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26 Mai 1993 - 26 Mai 2022

Le dernier printemps de Tahar Djaout

Qui pourrait oublier la maudite journée du 26 mai 1993? Qui pourrait oublier le moment où la nouvelle est tombée comme un couperet. Tahar Djaout, romancier, poète et journaliste vient d'être ciblé par un attentat terroriste. Mais il n'est pas mort. Oui, il n'est pas mort. L'espoir qu'il s'en sorte est alors entretenu jusqu'au 2 juin. Tout le monde était resté accroché à l'espoir de revoir Tahar Djaout vivant. L'angoisse de l'incertitude dura alors une semaine infernale très longue où les prières n'ont pas cessé. Aussi bien par ses amis, ses collègues journalistes et travailleurs dans le secteur de la presse que chez ses milliers de lecteurs. Les lecteurs de ses chroniques dont «Rupture», l'hebdomadaire de haut niveau qu'il venait de lancer avec de nombreux, talentueux et anciens journalistes comme Abdelkrim Djaâd, Arezki Metref, Nadjib Stambouli, etc. Mais aussi par ses anciens lecteurs du temps où il illuminait de sa signature l'hebdomadaire mythique Algérie-Actualité ainsi que le supplément culturel du quotidien national El Moudjahid. Les lecteurs de ses romans et de ses recueils de nouvelles aussi ont été bouleversés par la triste nouvelle de l'attentat ayant eu pour cible un jeune écrivain algérien qui s'est imposé si vite non seulement dans son pays, mais aussi ailleurs, notamment en France où ses romans ont été édités par l'une des plus prestigieuses maisons d'édition francophones, à savoir «Le seuil», en plus des prix littéraires dont son oeuvre avait été gratifiée. Tahar Djaout a été le premier journaliste à avoir été assassiné. Sa carrière littéraire, des plus prometteuses, avait été freinée brutalement et sauvagement. Tahar Djaout était en train d'écrire un nouveau roman quand il a été assassiné. Cette fiction inachevée sera plus tard éditée à titre posthume sous le titre «Le dernier été de la raison». Né à la veille du déclenchement de la révolution d'Indépendance nationale au village Oulkhou près d'Azeffoun, Tahar Djaout n'a que dix ans quand sa famille s'installe à Alger. La littérature, il l'avait dans le sang. Il n'avait que 16 ans quand il participe à un concours littéraire avec une nouvelle intitulée: «Les insoumis». Ce premier texte de Djaout est même primé. Tahar Djaout se lance dans le journalisme littéraire dans le quotidien El Moudjahid au milieu des années 70 puis à Algérie Actualité à partir de 1980. Après avoir publié plusieurs recueils de poésie, notamment «Solstice barbelés», «L'arche à vau-l'eau», «Insulaire», «L'oiseau minéral» etc., Tahar Djaout publie son premier roman intitulé «L'exproprié». Mais ce n'est qu'avec l'édition de son roman «Les chercheurs d'os» aux éditions du Seuil en 1984, que Tahar Djaout connait le succès littéraire. Un succès qui se confirme en 1987 après la publication de «L'invention du désert» puis du roman «Les vigiles» en 1991. «Les vigiles» a été couronné par le prix Méditerranée et traduit en anglais, allemand et portugais. Tahar Djaout est également l'auteur d'un recueil de nouvelles: «Les rets de l'oiseleur». Près de 29 ans après sa disparition physique, l'oeuvre romanesque de Tahar Djaout reste plus que jamais fraiche et vivante, voire d'actualité. Ses romans sont désormais incontournables car ils font partie de la crème de la littérature algérienne. Plus qu'un écrivain-poète, Tahar Djaout est un véritable symbole de la culture et de la littérature algérienne. Il est immortel grâce à son oeuvre, mais aussi grâce aux messages humanistes et universels qu'elle véhicule.

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