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Avant-première de «Winna» à la Cinémathèque algérienne

Fantasmagorie d’une rencontre déchue

Un film où il n’ y a pas beaucoup de dialogues, mais dont l’accent est beaucoup plus porté sur le décor, les accessoires et par ricochet sur l’atmosphère qui s’en dégage…

La semaine du court métrage se poursuit au niveau de la cinémathèque d'Alger, sise à la rue Larbi Ben- M'hidi. Samedi dernier, c'était le tour du très beau et à la fois énigmatique court métrage «Winna», (l'autre en tamazight) d'Arezki Larbi, d'être présenté en avant-première. Un premier film et de surcroit «expérimental» réalisé par l'artiste peintre, lu-même scénariste, qui a adapté une de ses nouvelles, issues d'un recueil de nouvelles sorti en 1991, sous l'intitulé de «L'amour qui n'existe pas».
Un film où il n' y a pas beaucoup de dialogues, mais dont l'accent est beaucoup plus porté sur le décor, les accessoires et par ricochet sur l'atmosphère qui s'en dégage.
En effet, le film s'ouvre sur un jeune homme qui dort. Il est réveillé par une voix féminine qui veut le rencontrer dans un café à Bouzeguene. Le jeune homme met du temps avant de sortir.
La caméra insiste sur son visage, ses mimiques, sur ses instants de préparation, mais elle fait souvent des travelings sur l'intérieur de cette maison qui respire l'art et la culture, truffée qu'elle est, de vieux tableaux, de bibelots y compris des documents en lien avec le cinéma amazigh...Sur une des photos accrochées au mur, on aperçoit d'ailleurs, le jeune homme alias Arezki Larbi.
En effet, le réalisateur a choisi bizarrement de donner son nom à son personnage. À ses côtés, sur le mur, on aperçoit également la photo d'une femme comme sortie d'une autre époque...Mais on devinera à la fin qui elle est. Ou pas!
Mohia en filigrane
Or, nous sommes bel et bien dans le monde contemporain comme en témoigne, par exemple, le portable que tiendra le personnage, dans sa main au tout début du film..Aussi, avant d'arriver au café, nous voyons ce dernier traverser la rue, s'arrêter par moments pour prendre des photos...Puis, arrivé enfin au fameux café!Nous sommes transposés d'un coup dans un ancien temps.
Le café est appelé Sarah Bernhardt au nom de cette fameuse actrice française, considérée comme une des plus grandes tragédiennes françaises du xixe siècle. Arezki Larbi s'assoit à une table où le nom de Kateb Yacine y fait référence. Ce célèbre écrivain venait-il s'asseoir là-bas en vrai? On ne le sait pas.
À côté de sa table, un homme habillé à l'ancienne, est complètement absorbé par son cahier sur lequel il écrit frénétiquement... Il est campé par le journaliste et artiste Farid Louma, ancien chanteur du groupe de rock T34.
Un autre homme assis à gauche d'Arezki Larbi fait tourner inlassablement sa cuillère dans sa tasse de café. Jusque-là, bien que la mise en scène reste insolite, tout va bien.
Les choses vont à nouveau basculer quand Arezki Larbi verra son double entrer au café, s'asseoir. Puis de refaire les mêmes gestes que lui: commander un café, prendre un livre et lire...
Entre le passé et le réel
Et quand viendra la femme du téléphone, merveilleusement bien interprétée par Amira Hilda -ravissante dans son costume d'époque- il s'en ira avec elle...
À ce moment-là, l'homme à la cuillère d'a côté se met à ricaner et se moquer d'Arezki Larbi, avant de se mettre à observer son double, à son tour....
Le film se referme comme il s'est ouvert, c'est-à-dire avec un gros plan sur les deux portraits accrochés au mur et là...
La photo de la femme apparait brusquement sous ses vrais traits...Ou quand le réel se confond avec l'imaginaire, ou le passé avec le présent. Tout compte fait, posons-nous la question: «Et si, tout ceci n'était-ce au fond qu'un rêve ou un phantasme? Celui de ce jeune homme qui est toujours endormi?
Un scénario fabriqué par lui-même à force de fréquenter peut-être ce lieu ayant appartenu à une femme aussi bien célèbre qu'inaccessible? Si l'on ne peut répondre par «oui» à cent pour cent, en revanche, ce dispositif scénographique
«théâtralisé», décliné dans sa version«fantasmagorique» devait être une aubaine pour le réalisateur, qui, sur le plan formel, nous a donné à voir, des tableaux cinématographiques esthétiquement fort appréciables. Pendant le débat, le réalisateur affirmera qu'il était imprégné de l'esprit de Mohia et son théatre dans sa façon de faire... De notre côté, on sort de ce film avec cette nette envie d'aller explorer ce café qui existe à Bouira et qui, d'après les descriptions, semble être une vraie caverne d'Ali Baba!

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