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Nour Karoui, actrice tunisienne, à L'Expression

«Jouer dans Les filles d'Olfa est une grande responsabilité...»

Nous l'avons rencontrée lors de la dernière édition du festival d'Annaba du film méditerranéen où elle est venue accompagner lors d'une séance spéciale, la projection du film à succès, «Les filles d'Olfa» de la grande réalisatrice tunisienne, Kaouther Ben Hania. Un film qui a défrayé la chronique, tant sur le plan thématique que grâce à sa démarche cinématographique qui combine le docu-fiction à merveille en abordant l'histoire d'une famille modeste tunisienne dont les deux filles aînées ont été rejoindre les bancs de Daesh en Libye. Le film est une véritable odyssée sociologique qui permet d'apporter quelques clés de compréhension sur les raisons qui ont poussé ces jeunes filles à s'enrôler dans les camps salafistes, mais c'est aussi une véritable pépite cinématographique à lui tout seul, grâce à ses plans faits d'ombre et de lumière et qui remettent le cinéma au coeur de l'essentiel, c'est-à-dire l'image...Rencontre avec une des jeunes protagonistes de ce film, la comédienne Nour Karoui qui a endossé le rôle d'une de ces filles, poussant la fiction à se fondre dans le réel avec acuité et tendresse...

L'Expression: Vous avez joué dans le grand film à succès de Kaouther Ben Hania, « Les filles d'Olfa» où vous avez interprété le rôle de la fille aînée, c'est- à- dire, Rahma. Comment avez-vous accueilli ce scénario qui d'emblée est bien perturbant ou plutôt la proposition? Et ça fait quoi d'endosser un rôle aussi sensible que celui- là?
Nour Karoui: Tout d'abord, il n- y avait pas de scénario préétabli. C'est un challenge pour un acteur ou une actrice. Je connaissais l'histoire, parce qu'Olfa est venue déjà dans plusieurs plateaux télé pour parler de son histoire. C'était donc un challenge pour moi en tant qu'actrice. Tout était basé sur l'improvisation, sur les questions qu'on devait poser à la famille. On devait se concentrer sur les détails, le caractère des membres de la famille pour avoir une idée sur le parcours de vie de Rahma et Rofran qui se sont radicalisées et sont allées rejoindre le camp de Daesh en Libye.

C'était comment l'ambiance de tournage sur le plateau?
C'était très intense. Cela a duré trois semaines. On tournait dix heures par jour. Il y avait beaucoup d'émotion. Il y avait en vérité beaucoup de scènes où on a ri et d'autres où on a beaucoup pleuré. On était vraiment comme une famille. On est rentré vraiment dans la peau des filles d'Olfa. Ses filles ont déjà le don de la narration, elles captent ton attention, donc, on s'est beaucoup imprégné de leur récit. Je me sentais à l'aise avec elles..

Effectivement, dans le film on arrive à un moment où la fiction se confond avec le réel. Ça a été une des composantes qui ont fait la réussite du film..Avez-vous énormément discuté avec la famille avant de tourner?
Non. La rencontre avec la famille, c'était le premier jour de tournage pour nous. On ne s'est pas vu avant. Et ça a été montré dans le film, la première rencontre..

Ça fait quoi?
En tant qu'actrice, tu dois vraiment essayer de trouver ta place et te mettre à l'aise pour parler avec la famille. Je suis issue du théâtre, c'est pour cela, je pense que Kaouther a choisi deux comédiennes de théâtre. Nous sommes toujours dans l'improvisation et on travaille sur l'imagination. Jouer Rahma, la fille d'Olfa devant la maman qui plus est, était une grande responsabilité

En tant que femme artiste quel regard portez-vous sur cette histoire qui traite un sujet bien délicat en rapport avec la femme, du tabou de son corps, sa relation aux autres dans nos sociétés conservatrices?
En tant que femme, je dirai que je voulais vraiment jouer dans ce film car je partage des points en commun avec Rahma et Rofran, même si je ne suis pas radicalisée comme elles, mais à l'âge de 15 et 16 ans, on cherche toutes nos identités. J'étais un peu comme elles, j'écoutais par exemple le death métal. Quand la révolution tunisienne est arrivée, de nombreuses femmes se sont tournées vers les frères musulmans. C'était le vide après la révolution. Je voulais aussi comprendre pourquoi elles ont été vers cet extrême- là. J'ai accepté de jouer dans ce film, vraiment pour comprendre ces gens, leur mentalité et me départir des préjugés, car, quand on parle des terroristes on a toujours peur, mais à l'âge de 15 ans, ce n'est pas évident. Mais quand on y réfléchit bien, on trouve les causes, les traumas intergénérationnels, le patriarcat... la société, du monde arabe, de façon générale, dans laquelle on vit,, est masculine. Le film a touché y compris les sociétés occidentales car il aborde un sujet universel me semble t-il en abordant la question de la femme...

Parlez- nous un peu de vous et de votre travail en Tunisie?
Je travaille en Tunisie dans une ONG, avec les Nations unies, mais en tant qu'artiste, je dirai que ma situation est moyennement bonne. Ça va...sinon je suis comédienne de théâtre et c'est le premier rôle que j'endosse au cinéma.

Votre film a franchi de nombreuses étapes, de Cannes l'année dernière, aux Césars cette année jusqu'à son arrivée aux Oscars, ça représente quoi pour vous?
C'était incroyable pour moi, waw! Je ne sais pas si je vais pouvoir faire autre chose dans ma vie aujourd'hui, qui atteindra à nouveau les oscars. C'est vraiment une grande responsabilité pour moi en tant qu'actrice. En tant qu'artiste, je suis très fière du film, de la famille qui a osé parler, de la réalisatrice kaouther, c'est notre fierté tunisienne. Pour nous c'est son deuxième film tunisien qui est proposé et porté aux Oscars. Inchallah on verra tout le cinéma arabe, l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Libye dans les grands événements et festivals internationaux car ce sera une fierté pour le monde arabe.

D'autres projets en cours?
Oui j'ai un projet de long métrage en Tunisie avec un réalisateur grec qui aime la Tunisie et veut faire un film en Tunisie et en tunisien et j'envisage aussi de jouer bientôt dans un court métrage en Egypte aussi.

 

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