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Akli Tadjer, écrivain, à L’Expression

«L’Algérie, c’est le roman de ma vie»

Akli Tadjer vient d’être primé pour son dernier livre. Il a reçu le Prix du livre européen et méditerranéen pour son roman De ruines et de gloire (Éditions Casbah).

L'Expression: Peut-on savoir comment avez-vous réagi quand vous avez appris que vous étiez le lauréat de ce prix?
Akli Tadjer:C'est toujours un plaisir et un honneur d'être distingué par ses pairs, des libraires, des journalistes (francophones).
Le Prix du livre européen et méditerranéen me tient particulièrement à coeur car il est à mon image.
L'Europe, la France, Paris; où je suis né, là où j'ai mes repaires de l'enfance, ceux géographique, affectifs et la Méditerranée, l'Algérie là où j'ai ma mémoire familiale, des souvenirs de vacances en famille, notre histoire, celle avec un grand H. Et puis chaque fois que j'ai un prix littéraire, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour mes parents qui dorment pour l'éternité dans le cimetière de leur petit village de Kabylie.

Qu'est-ce qui a le plus séduit les membres du jury en choisissant votre roman, selon vous?
La thématique, le ton, le style. Les Européens connaissent de loin, et de plus en plus loin, oserais-je dire, l'histoire de la colonisation française en Afrique et en Algérie en particulier.
La finalité d'un roman n'est pas d'être objectif au regard de l'histoire mais d'humaniser les comportements des uns et des autres pris dans les tourmentes, bouleversements et chaos de l'histoire. Ici en France, lorsque l'on m'invite dans des lycées ou facultés pour parler de mes romans dont certains traitent de cette période, je suis surpris et consterné d'entendre l'idée qu'ils se font de la colonisation. Parfois on a l'impression que le colonialisme était une épopée romanesque, douce et exotique.

Votre roman plaide pour le tissage de liens étroits entre les deux rives. Pouvez-vous nous en donner plus de détails?
Je vis depuis toujours entouré de gens aux origines, à l'histoire, aux religions, aux destins divers et souvent cabossés. Nous n'avons pas d'autre choix que de nous entendre quelles que soient nos différences qui sont bien souvent un enrichissement. Saint-Exupéry disait: «Loin de me léser, ta différence m'enrichit mon frère». «Et pour citer une autre auteure Hannah Arendt: «J'ai compris que je n'étais plus rien quand j'ai réalisé que j'étais entourée de gens qui pensaient la même chose que moi». «Il y a des femmes et des hommes qui préfèrent dresser des murs entre les peuples et d'autres qui préfèrent jeter des ponts. À chacun de choisir son camp.
Le mien est fait depuis longtemps».

Un prix littéraire est une arme à double tranchant. Il peut aussi nous donner un sentiment d'avoir atteint un certain objectif et du coup nous freiner quelque peu dans l'élan de l'écriture. Comment le vivez-vous, vous?
Aucun prix à ce jour ne m'a monté à la tête. Seul compte pour moi, ce que j'écris aujourd'hui et ce que j'écrirai demain. On fera le bilan plus tard de cette aventure littéraire, mais rien ne presse.

Votre expérience dans l'écriture romanesque remonte à votre voyage en Algérie au début des années quatre vingt? Peut-on en savoir plus?
Mon premier roman, je l'ai écrit il y a 40 ans déjà. C'était le récit d'un voyage de vacances au village, - tadart - comme on dit en Kabylie. C'était l'époque, et ça m'avait marqué, où il y avait dans les pharmacies des linaires entiers de shampoing Klorane et de sachets de tisane Boldoflorine.
Dans les librairies on trouvait tout Jack London et Simenon. On passait nos journées à se laver la tête, boire de la tisane et à lire. C'était cocasse et drôle à la fois. Ce sont ces souvenirs ainsi que d'autres anecdotes qui ont nourri mon premier roman.

Vous avez participé, en tant qu'écrivain au Salon international du livre d'Alger (Sila) plusieurs fois, pouvez-vous nous en parler?
Mes premiers romans publiés en Algérie par les éditions Apic avec la regrettée Samia Zenadi sont Les ANI du Tassili, Le porteur de cartable, Les thermes du paradis, la Reine du tango, il était une fois peut-être pas. Chez Casbah Editions, Anissa Ameziane a publié, La vérité attendra l'aurore et ma trilogie D'amour et de guerre, D'audace et de liberté, De ruines et Gloire. Je ne vous cache pas que je ressens une certaine fierté quand j'apprends que des étudiantes et étudiants algériens travaillent sur mes ouvrages. S'agissant du SIila, grande manifestation littéraire, c'est pour moi l'occasion de faire connaissance avec des auteurs et surtout de découvrir leurs oeuvres.

C'est quoi l'Algérie pour vous?
L'Algérie, c'est le roman de ma vie.

Vous avez des romans portés à l'écran. Est-ce qu'on peut avoir plus d'informations à ce sujet?
J'ai trois romans adaptés pour TF1 et France télévisions. Le premier était Les A.N.I du Tassili, le deuxième Le Porteur de Caratble, le troisième Il était une fois, peut-être pas. Et un essai: Qui n'est pas raciste aujourd'hui, pour le théâtre.
De plus, j'ai la chance que mes romans soient traduits en suédois, allemand, italien, russe.

Ce n'est pas la première fois qu'un de vos romans est primé. Déja, en 1984, votre premier livre a reçu le prix Georges Brassens. Puis vous avez été récipiendaire du grand prix du VAR, le prix Maghreb-Méditerranée-Afrique, le grand prix du roman Métis, etc. Que vous ont apporté tous ces prix?
Les prix littéraires vous apportent plus de visibilité, plus de notoriété.
Dans un pays qui sort plus de 1500 romans par an, ça a son importance car les éditeurs sont aussi des commerçants.
Pour ma part, je vous l'ai dit, ces prix sont la reconnaissance de mon travail. Et le lendemain, j'ai déjà tourné la page.

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