'architecture qui repose,avant tout, sur l'imagination de l'architecte, est baptisé «Allée des artistes, jonction du jardin d'Essai du Hamma, à la mer, renforcement d'un pôle culturel déjà existant..». Et de confier: «Pour ça, je suis parti d'une constatation qu'Alger est coupée de la mer alors que, c'est la mer qui a intronisé Alger comme capitale. Il est dommage que nous puissions tous voir de nos fenêtres la baie, que nous puissions la voir, sans la toucher.

Rêvons la Casbah jusqu'à la mer
Quand nous voulons nous baigner, nous sommes obligés de sortir d'Alger, y compris pour aller prendre un pot en bord de mer. J'ai imaginé donc une nouvelle voie comme accompagnement de la Sablette et créer des nouvelles connexions qui sont nombreuses...» Et d'expliquer: « Le jardin d'Essai qui est un des plus beaux jardins au monde, est entouré d'un pôle culturel important, à savoir le Musée national des beaux-arts, Dar Abdeltif,, la grotte de Cervantes, Makam Echahid, le Musée national de l'armée, le bois des Arcades, le stade du 20-Août, la Bibliothèque nationale, l'hotel Sofitel... et malheureusement tout ça est coupé de la mer. J'ai montré donc comment reconnecter tout ça avec la mer...Il y a une usine de dessalement d'eau de mer qui n'a rien à faire ici et qui peut être installée n'importe où. Il s'agit de montrer comment mettre en place une allée des artistes dans le prolongement de l'allée de la mer pour arriver au village des Artistes que j'ai créé. Ce dernier comprendrait des ateliers d'artistes, une galerie d'art, une salle de conférence...je crée aussi un port de plaisance et toute une activité artistique autour qui est le prolongement d'un pôle culturel qui est déjà existant.
Une base nautique aussi avec plongée sous-marine, où l'on peut prendre le bateau pour aller à Tipaza, Cherchell... ». Un très beau projet qui fait rêver, certes!....Et Farid Benyaâ de nous rétorquer: «Il faut rêver! Il faut qu'Alger retrouve ses rêves, ses grains de folie, c'est comme ça qu'elle pourra devenir comme toutes les grandes villes de la planète...» Ce joli parcours pensé par Farid Benyaâ s'adresse, en effet, aux artistes car il leur offre toutes les commodités pour s'épanouir, avec toujours comme toile de fond, la Casbah, la mer à portée de main..

L'Allée des artistes
Farid Benyaâ nous parle aussi d'autres voies «pénétrantes» et exprime le souhait de voir un jour la baie s'appeler «la Crique», et d'autres espaces «la Mouette», «El Mahroussa», et ce, partant de la Casbah avec les palais des Raïs, jusqu'à Tamentfooust et créer ainsi une connexion avec la mer. Créer ainsi une
« deuxième Copacabana» en quelque sorte, avec enfin «des méditerranéens qui auront accès à la Méditerranée», nous avouera t-il avant d'ajouter:
« Je pense que je ne suis pas en train de projeter l'impossible, j'essaye de projeter ce qu'on n'a pas encore pensé, parce que tout ça est possible!» Il est à noter, que côté esthétique, certaines de ses oeuvres mêlent les couleurs au noir et blanc du rapido. « Il était important de rajouter cette technique mixte du plasticien en y apportant de l'aquarelle, de l'aérosol, de la peinture au marqueur...il est important que l'architecte retrouve son aura. Ce n'est plus quelqu'un dont on peut se passer..»
L'architecture au service de l'art et vice versa. L'un se nourrit de l'autre en effet. Et c'est bien la particularité de cette expo qui est accompagnée de quelques citations aussi qui disent le charme de cette baie.. «C'est la raison pour laquelle nous avons une oeuvre qui montre l'école des beaux-arts, mais aussi l'Epau..Si on avait laissé faire leur grain de folie, leur créativité, si on avait laissé leur imagination s'exprimer, leur inventivité, Alger aurait pu, être au même titre que des villes de la planète, faire et défaire les modes, à l'échelle international, encore faut- il qu'on donne aux artistes cette possibilité, cette liberté là...le Hirak a, pourtant, prouvé que dés qu'on donnait la possibilité, il était possible que l'Algérien, que le jeune Algérien puisse surprendre non seulement son propre public, mais les gens dans le monde.. On a surpris plus d'un en disant qu'on était capable d'espoir...»a conclu Farid Benyaâ dont l'exposition «La baie d'Alger» est toujours visible au Palais de la culture Moufdi Zakaria jusqu'au 25 juillet.
À voir absolument! Véritable manifeste pour la liberté de création, cette expo via le projet d'aménagement de Farid Benyaâ est enfin, un vrai hymne à l'amour pour l'art, l'architecture et les artistes.

De Quoi j'me Mêle

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